L’école « Espoir de l’Avenir » compte 20 enfants et adultes aveugles, dont 12 filles. Ils puisent l’eau dans une vallée et utilisent des latrines inadaptées à leur handicap. L’école a été créée en 2005, par l’Association pour la Réintégration Sociale des Aveugles du Burundi (ARSAB).
<doc4044|left>Ces élèves viennent de tous les coins du pays. Les adultes apprennent à lire et à écrire tandis que les enfants suivent le programme scolaire du gouvernement. Malheureusement, ces derniers n’ont pas encore droit au concours national.
C’est à 3 km du chef-lieu de la zone Burarana, sur la colline Kijuri, commune Matongo, province Kayanza que se trouve l’école « Espoir de l’Avenir ». Elle est à quelques mètres d’une église baptiste. Il y a également des bistrots et des petites boutiques dans le petit centre.
Quatre chambres servent de salles de classe, de réfectoire et de dortoir. Une des salles est polyvalente : deux grandes tables y sont installées. Tout autour, des chaises servent des bancs pupitres pour les élèves. Ces derniers se servent du toucher pour apprendre. « C’est la méthode Braille », indique Clémence Manirambona, une enseignante.
Des soutiens toujours insuffisants
Selon Cyprien Ndikumagenge, trésorier de l’ARSAB, cette école fonctionne grâce aux cotisations des membres de l’association et à l’appui de quelques organisations internationales.
Il indique que 1280 kg de haricots, de farine de maïs, de farine pour faire la bouillie, du sel et de l’huile sont donnés mensuellement par le PAM (Programme Alimentaire Mondial). L’Union francophone des aveugles, poursuit-il, soutient cette école par l’envoi de photocopieuses adaptées à l’apprentissage des aveugles.
D’après Cyprien Ndikumagenge, cette école bénéficie d’une aide d’Handicap International belge et français. L’Etat a, quant à lui, attribué une propriété de deux hectares à l’association pour la construction d’une école moderne, tout près de l’ancienne, remplissant toutes les conditions d’apprentissage des aveugles.
Soulignons que les dix enseignants de cette école sont des bénévoles. Les uns logent à cette école alors que d’autres rentrent dans leurs familles.
Des problèmes multiformes
Vieille de six ans, cette maison qui sert d’école est obsolète et n’est pas éclairée. Avec un plafond usé et une charpente couverte de tuiles, l’obscurité règne à l’intérieur. Ce n’est pas une école au vrai sens du terme.
D’après Clémence Manirambona, aveugle et enseignante, les conditions dans lesquelles le personnel travaille sont très difficiles. C’est la même classe qui fait office de salles de cours et de réfectoire. Par exemple, ceux de la 1ère et de la 2ème année partagent une même salle.
« Les autres, ceux des 3ème, 4ème, 5ème et 6ème, doivent faire des rotations », confirme Emmanuel Sindayigaya, doyen de l’école.
Malgré ces conditions difficiles, Clémence Manirambona affirme que ces enfants assimilent bien les leçons. Elle rappelle que cette méthode dite Braille ne manque pas d’impact sur le timing. « Dans ces conditions, il est difficile de terminer le programme dans le temps », mentionne-t-elle.
En outre, d’après Emmanuel Sindayigaya, l’inexistence de l’eau à l’école constitue un problème crucial. Ces élèves doivent descendre dans la vallée pour puiser. « C’est un travail très fatiguant pour les aveugles », signale-t-il.
Pire encore, l’école ne dispose pas suffisamment de latrines propres aux aveugles. Celles trouvées sur place sont des fosses couvertes de troncs d’arbre. « Un danger de mort pour les enfants », se désole M. Sindayigaya.
Il lance un appel au gouvernement et aux autres bienfaiteurs de leur venir en aide pour la construction d’infrastructures adéquates. « Il faut prendre en main la question des personnes en situation d’handicap. Les écoles des aveugles sont insuffisantes et sont surtout des centres qui appartiennent aux congrégations religieuses ».
Pour Cyprien Ndikumagenge, il faut que l’Etat construise des écoles pour les aveugles parce qu’ils sont intelligents, malgré leur handicap.