Alors qu’elle était la 2ème source de devises pour le pays, après le café, la culture du coton semble être négligée aujourd’hui. Certaines réserves cotonnières sont convoitées pour d’autres cultures ou d’autres activités au détriment du coton dont la production dégringole progressivement chaque année. La Compagnie de Gérance du Coton (COGERCO) est aux abois.
<doc2446|left>Selon les statistiques de la Cogerco, les superficies pour cultiver du coton sont passées de 6664 ha à 2400 ha en 25 ans (de 1986 à 2011). Plusieurs localités de la plaine de l’Imbo (de la province Cibitoke à celle de Bururi, à Rumonge) qui avaient des plantations cotonnières, sont aujourd’hui occupées par des constructions ou d’autres cultures. On peut citer certains quartiers de la ville de Bujumbura : Gasekebuye, Kinanira, Musaga etc, Ces nouveaux quartiers où poussent de très belles maisons, étaient des champs de coton il y a seulement trois ou quatre ans.
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{La culture du coton a été introduite au Burundi dans les années 1920 pour être pratiquée exclusivement dans la région naturelle de l’Imbo. Après l’indépendance, la pratique obligatoire de la culture du coton a été maintenue dans l’Imbo compte tenu des besoins en devises du pays et des résultats intéressants obtenus.
La culture cotonnière a été implantée dans le Mosso au cours des années 1980 dans le but d’accroître les recettes en devises. Le 5ème plan quinquennal de développement avait assigné à la Cogerco un objectif de production de 12.000 tonnes de coton graine. Ce niveau n’a jamais été atteint et la production a culminé en 1993 avec 8812 tonnes. La crise politique qu’a connue le pays au cours des années suivantes a provoqué un abandon progressif de la culture du coton au profit des cultures vivrières ainsi que la chute de la production.}
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Des personnes interrogées affirme avoir abandonné la culture du coton parce qu’elle n’est plus rentable : « Comparée à d’autres cultures, elle nécessite beaucoup de travaux d’entretiens. De plus, le coton prend une longue période avant la récolte. On peut récolter deux fois de suite le haricot avant que coton n’arrive à maturité », précise Jean Bosco Ndayirukiye, un ancien cultivateur du coton. Pour lui, vaut mieux semer le haricot que le coton : « Sur une superficie de 7 ha, je ne pouvais avoir que 3 tonnes pour 200Fbu le kg. Or, en cultivant le haricot, je peux récolter plus et un kg coûte autour de 800Fbu. »
Le coton malgré tout
Pour Gilbert Madodo, un cultivateur de Gihanga, le coton est une culture très importante : « Je vais continuer à le cultiver. C’est grâce à lui que je parviens à acheter du matériel scolaire à mes enfants et à payer leurs frais de scolarité. » Avant d’ajouter que la récolte arrive au mois d’août au moment où les autres cultures ne sont pas encore prêtes pour être récoltées. M. Madodo espère bien gagner beaucoup dans les années à venir et encourage d’autres cultivateurs : « La Cogerco nous a donnés d’autres variétés de cultures et nous espérons avoir de meilleurs rendements prochainement. »
La Cogerco risque de tomber en faillite
La direction de la Cogerco déplore la disparition continuelle des terrains qui étaient réservés à la culture cotonnière et se soucie beaucoup de l’avenir de cette entreprise : « Si les étendues cultivables continuent à diminuer, la production ne permettra pas à notre entreprise de survivre », craint Arthémon Ntirandekura, directeur agronomique de la Cogerco.
En 1986 la production était de 7895 tonnes de coton graine et en 2011 elle s’élève seulement à 1889 tonnes. M. Ntirandekura indique que l’Etat a confisqué une grande partie des terrains cotonniers sans toutefois donner de compensation : « La pérennisation de la Cogerco sera possible une fois que l’Etat nous aura donné d’autres terrains adaptés à cette culture. Mais également il faut qu’il assure la protection de terrains existants. »
Des stratégies sont déjà mises en place
Pour assurer sa propre survie, celle des cultivateurs du coton et rester utile pour le pays, la Cogerco essaie de donner des crédits agricoles aux cultivateurs mais également, elle a déjà apporté d’autres variétés de semences estimées très productives : « Cette année, nous pensons que, malgré la rareté des terrains, les rendements vont augmenter car les nouvelles variétés pourront donner 4 tonnes/hectare alors que l’ancienne ne pouvait rapporter qu’1tonne/hectare. Nous projetons à 400FBU le prix d’un kilo au producteur, pour l’année 2012. Il était à 350Fbu l’année dernière ».