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Melchior Ndadaye, 19 ans après : où est son héritage ?

05/05/2013 Commentaires fermés sur Melchior Ndadaye, 19 ans après : où est son héritage ?

C’est ce lundi 22 octobre que les Burundais ont célébré le 19ème anniversaire de la mort de Melchior Ndadaye, héros de la démocratie. Après tout ce temps, son rêve d’un Burundi nouveau marqué par l’égalité de tous devant la loi, n’est pas encore une réalité. Le chantier reste vaste, constatent plus d’un.

<doc5683|left>Une messe à la Cathédrale Régina Mundi célébrée par Mgr Evariste Ngoyagoye, archevêque de Bujumbura, a marqué le début des cérémonies.
Partant de l’histoire biblique de Joseph vendu par ses frères, il signale, dans son homélie, que Dieu peut transformer le mal en une source de joie. Il invite les Burundais à tourner la page et à oser dire la vérité sur ce qui s’est passé. C’est de cette façon, poursuit-il, que le pays va sortir des traumatismes causés par ses passés très obscurs. Il demande aussi aux Burundais d’oser demander pardon et de pardonner comme Joseph l’a fait pour ses frères qui l’avaient vendu.

Après cette prière, les festivités ont continué sur la place où a été enterré le héros de la démocratie avec les autres personnalités assassinées avec lui. Après le dépôt des gerbes de fleurs, la foule a écouté le discours que le président Ndadaye Melchior a prononcé après la victoire du parti Sahwanya-Frodebu, le 1er juin 1993.

Dans son intervention, le président Ndadaye soulignait que la victoire de son parti était aussi celle de la démocratie et de toute la population. Il demandait à tous les Burundais de rester unis et solidaires et d’être au-dessus des différences politiques et de partager la joie : « Les vainqueurs comme les vaincus sont des enfants du pays. »

« Ses compagnons de lutte n’ont pas suivi sa vision »

Sous couvert d’anonymat, un homme de 46 ans, natif de la commune Ndava dans la Province Mwaro, affirme que Melchior Ndadaye luttait pour l’égalité de tous les hommes. Malheureusement, regrette-t-il, il n’a pas pu réaliser son rêve car il a été aussitôt assassiné.

Après sa mort, précise-t-il, la situation a évolué de mal en pis. Il déplore que même ses compagnons de lutte n’aient pas suivi sa vision. Car, explique-t-il, son parti a été scindé en ailes par ceux qui devraient y maintenir l’unité. « S’il revenait, il ne trouverait pas le parti Sahwanya-Frodebu uni », indique-t-il.
Cet homme reconnaît cependant quelques avancées au niveau démocratique même si le respect des droits de l’Homme n’est pas encore réel.

En ce qui concerne les équilibres au niveau des forces de l’ordre, il signale qu’il y a un léger mieux, même si les quotas ne sont pas de l’ordre 50% pour toutes les composantes, surtout ethniques, du pays.

« Les assassins du président Melchior Ndadaye sont bien connus »

Présent dans ces cérémonies, l’ancien président de la République et compagnon de lutte du héros de la démocratie, Sylvestre Ntibantunganya, souligne que les assassins du président Ndadaye et ses compagnons, sont bien connus : « Que personne ne se trompe pas sur ce cas. Les planificateurs et les exécutants sont bien connus. Il reste au pays d’orienter cette affaire et voir comment on doit trancher. »

Selon lui, la mort du président Ndadaye a entraîné des crimes plus atroces que ceux de 1972. Cela a engendré une succession de crimes et on a ouvert la porte à la misère, à la pauvreté contrairement à la crise de 1972 qui était orienté vers une ethnie déterminée et une catégorie de gens. Selon lui, il est urgent que la vérité soit connue pour reconstruire le pays.

Le président Ntibantunganya affirme que l’héritage du feu Melchior Ndadaye a été suivi même si un pas reste à faire. Par exemple, M. Ndadaye prêchait un dialogue permanent entre les Burundais. Mais aujourd’hui, on remarque que ce dialogue n’y est plus. « Bref, le contenu du discours de Melchior Ndadaye, reste d’actualité et son programme est toujours en chantier et doit inspirer les décideurs », conclut-il.

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