Les professionnels des médias déplorent que le projet de révision de la loi sur la presse se fasse pour le moment en catimini, au lieu d’une large concertation avec les différents partenaires intéressés. Le sujet était au centre de la deuxième partie de l’édition de l’émission Club de la presse le week-end dernier.
Assi, des craintes de régression par rapport aux progrès déjà enregistrés en matière de liberté de presse, information et expression ont été émises à l’occasion par les invités.
Pour le président de l’Union burundaise des journalistes(UBJ), Alexandre Niyungeko, « s’il fallait réviser cette loi, la partie la plus importante pour nous concerne la dépénalisation des délits de presse. Cela a été d’ailleurs l’une des grandes recommandations des Etats généraux de la presse qui ont eu lieu à Gitega. Pour le reste, ce que vous faites pour moi, sans moi est contre moi.(…) Dans l’Etat actuel des choses, je ne m’attends pas à des surprises des plus agréables et le conseil national de sécurité nous en a donné un avant-goût en demandant de manière expresse de revoir la copie de la l’actuelle loi sur la presse au lendemain des évènements sanglants de Gatumba.(…) Ce qu’il faut dire aux uns et autres, aujourd’hui, ce n’est vraiment pas le moment de retourner en arrière par rapport aux acquis en matière de liberté de presse et d’expression ici ou ailleurs. Nous sommes au service du public et c’est à lui d’apprécier. Au niveau de l’UBJ, on espère que le parlement n’acceptera pas qu’on puisse retourner en arrière.(..) Sinon, ce n’est pas trop tard et nous nous attendons toujours à ce que le gouvernement approche les professionnels des médias dans le cadre du processus de révision de la loi sur la presse au Burundi ».
Du point de vue de Gabriel Nikundana, journaliste indépendant, « Il ne faut peut-être pas désespérer. On pourrait avoir une surprise agréable. Mais à l’analyse du contexte actuel, il ne faut pas non plus verser dans un optimiste démesuré. Les associations des professionnels des médias doivent exiger un droit de regard tout le long du processus de révision de la loi sur la presse. C’est avant tout leur loi. Encore une fois, j’ose espérer que le gouvernement ne va pas faire marche-arrière sur les libertés de la presse, d’opinion et d’expression pour ne pas compliquer des choses déjà compliquées avec les médias. Le gouvernement n’ignore pas que les médias de la sous-région sont bien appréciés et il na faut pas contrarier cette trajectoire par le vote d’une loi liberticide ».
A la question de savoir si l’on peut s’attendre à une loi moins libérale que celle encore en vigueur, Didier Bukuru, du Journal Iwacu, a répondu que le climat tendu n’incite guère à l’optimisme. « Pourtant, si on y va logiquement et méthodiquement, les médias ont des propositions à faire valoir. Et puis, ce n’est pas, une fois de plus, le gouvernement qui doit apporter des amendements au projet de loi révisée, mais les professionnels des médias. »