Le torchon brûle entre la Coalition spéciale des syndicats des enseignants pour la solidarité nationale(Cossesona) et d’autres qui n’en font pas partie. Le principal point de discorde est le montant retenu mensuellement sur les salaires des enseignants.
Pour ce consortium, la cotisation de 500 Fbu prélevée sur le salaire des enseignants est faite dans un esprit de solidarité nationale pour aider les plus nécessiteux. Ceux qui s’y opposent dénoncent une contribution obligatoire qu’ils qualifient de vol, de détournement de fonds. Ils estiment qu’ils sont saignés à blanc. «Nous contribuons aux élections, nous cotisons à l’INSS et la Mutuelle de Fonction Publique, etc. Pas question de continuer, de toucher encore une fois à notre salaire. »
La détention dans les cachots de deux leaders syndicaux qui s’opposent à la logique de Cossesona envenime la situation. Gérard Niyongabo, représentant national du Syndicat des enseignants et professionnels de l’éducation (SEPEDUC) et Antoine Manuma, représentant national du syndicat SYGEPEBU (Syndicats général des enseignants et des professionnels de l’éducation du Burundi) sont accusés d’« imputations dommageables. » Leurs sympathisants dénoncent une intimidation, une politisation, une immixtion des pouvoirs publics, une discrimination antisyndicale. Pour eux, leurs chefs seraient plutôt victimes d’une pétition qui se faisait signer par des enseignants pour dire non au retrait forcé des 500 francs par mois sur les salaires.
Un syndicat est une association de personnes dont le but est de défendre les droits et les intérêts sociaux, économiques et professionnels de ses adhérents. L’adhésion est libre et volontaire, c’est un choix. On s’y affilie sans crainte d’intimidation ou de représailles pour améliorer les conditions de travail.
Contribuer à la solidarité nationale est une bonne action, un acte patriotique. Mais cela doit se faire dans un cadre approprié, avec le consentement des concernés. Le caractère obligatoire ne doit pas être ressenti. Au Burundi, l’enseignement est le principal secteur de la fonction publique qui compte le plus d’employés. Sa gestion exige une sagesse, un grand sens de responsabilité. Les syndicats ne devraient pas s’engager dans un bras de fer qui risque de faire trembler les murs de l’institution. Qu’ils privilégient le dialogue social, la concertation. Je salue et encourage la Commission nationale indépendante des droits de l’Homme, Cnidh, qui s’est saisie du dossier, qui écoute les parties en conflit pour trouver un terrain d’entente, sortir de l’engrenage afin de ne pas s’engouffrer dans un tunnel sans issue. Coup de chapeau ! Que d’autres institutions lui emboîtent le pas.