D’après l’avocat d’Hussein Radjabu, il est incompréhensif que son client reste en détention alors que ses coaccusés ont été relâchés. Il estime que le pouvoir le maintient en détention parce qu’il le craint.
<doc5555|right>{Pourquoi plaidez-vous aujourd’hui pour la libération de M. Radjabu alors qu’il n’a pas encore purgé sa peine ?}
Mon appel est motivé par deux raisons. Mon client a été condamné à 13 ans mais il a déjà fait cinq ans. En principe, cela suffit pour justifier sa libération conditionnelle comme le ministre de la Justice et le président de la République lui-même l’ont décidé. Le Code pénal en ses articles 127 jusqu’à 134, est clair. A partir du moment où un condamné a déjà purgé le ¼ de sa peine et s’est comporté convenablement, il a droit à cette liberté avant l’expiration de sa peine. Or, Hussein Radjabu va commencer sa sixième année. Sous peu, il aura fait la moitié de sa peine.
En outre, il y a contradictions entre les décisions et les mesures prises à l’endroit de deux des coaccusés de M. Radjabu à savoir Pasteur Mpawenayo et Jean Bizimana. Le premier a été acquitté alors que pesaient aussi sur lui les accusations à l’encontre d’Hussein Radjabu. Ils avaient même été déférés devant les mêmes juges. En plus, M. Mpawenayo était accusé d’avoir coprésidé la fameuse réunion du 31 mars 2007 au cours de laquelle le ministère public prétend qu’il y aurait eu préparation du complot. Si M. Mpawenayo a été acquitté, les charges qui pèsent sur M. Radjabu sont nulles.
Pour le second, dans le cadre de la même affaire, il a comparu devant les mêmes juges et a écopé d’une peine de dix ans. Arrêté deux ans après l’arrestation d’Hussein Radjabu, il a aussi été relaxé. Qu’est-ce que la justice attend pour agir ainsi pour le cas de M Radjabu ?
{D’après vous, pourquoi ces contradictions ?}
Il y a derrière tout cela des mobiles politiques. Si le pouvoir s’adonne à une discrimination, il sera en train de commettre l’irréparable. En matière judiciaire ou du droit, la notion de « précédent » est importante dans la mesure où elle constitue une référence juridique à laquelle les juges pourraient faire appel. Surtout que le Burundi s’achemine vers l’intégration judiciaire de la Communauté Est Africaine.
{Qu’est-ce qui vous montre qu’il s’agit de mobiles politiques ?}
Le fameux dossier concernant sa déposition de la présidence du parti Cndd-Fdd n’a jamais été programmé pour débat à la chambre de Cassation de la Cour Suprême. Vous comprenez que c’est une façon de le maintenir là pour qu’il ne gêne pas le pouvoir.
{D’après une opinion, il y aurait un deal conclu entre eux et le pouvoir pour qu’ils soient relâchés. Qu’en savez-vous ?}
Je n’ai aucune information. C’est peut être une façon de contraindre Hussein Radjabu à faire amande honorable.
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{Hussein Radjabu, ancien homme fort du CNDD-FDD, a été arrêté le 27 avril 2007. Il a été accusé d’atteinte à la sécurité de l’Etat et outrage au Chef de l’Etat. Alors qu’il lui aurait été demandé de demander pardon le président de la République pour qu’il soit libéré, ce dernier aurait refusé. Selon son avocat, son procès a suivi une procédure viciaire. Même les juges, explique Me Niyoyankana, ont affirmé qu’il y a eu subornation des témoins principaux à savoir Jean Nkundabagenzi et Pascal Ntakarutimana. « En témoigne leur recrutement au Service National de Renseignements, le 19 octobre 2007 », explique Me Prosper Niyoyankana. }
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{Qu’en est-il des conditions qui seraient exigées à votre client pour qu’il soit libéré ?}
A moins que ce soient des contacts informels, il n’y a pas eu de conditions autres que celles prévues par le Code pénal.
{Pensez-vous que le contexte politique du moment est favorable à la relaxation de votre client ?}
Le pouvoir est lui-même conscient que le député Hussein Radjabu a été illégalement arrêté et détenu pour des besoins du pouvoir. Le pouvoir le libérera un jour. J’en suis certain. Hussein Radjabu a déjà rempli les conditions exigées par la loi. Il reste l’une des plus grandes figures du Cndd-Fdd. C’est pourquoi le pouvoir a peur de lui. De surcroît, il est le père du Cndd-Fdd et l’artisan de sa victoire électorale. Quand un enfant commet une faute à l’égard de son père, c’est tout à fait normal qu’il ait peur de lui. C’est plus par peur des fautes qu’ils ont commises à son endroit qu’ils refusent de le libérer.