Pour Aimé Magera, porte-parole de Rwasa, il est inutile de rappeler que le dossier Banyamulenge est toujours invoqué pour empêcher la participation du leader historique des FNL à la présidentielle de 2015.
« L’objectif est de barrer la route à Agathon Rwasa, leader charismatique des FNL, afin que le Cndd-Fdd se retrouve sans aucun concurrent », déclare Aimé Magera. Il ne mâche pas ses mots : « Ce n’est pas une simple coïncidence qu’en date du 14 novembre, des Congolais Banyamulenge manifestent en toute quiétude, devant les bureaux du parquet général de la République à Bujumbura. » D’après M. Magera, c’est tellement flagrant qu’à l’issue de la rencontre, la porte-parole de la Cour suprême s’est réjoui de cette action et rassure que tous les éléments sont réunis pour arrêter Agathon Rwasa.
M. Magera indique que l’histoire récente du Burundi est jalonnée de plusieurs massacres et crimes semblables à ceux de Gatumba. A travers l’Accord d’Arusha et les différents Accords de cessez le feu signés entre le gouvernement et les mouvements rebelles, raconte M. Magera, les Burundais se sont convenus que de tels crimes seront qualifiés et jugés par un tribunal spécial pour le Burundi. Et ce, conformément aux différents instruments juridiques du droit international.
Aimé Magera constate qu’il est dès lors paradoxal que le pouvoir s’acharne à juger le seul cas de Gatumba au moment où d’autres présumés coupables des cas similaires occupent de hautes fonctions politiques. Il rappelle au gouvernement burundais qu’il n’est pas sans ignorer que M. Rwasa bénéficie d’une immunité provisoire lui garantie par l’Accord de cessez- le-feu signé en 2008. A l’instar, ajoute-t-il, de tous les belligérants de l’époque, dont le président Nkurunziza, condamné à mort.
Traitement de deux poids deux mesures ?
Aimé Magera persiste et signe que l’affaire du massacre des Congolais Banyamulenge relève d’un traitement de deux poids deux mesures. Selon lui, le Cndd-Fdd, encore au maquis, est comptable de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité sur des civils innocents. A titre illustratif, M. Magera fait savoir qu’à l’aube du 1er mai 1997, des dizaines de jeunes séminaristes sont massacrés froidement par les hordes des Fdd sous le commandement direct de tout l’Etat-major de ce mouvement rebelle.
D’après toujours M. Magera, en juillet 1996, ce sont des centaines de déplacés de Bugendana massacrés par le même mouvement. « Les chefs des opérations n’ont pas nié que c’est dans la même période que Mgr Joachim Ruhuna, ancien évêque de Gitega, a été exécuté. »
M.Rwasa fait savoir que « si des poursuites devaient être engagées, chacun des présumés innocents devrait répondre individuellement conformément à la loi. » Et de demander aux citoyens burundais de rester vigilants, sereins : « Il ne faut pas céder à la peur, à la provocation. Il faut plutôt se préparer conséquemment aux prochaines échéances électorales. »