Me Evrard Giswaswa, l’ancien maire de la ville de Bujumbura et actuel directeur général de la compagnie Air Burundi est à la prison centrale de Mpimba depuis ce lundi 11 mars 2013. Il est accusé de complicité de gestion frauduleuse, prise illégale d’intérêt et concussion dans l’enquête sur l'[incendie du marché central de Bujumbura->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?rubrique77].
<doc7374|right>S’il y avait un thermomètre de l’opinion burundaise, un record aurait certainement été pulvérisé hier soir. Une information qui a fait l’effet d’une d’une bombe à Bujumbura, sur les réseaux sociaux, les appels, les messages téléphoniques relayant l’impensable : à 17h locales, alors que les familles qui sont venues voir les leurs commencent à rentrer, deux pick-ups font irruption devant les hauts murs de la bâtisse de Musaga. Un de la police et un autre du parquet en mairie de Bujumbura. Une vingtaine de policiers débarque, apportant le nouveau locataire des lieux : l’ancien maire de la ville de Bujumbura, Me Evrard Giswaswa.
Les personnes présentes sur les lieux n’en croient pas leurs yeux. Le nouveau locataire reste dans la voiture du parquet pendant quelques minutes. Il est en train de donner des coups de fil. Mais pas pour longtemps. Il est vite débarqué de la voiture et dans la foulée, son téléphone est confisqué. Un des policiers qui était de garde lui explique les règles du jeu qui prévaut à Mpimba. L’ancien avocat semble être dépassé par les évènements. Puis, accompagné des gardiens, Evrard Giswaswa fait ses premiers pas dans la prison centrale.
Mais comment s’est-il retrouvé là ?
Après l’euphorie à l’annonce de la nouvelle, c’est la question que se sont posées les citadins, [le forum du site Iwacu s’enflammant même->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article5023], c’est peu dire, pour une histoire de mobile ethnique derrière l’arrestation.
Me Evrard Giswaswa a été arrêté par la Commission d’enquête sur l’incendie du marché central de Bujumbura. Selon les informations recueillies auprès de l’Aprodh, sur son mandat d’arrêt était mentionné "Complicité à la gestion frauduleuse du marché central de Bujumbura."
Ainsi, il y aurait environ 1000 places installées illégalement dans ce marché et dont la gestion était floue : "On ne connaissait pas la destination de cet argent" fait-on remarquer. Pour rappel, Gloriose Berahino, présidente de la commission des affaires sociales à l’Assemblée nationale s’était plainte, en début du mois en plénière sur le fait que "l’effectif des commerçants de l’ancien marché central de Bujumbura ne soit pas connu alors que les bureaux de la Sogemac n’ont pas pris feu."
Et à l’OBR d’apporter plus de précisions : "Seuls 520 commerçants étaient connus, sur 2500 stands. Les recettes du marché central n‘étaient pas fameuses non plus : à peine 4 millions de Fbu par trimestre!" [soulignait le patron de l’Office lors de son dernier café-presse->http://iwacu-burundi.org/spip.php?article4842].
Or la gestion de ces stands dépendaient aussi de la Mairie …
De quoi avoir des conséquences lors de l’incendie du marché : [même si l’origine de l’incendie est accidentelle->http://iwacu-burundi.org/spip.php?article4910] selon un rapport des experts de la police scientifique française, il n’en demeure pas moins que la surabondance des stands au sein du marché central a considérablement gêné la progression des sapeurs-pompiers le 27 janvier dernier : "Nos sapeurs pompiers ont été obligés de démolir certains stands pour se frayer un chemin. Ils n’ont presque pas avancé et les jets d’eau se faisaient de l’extérieur", [regrettait le directeur général adjoint de la Police de protection civile.->http://iwacu-burundi.org/spip.php?article4738]
Y’aura-t-il d’autres têtes qui vont tomber d’ici le 27 mars, jours de remise du rapport sur [la catastrophe->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article4684] ?
On attend …
