Des marchandises du marché de Matana sont parties en fumée, dimanche 13 janvier. Les dégâts matériels sont énormes. L’administration déplore la perte de 8 millions BIF de recettes mensuelles.
Le marché de Matana se situe sur l’axe Bujumbura-Matana-Rutana. Lundi 21 janvier, il est 10h, le soleil est léger. Autour du marché, la circulation est normale contrastant avec l’intérieur. Un spectacle cauchemardesque : plus de stand debout, les quatre hangars du marché sont détruits, les tôles et les tubes de néon sont à même le sol. Le rez-de-chaussée est endommagé. Les bâtiments qui contournent l’intérieur, y compris l’étage du bloc administratif intact, sont recouverts de suie.
L’émotion est encore forte. Certains commerçants ne veulent pas s’exprimer. Ils affirment être dépassés par l’incident.
S.N., commerçante d’habits, la veille de l’incendie, avait ajouté 700000 BIF à son capital. Tout en fondant en larmes, elle raconte : « C’est à travers un coup de fil que m’est parvenue cette mauvaise nouvelle. Arrivée sur les lieux, je suis tombée par terre, il ne restait rien. Je n’oublierai jamais ce jour maudit du dimanche 13 janvier où le ciel m’est tombée sur la tête». Elle ne pense pas pouvoir s’en remettre financièrement.
Léonidas Niyondiko faisant le commerce des ceintures est inconsolable : « Nous avons subi une perte inestimable et la vie est devenue cauchemardesque.» Il fait savoir que ses marchandises n’étaient pas assurées. « Nous avions cotisé pour l’assurance, sur initiative de la SOGEMAT (société de gestion du marché de Matana). Cette dernière s’est retirée par la suite. Malheureusement, on ne nous a pas encore remis notre argent ».
Le gestionnaire de ce marché fait savoir que l’incendie s’est déclaré à partir du stand numéro 112. Pour lui, n’eût été le courage et la rapidité de certains qui ont tenté de maîtriser le feu, les pertes auraient été plus importantes. Il se réjouit qu’on ait pu sauver les bâtiments, y compris l’étage du bloc administratif. Pour l’heure, le propriétaire de ce stand est sous les verrous pour raisons d’enquête.
Tous les secteurs en pâtissent
Les banques et les microfinances de la place en pâtissent. Au sein de la Coopec Matana, Fulgence Ntihabose explique que, depuis ce jour-là, les versements et retraits des commerçants ont fortement diminué, le marché n’étant plus fonctionnel. « Nous avons déjà reçu des plaintes des victimes de cet incident. Nous avons informé la hiérarchie pour prendre des mesures qui s’imposent».
A la Bancobu, les conséquences ne sont pas encore visibles, selon le responsable. « Nous ferons un inventaire de nos clients victimes. Ceux qui ont des crédits verront leur échéance de remboursement allongé afin de les aider à faire face».
Situation similaire pour Dukuze-Microfinance. René Tuyisenge fait savoir qu’il est encore tôt pour déterminer ceux qui ont été touchés ou pas. Il précise que leurs principaux clients qui ont contracté des crédits sont les coopératives agricoles œuvrant sur les collines. « Nous préconisons de faire une descente pour nous enquérir de la situation afin de déterminer avec précision les dégâts. Notre travail se fait sur le terrain. Nous devons prendre garde pour qu’il n’y ait pas des opportunistes qui nous trompent ».
La Poste de Matana constate, elle aussi, que l’incident a mis à mal l’activité commerciale de ses clients.
Un coup dur sur une économie déjà affaiblie
Bosco Niyongabo, conseiller technique au développement en commune Matana, déplore une situation qui met à genoux le développement de sa commune, dont les recettes proviennent essentiellement des taxes. Selon lui, la commune recevait plus de 8 millions BIF de taxes par mois. Plus de 500 commerçants avaient des stands pleins de marchandises. « Les dégâts matériels sont énormes, on en ignore encore la valeur exacte. Ceux qui ont perdu leurs marchandises sont encore sous le choc. Il est trop tôt, il faut attendre».
Signalons qu’aucun commerçant n’avait fait assurer ses marchandises. Ce conseiller indique que même le marché n’est pas entièrement assuré. « Seuls le bloc administratif et les hangars sont assurés à la SOCABU. Ses agents sont venus constater les dégâts ».
M. Niyongabo fait savoir que ce marché attirait les commerçants et d’autres personnes qui s’y approvisionnaient. Notamment les commerçants des communes Songa à Bururi, Bisoro de Mwaro et Ryansoro de Gitega. Des activités de déblaiement des décombres ont commencé pour permettre aux commerçants de regagner leurs places respectives en attendant la reconstruction du marché. Il explique qu’il n’y aura pas de marché provisoire.
M. Niyongabo dit avoir eu vent que certains commerçants commencent à déménager vers d’autres marchés. « Nous ne savons pas les mobiles de leur départ. Après la pluie vient le beau temps. Les places restent les leurs en attendant d’autres mesures ».
Ce responsable communal signale que le conseil communal se réunira au cours de la semaine du 28 janvier. « Il faut attendre ce qu’il en ressortira », conclut-il.
Pour rappel, le marché central de Bujumbura a lui aussi pris feu, le 27 janvier 2013. Depuis 6 ans, un centre commercial qui devait s’y construire se fait toujours attendre.