Certains groupes de gens n’éprouvent aucune compassion envers des familles éprouvées. Que devrait être l’attitude et message dans pareille situation ? Jérôme Niyonzima, journaliste œuvrant dans le domaine de la résolution des conflits tente de nous éclairer.
« Aucun un motif valable dans le monde encore moins au Burundi ne peut justifier le fait de se réjouir des malheurs des autres surtout quand des familles sont éprouvées. Célébrer la mort d’un humain ou malheur qui arrive à certains, risque d’être un piège pour ceux qui le font. Demain au lieu de trouver des solutions à vos conflits, ils ne pourront que s’aggraver», observe Jérôme Niyonzima, journaliste œuvrant dans le domaine de la résolution pacifique des conflits.
Pour lui, cette situation s’explique par un développement des antivaleurs. C’est la non-observation des valeurs intrinsèques à la culture et la tradition burundaises ainsi qu’à l’humanité en général. « Autant les hommes sont diversifiés, autant leurs esprits sont diversifiés. Le fait de se réjouir des malheurs des autres ou montrer la fierté quand les autres perdent les leurs émane d’un manque d’humanité, c’est un esprit contraire aux valeurs universelles».
L’humanité, fait savoir M.Niyonzima, exige la compassion et solidarité avec ceux qui souffrent et la réjouissance avec ceux qui sont dans le bonheur. Cette vertu consolide la cohésion sociale et suppose le respect de la dignité.
Quels risques ?
Pour Jérôme Niyonzima, ces antivaleurs ont des conséquences sur la cohésion sociale. Il parle d’abord des répercussions sur l’éducation des générations futures : « Ces jeunes enfants qui grandissent dans un climat où les gens n’ont plus besoin de compassion risquent de croire que cette manière de vivre est une valeur. Mais c’est une antivaleur. Ils risquent de considérer les autres comme des sauvages.»
Ensuite, il estime que la gestion du conflit du passé non résolu entre les communautés risque de se compliquer : « Les membres de groupes antagonistes peuvent se déshumaniser, se considérant mutuellement comme des sauvages. A ce stade, il est très facile de s’éliminer physiquement. » Et de mettre en garde : « La situation dégénère jusqu’au massacre entre groupes.»
Ce journaliste œuvrant dans le domaine de la résolution pacifique des conflits prône la décence telle qu’elle est défendue par les convenances ou les règles de la société. « Même l’annonce d’un décès exige des termes spécifiques pour ne pas blesser la famille éprouvée. Il a rendu l’âme, il est parti tôt, il est dans l’Au-delà comme si il n’était pas mort. C’est une façon d’atténuer la douleur». Et d’insister sur le respect des valeurs de solidarité, l’humanité et la pudeur.