Sept maisons déjà endommagées, manque de vivres et de terres cultivables tels sont quelques problèmes auxquels sont confrontés les déplacés de Mayengo-Cabara, zone Kwigena, province Rumonge. L’administration promet d’intervenir.
Au bord de la RN3 (Bujumbura-Rumonge), à 100 km, au sud du Burundi, se trouve un site de déplacés relocalisés. Ils y sont arrivés le 26 mars 2018 en provenance de Gitaza, commune Muhuta et Cashi, commune Bugarama. Ils ont été victimes de pluies torrentielles et d’éboulements qui ont emporté leurs maisons et leurs biens en mars-avril 2015.
Il est érigé sur une terre domaniale et s’étend sur une superficie de 7,5 ha. Il héberge 174 ménages, soit 14310 personnes. Ils dorment dans des maisonnettes construites en tentes sur des parcelles de 15 sur 20m.
Les conditions de vie de ces déplacés laissent à désirer. Certains dorment presque à la belle étoile. « Un vent violent s’est abattu dans cette localité. Une partie du mur de ma maison s’est écroulée. Le froid et le vent menacent mes enfants. Ils ont déjà des maladies de la peau », raconte Serges Ndayishimiye. En attendant, l’intervention des bienfaiteurs, il a remplacé la partie endommagée par une moustiquaire.
Généreuse Minani a une maison dont une partie du toit a été emportée par le vent. Démunie, elle manque d’argent pour acheter d’autres tôles. « Des moustiques nous piquent durant la nuit. C’est la porte ouverte au paludisme ».
S.G. est au lit. Une partie de son corps est paralysée. Lui aussi, une partie du mur est couvert par une moustiquaire. Il en appelle aux âmes charitables.
« Nos maisons ne sont pas en matériaux durables. Nous avons peur que le vent les emporte toutes », s’inquiètent Jean Marie Bigirimana et Diane Kwizera. Selon eux, l’endroit n’est pas rassurant. Il n’y a pas d’arbres. «Le vent fait trembler nos maisons. Nous réclamons la construction de maisons en matériaux plus résistants ».
Et la faim s’invita
Ces déplacés souffrent de la faim. Ils ne savent pas à quel saint se vouer. A leur arrivée, ils ont reçu de la part du PAM, un kit de trois mois. Mais depuis lors, cet organisme n’est plus revenu. Ce kit n’a duré au plus que deux mois.
Rémy Bitariho, responsable du site, tire la sonnette d’alarme : «Nous risquons de mourir de faim. Difficile de nouer les deux bouts du mois. Les conditions de vie deviennent intenables.» Auparavant, ils vivaient de l’agriculture. « Or, là où nous sommes, il n’y a pas d’espace cultivable ». Et de suggérer une solution : « Nous demandons des propriétés pour cultiver. Cela nous aidera à avoir de quoi manger.»
Si rien n’est fait, prévient-il, nos femmes et ou nos filles risquent de s’adonner à la prostitution. Et nos jeunes au banditisme ou à la débauche.
En outre, ce responsable signale aussi un problème de frais scolaires : « Nos enfants risquent d’être expulsés de l’école. Leurs parents sont démunis. » Et de réclamer la gratuité des frais scolaires pour ces vulnérables.
L’administration communale tranquillise
Célestin Nitanga, administrateur de la commune Rumonge, reconnaît les souffrances de ces victimes des catastrophes naturelles. I« Certes, ces déplacés n’ont pas de terres à cultiver, mais nous avons déjà entamé des démarches pour leur trouver des espaces cultivables ». Une correspondance, tient-il à préciser, a été adressée à l’Ombudsman lui demandant que 65ha dorénavant appartenant au ministère de la Justice soit remise à la commune. Il indique qu’une réponse favorable est attendue à tout moment. Et de rassurer : « Une fois rétribuées, ces terres seront distribuées aux déplacés. Chaque ménage pourra avoir au moins un demi-hectare ».
Cette autorité communale promet, par ailleurs, un autre soutien à ces déplacés : « Nous comptons leur donner quelques fonds pour démarrer le petit commerce ou les petits métiers, comme la soudure et la couture. »
A propos du manque de vivres dans ce site, l’administrateur communal demande à ces déplacés d’être patients : « Nous continuons à chercher des bienfaiteurs. » Toutefois, M. Nitanga envisage une solution intermédiaire : « Dans le cadre de la solidarité locale, nous collectons chaque mois des vivres qui sont distribués aux vulnérables et ces déplacés ne seront pas oubliés.»