Pour Me Gabriel Sinarinzi, la mort de Mukono va enliser le dénouement du dossier des 37 personnes massacrées à Gatumba. Toutefois, il demande la comparution inconditionnelle des responsables des forces de l’ordre qui étaient sur place au moment de l’attaque.
Comment évolue le dossier des massacres du 18 septembre 2011 à Gatumba ?
L’hécatombe de Gatumba n’a pas encore connu ses auteurs, co-auteurs, commanditaires et complices. Depuis que le dossier a été prononcé, il y a quatre mois, la copie du jugement n’a pas encore été dactylographiée. Donc, le procès n’a pas encore été signifié aux prévenus pour que nous fassions des recours.
Fait exprès ou non ?
Le Tribunal de Grande Instance (TGI) de Bujumbura accuse un manque criant de matériel. Nous sommes au courant qu’il n’est pas outillé, mais l’administration du ministère de la justice doit se ressaisir car nous avons attendu longtemps. Quatre mois, c’est trop.
Pour vous, que signifie la mort de Mukono, présumé auteur principal du carnage de Gatumba ?
Cela traduit la volonté du pouvoir de faire disparaître tous les éléments gênants. Ce n’est pas nouveau. Le dossier de Gatumba est une épine dans le pied du pouvoir. Alors qu’à l’audience, on nous parlait de l’implication à grande échelle d’un certain Mukono, il n’a jamais été inculpé. Le ministère public n’a même pas voulu l’assigner à domicile inconnu et le juger par défaut. Pourtant, il se promenait dans la réserve de la Rukoko sans être inquiété.
Voyez-vous des conséquences suite à la disparition de Mukono ?
Certainement, parce que Mukono connaissait très bien ce plan. Il a même participé dans son exécution, même s’il a interrompu son intervention en cours de route. Le pouvoir a toujours caché son rôle, c’est aussi pour cette simple raison qu’il n’a pas été mis sur la liste des accusés. La mort de Mukono va sans doute entraver et éloigner la découverte de la vérité. Cependant, tout un chacun sait que ce procès a été piégé d’avance. Les auteurs de ce crime de Gatumba ne sont pas ceux qui ont été cités devant le TGI de Bujumbura. Les inculpés sont des citoyens paisibles pris en vrac. Nous continuerons à clamer leur innocence.
Avez-vous l’espoir quant au dénouement du dossier Gatumba ?
Tant que les responsables des forces de l’ordre qui étaient sur place au moment de l’attaque au bar « Club des amis » ne comparaissent pas devant les cours et tribunaux, la vérité ne verra jamais le jour, avec ou sans Mukono.