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Mathias Sinamenye : « Que les questions de sécurité cessent de relever de l’amateurisme »

05/05/2013 Commentaires fermés sur Mathias Sinamenye : « Que les questions de sécurité cessent de relever de l’amateurisme »

Suite à l’incendie du marché central de Bujumbura, Mathias Sinamenye, aujourd’hui consultant indépendant, estime les pertes entre 20 à 25 milliards de Fbu pour la collectivité. L’homme qui a aussi dirigé la banque centrale propose quelques voies de sortie.

<doc6964|left>{A combien estimez-vous les pertes de dimanche dernier au marché central de Bujumbura ?}

Elles sont difficilement quantifiables. Mais si l’on tient compte des infrastructures, des stocks et divers autres éléments, il faut compter au bas mot 20 à 25 milliards de Fbu.

{Quelles sont les conséquences immédiates ?}

Des milliers de gens qui vivaient grâce à ce marché vont passer d’une vie décente à la misère. De surcroît, le marché central avait un réseau de liens économiques très étendus avec les banques. Certainement que surgit le problème de recouvrement des créances ainsi que le paiement des dettes aux fournisseurs qui leur avaient accordé des marchandises à crédit. En outre, l’Etat va percevoir moins de taxes et d’impôts que prévu. Il y a aussi les assurances qui devront honorer leurs engagements. Sans oublier tout ce public qui s’y approvisionnait et qui risque de voir les prix à la consommation augmenter. La Mairie se trouvera en difficulté car c’était une des ses principales sources de recettes.

{Des victimes et certains acteurs économiques évoquent la restitution de la TVA pour les marchandises calcinées. Qu’en dites-vous ?}

Ils ont tout à fait raison, c’est toujours quelque chose. Normalement, la TVA est supportée par le consommateur quand la marchandise est vendue. Or, pour ce cas précis, les commerçants n’avaient pas encore vendu leurs marchandises. Je pense que l’Etat doit concevoir un schéma d’aide qui va au delà de la restitution de la TVA. En consacrant 1 à 1,5% de ses recettes budgétaires 2013 à l’aide sous une forme à convenir, l’Etat aurait un montant entre 13 et 20 milliards de Fbu. Un crédit-relais pourrait être fourni par la BRB.
Évidemment cela suppose repousser un projet ou deux pour 2014.
L’Etat peut aussi faire appel à la solidarité nationale – même si beaucoup de gens sont déjà eux-mêmes dans la gêne -, mais aussi aux bailleurs de fonds traditionnels, aux ONG et aux fondations …

{Parmi tant d’autres revendications, il y a l’exonération sur les importations. Qu’en pensez-vous compte tenu de la conjoncture économique ?}

Je pense que si on offre aux commerçants sinistrés des ressources pour rebondir, que l’on permette aux banques de continuer à offrir des concours notamment en permettant le rééchelonnement des créances des commerçants (rôle de la BRB), je ne vois pas de bonnes raisons de mettre en place un régime spécial d’exonérations toujours difficile à gérer.

{Quelles recommandations pour l’avenir ?}

Bujumbura est aujourd’hui une grande ville avec concentration de biens et de personnes. Que ce soit la construction et la gestion des infrastructures comme les marchés, les stades, les écoles, les hôpitaux, les hôtels et les buildings administratifs, il faudra que le paramètre sécurité des biens et des personnes soit une exigence non seulement légale, mais aussi de gestion quotidienne. L’Etat doit imposer des normes et les faire respecter.
Les services concernés doivent être professionnalisés et tout amateurisme, complaisance et corruption doivent être bannis car il s’agit de la vie des gens et de leurs biens.

BRB

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