Les rideaux sont tombés sur le projet ’’Média pour le dialogue’’ pilotée par l’ONG d’appui aux médias, La Benevolencija. Mais ce n’est qu’un round, pour la prochaine étape, ce projet va se diversifier et s’étendre.
Selon le chef de mission de La Benevolencija, ce projet a apporté sa contribution dans l’amélioration de la stabilité et de la coopération régionale tout en favorisant la cohésion sociale, l’établissement de la confiance au sein des communautés transfrontalières au Burundi, au Rwanda et en République Démocratique du Congo.
« Les gens ont pu se parler au-delà du lac Tanganyika, de la Rusizi et de la Kanyaru. Difficile à dire que ce projet a changé quelque chose, mais chaque partenaire a joué sa partition », a fait savoir Nestor Nkurunziza.
Les objectifs visés par ce projet étaient entre autres la réduction de l’instrumentalisation des communautés dans la région, l’augmentation du pluralisme des médias et la diffusion des informations neutres et fiables tout en luttant contre les messages de haine.
Avec le transnationalisme, fait remarquer le politologue Guillaume Ndayikengurutse, il y a renforcement des liens entre les personnes, les communautés et les sociétés au-delà des frontières, modifiant le paysage social, culturel, économique et politique des sociétés d’origine et de destination. « Mais l’individu n’est pas seulement vecteur de paix, il peut être acteur de violence dans différents flux ».
Ce politologue s’est exprimé sur les opportunités économique et les enjeux régionaux notamment la question des réfugiés, ’’une bombe à retardement’’. Selon lui, le rapatriement n’est pas la seule solution, il faut envisager la délocalisation ou l’’intégration locale en élargissant le champ de réflexion sur cette problématique.
D’après Nestor Nkurunziza, la synergie entre les médias la participation des autorités et des agents de sécurité a contribué dans la diminution progressive des messages de haine : « Grâce aux médias, les populations du Rwanda, du Burundi et de la RDC ont pu casser certains stéréotypes et ont su garder des relations ».
C’est avec beaucoup d’émotions que l’ambassadeur Vestine Nahimana, présidente du Conseil national de communication qui a vécu dans les trois pays au moment où ils étaient en pleine crise, a appelé les médias à tout faire pour que cessent les migrations forcées, les messages de haine. « Il faut que les médias jouent leur rôle de manière correcte et qu’il y ait une ligne rouge à ne pas franchir ».
Ces mots ont suscité une réaction du porte-parole du ministère de l’Intérieur, Pierre Nkurikiye. Pour lui, « il faut que les médias en 2025 fassent leur travail dans le strict respect des règles de l’art pour nous éviter ce qui s’est passé en 2015 ».
« Garder la cohésion entre les populations à tout prix »
Selon Mme Libérate Nakimana, président du Cenap, le Centre d’Alerte et de Prévention des Conflits, même s’il y a des tensions entre nos pays, les médias et la société civile ont tout fait pour que la cohésion entre nos populations reste une réalité.
« Si les institutions étatiques entament seules des efforts de recherche de la paix et de cohésion sociale, sans implication des autres acteurs comme la société civile, le processus tient difficilement », fait savoir la présidente du Cenap, tout en insistant sur le dialogue entre différents acteurs.
D’après Abbas Mbazumutima, directeur des rédactions au Groupe de Presse Iwacu, les médias ont le devoir d’encourager différents protagonistes à privilégier le dialogue, des messages de paix et de réconciliation. « Ils ont amené différents acteurs à dialoguer, à envisager l’avenir ensemble sur des bases négociées et convenues. La paix, c’est comme le tango, elle se danse à deux, il faut avoir les deux sons de cloche ».
Quand il a pris la parole, le représentant du Centre Jeune Kamenge, l’Abbé Aimé Irakoze a mis l’accent sur le rôle de la jeunesse qui souvent se retrouve instrumentalisée et manipulée. Selon lui, il faut que les jeunes mis en avant dans la stabilisation de la paix. « L’homme donne ce qu’il a et ce qu’il est », a-t-il prêché.
Justement, le chef de mission à La Benevolencija a souligné le rôle de l’administration dans le traitement de certaines thématiques comme la manipulation, un domaine assez important surtout dans cette sous-région en proie à des violences parfois téléguidées, parfois manipulées par des paroles ou par des actes impliquant les jeunes fanatisés.
Selon Nestor Niyonkuru, le rôle des médias est prépondérant dans la lutte contre les messages de haine : « Ils s’évaporent petit à petit et à travers les médias, certaines autorités ont impulsé un mouvement de rejet de toute violence, même si sur les réseaux sociaux, ces messages persistent ».
Et dans la nouvelle version du projet ’’Médias pour le Dialogue’’, confie-t-il, il est prévu de se focaliser sur les réseaux sociaux, étendre le partenariat, créer des synergies et des rencontres entre les journalistes de la sous-région pour qu’ils puissent voir comment améliorer leur contenu et éradiquer les violences sur les réseaux sociaux.
Pour le chef de mission de l’ONG d’appui aux médias, La Benevolencija, le travail à venir sera essentiellement orienté vers les jeunes. « Ils sont les premiers à être empoisonnés et en retour ils empoisonnent les autres ».
Signalons que les cérémonies de clôture du projet ’’Médias pour le Dialogue’’ a vu la participation de plusieurs personnalités notamment les responsables des médias, la présidente du CNC, les gouverneurs des provinces frontalières avec les 3 pays, le représentant des ONG nationales au ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération au Développement.