Me Isidore Rufyikiri : trois pistes pour tenter de faire échec à la décision de sa radiation

Me Rufyikiri, dans la conférence de presse qu’il a animée ce mercredi 29 janvier, a révélé trois scénarii pour contrer la décision de la Cour d’appel. Il était entouré de six sur les neufs autres membres du conseil de l’Ordre des avocats. C’était dans la salle de conférence du barreau de Bujumbura.

La première voie est l’opposition. Me Rufyikiri pourra s’appuyer sur l’article 72 de la loi régissant la profession d’avocat. La défense fera prévaloir son absence ainsi que celle de leur client à l’audience publique au moment où le dossier a été entendu sur le fond. Ils auront huit jours pour formaliser cette opposition. Me Isidore Rufyikiri pourra aussi interjeter appel conformément à l’article 73 de la même loi.
Motif : la cour d’appel n’avait compétence que de le juger en second ressort. L’appel devra être formalisé endéans 15 jours à compter du jour du signifié du jugement.

Enfin, le bâtonnier aura 30 jours pour se pourvoir en cassation conformément à l’article 77 de la loi susmentionnée.
A part ces voies internes, le bâtonnier peut saisir les juridictions régionales et internationales. Sur ce, il a indiqué que la East Africa Law Society (EALS) planche déjà sur son cas et sur bien d’autres encore où l’Etat burundais est indexé.

Des magistrats « hors plaque »

Un peu avant la conférence de presse , la porte-parole de la Cour suprême avait indiqué que le ministère public a été obligé d’agir contre le bâtonnier comme le Conseil de l’Ordre des avocats avait refusé de donner suite à deux correspondances de demande de sanctions disciplinaires contre Me Rufyikiri.
Mais l’intéressé s’insurge d’abord contre l’arbitraire du parquet général de Bujumbura qui l’a traduit en justice pour une affaire disciplinaire alors qu’il s’exprimait, non comme avocat privé ou comme avocat-conseil d’un client, mais comme bâtonnier.
Il stigmatise ensuite « un jugement rendu par des juges inspirés par la nervosité et par la haine politique et ethnique ». « Sinon, comment expliquer cette redondance dans le prononcé du jugement, où le juge a tenu à préciser que la décision de ma radiation est immédiatement exécutoire, quand on sait que des décisions rendues en matière disciplinaire sont d’office exécutoires », observe-t-il. Il affirme que son cas ressemble mutatis mutandis à celui de Frédéric Bamvuginyumvira et à bien d’autres cas de prisonniers d’opinion. « Ce sont des jugements militants, rendus par des juges militants, imbibés de haine », déplore-t-il.

Il s’apitoie sur le sort des juges « tellement serviles qu’ils n’hésiteraient même pas à prononcer des décisions de peine de mort contre eux-mêmes, si cela leur était demandé», a-t-il ironisé. Sur ce, il plaint le fait que ce soit le ministère de la justice qui recrute les magistrats.

Contre les brebis galeuses

Me Rufyikiri met en demeure « les avocats corrompus qui se cachent parmi eux pour jouer le jeu du diable » car, il dit avoir des preuves qu’ils travaillent pour la déstabilisation du barreau.
L’homme qui se dit toujours avocat et bâtonnier de Bujumbura (parce que le jugement ne lui a pas encore été signifié) dit qu’il continuera à mener des activités en rapport avec le droit puisqu’avant d’être bâtonnier et avocat, il est avant tout juriste. Il a annoncé aussi qu’il continuera de s’exprimer sur les questions politiques et sociales du moment car la Constitution et d’autres textes légaux garantissent la liberté d’opinion et droit d’expression pour tout citoyen.