Samedi 23 novembre 2024

Politique

Massacres de 1972 : « Honorer les héros non chantés »

L’Association pour la Mémoire et la Protection de l’Humanité contre les Crimes Internationaux (AMEPCI)-Gira Ubuntu a organisé ce vendredi 2 mai un atelier pour la commémoration des événements de 1972.

De gauche à droite : Gordien Makoto, M. Barandereka et Cyriaque Niyungeko répondent aux questions des participants ©Iwacu
De gauche à droite : Gordien Makoto, M. Barandereka et Cyriaque Niyungeko répondent aux questions des participants ©Iwacu

« Nous nous sommes rassemblés pour honorer les héros non chantés, ces Hutu qui ont caché des Tutsi, ces Tutsi qui ont protégé des Hutu lors du désastre de 1972 », a déclaré le secrétaire général d’AMEPCI, Aloys Batungwanayo. Les participants ont suivi les témoignages de trois de ces héros.

Gordien Makoto (62 ans), un Hutu originaire de Musigati, en province Bubanza, a raconté comment un berger tutsi lui a sauvé la vie au moment où il attendait naïvement « le permis de séjour ». «  A tout Hutu intellectuel ou plus ou moins évolué, le permis de séjour était exigé. Il était dit que seuls les gouverneurs de province – tous militaires – étaient les seuls habilités à délivrer ce document », dira Makoto.

Mais pour lui, c’était plutôt un permis de séjour dans la « République des morts » car tout Hutu qui se rendait, de gré ou de force, au chef-lieu de la province Bubanza pour chercher ce précieux sésame était directement exécuté. Accusation : « Umumenja », c’est-à-dire, un séditieux.

A son tour, M. Barandereka, un militaire, sous-officier, a relaté comment il allait être exécuté, n’eût été l’intervention d’un haut gradé de l’armée. Accusation : un tutsi originaire de Ngozi (Nord du pays). Il a affirmé que les Tutsi nordistes qui servaient à l’armée étaient discriminés par les militaires majoritairement sudistes.

Cyriaque Niyungeko, un Tutsi de Vyanda (province Bururi) a raconté comment il a pu sauver des Hutu contre les représailles de l’armée. « Mes frères Hutu, pourquoi vous rendez-vous aux rencontres convoquées par le pouvoir à la commune ? Retournez chez vous. Vous saurez ce qui se sera dit plus tard », conseillait-il à tout Hutu qui voulait l’entendre.

« La protection de tout Hutu qui était pointé du doigt comme étant un « mulele » (assaillant caractérisé par une courte taille, selon l’imaginaire populaire)  »ou un « mumenja » était  une action courageuse et risquée au vu de la tension de l’époque », a-t-il martelé.
Signalons que la journée a été clôturée par une messe en mémoire des victimes de la tragédie de 1972.

Forum des lecteurs d'Iwacu

22 réactions
  1. Bernard

    quand on parle du genocide contre les hutus en 1972-1973, les extremistes Tutsi s’empressent de dire que ce sont les Hutus qui ont commence en tuant 2.000 Tutsi dans le sud du pays. Soit, 2.000 victimes Tutsi de cette rebellion Hutu, localisee dans quelques commune du sud par ailleurs et vite mise hors d’etat de nuire plus ou moins rapidement. Un pouvoir qui met a genoux une rebellion, c’est normal. Que ce pouvoir organise des proces equitables quant aux responsables de cette rebellion, c’est a cela que toute logique de gouvernance autorise a s’attendre. Au lieu de cela, 300.000 Hutus sont arretes, tortures et tues sans aucune forme de proces. Ont-ils tous une responsabilite dans ce qui venait de se passer? Evidemment Non. Je crains que les veritables commandants de cette rebellion n’ont ni ete attrapes ni clairement identifies.
    Vu le nombre elevee de victimes Hutu, le regime de Micombero a bel et bien commis un genocide dans ce pays en 1972 contre les Hutus. Ceux qui ont collabore avec ce Mr dans cette tragedie devront un jour rpondre de leurs actes. On n’a ps besoin d’invoquer les victimes Tutsi comme pour attenuer la verite sur ce genocide. Il est imprescriptible par definition.

  2. salut… cet article interesse plus de burindais. on Veut savoir la réalité sur tout cet evenement. apparement on a reprimé des paisibles hommes sans defense ni protection! si c’est vrai y avait rebellion, cela justifierai massacre de tout Hutu qui sait lire ou ecrire? on y voit ici une methode mobutu. mais lui aumoins n’a pas enlevé des citoyens au lieu de travail pour les exécuter. ici on parle des gens fusiliés a bout portant dans des terrains comme kanyosha. puis enterré dans des fosses communes à Buterere. aucun gvt n’a pas encore eu le courage de diligenter une enquête et donner la vérité. les JRR honnetes devraient aider à la recherche de la vérité.

  3. Uwubizi

    Ndashimiye abo batutsi bashoboye gukiza abahutu bari bagiye gucishwa ku buhomba na un gouvernement irresponsable bazira ubusa.
    Mais je n´ai pas vu un temoignage d´un hutu qui aurait sauvé un Tutsi pendant les 1ers massacres commis par les rebelles Hutu qui tuaient tout tutsi au sud du pays en 1972 (n´iyiri mu nda) car tout a commencé par là). Nibaza ko bahari. Nibabavuge nabo.

  4. Karabagega

    @« Nous nous sommes rassemblés pour honorer les héros non chantés, ces Hutu qui ont caché des Tutsi, ces Tutsi qui ont protégé des Hutu lors du désastre de 1972 », a déclaré le secrétaire général d’AMEPCI, Aloys Batungwanayo»

    L’atelier d’AMEPCI a porté sur la bravoure des gens qui ont apporté secours à leurs concitoyens, et qu’en est-il de la lâcheté de tous ces militaires tutsis, bourreaux de la totalité de plus de 300 000 victimes innocentes hutues assassinées gratuitement à l’hécatombe de 1972? Et pourquoi AMEPCI refuse de les dénoncer au grand jour ???

    • Amédé

      A Karabagega.
      Je pense que le rôle de cette association n’est pas de condamner les militaires tutsi. Les pouvoirs hutu qui se succèdent ne veulent pas en entendre parler, peut-être ont-ils peur de devoir répondre sur ce qu’ils ont fait en 1993!.
      Moi en 1972 j’étais à Makamba en 7eme primaire et je me rappelle très bien de ce que j’ai vu. Je peux te dire que les hutu qui ont été dénoncés et tués l’ont étaient pour la plupart par des hutu comme eux. Il n y avait pas de militaires à Makamba. même le camp de Mabanda n’existait pas encore. Partout on ne voyait que les gens en rouge-blanc (JRR). A cette époque Makamba n’était pas aussi peuplé qu’aujourd’hui, et tout le monde connaissait tout le monde. Je sais qui a tué qui, et s’il fallait témoigner un jour, je n’y manquerai pas.

  5. Nkundu Uburundi

    Ce qui s’est passé en 72, est très grave, le mot de génocide n’est pas galvaudé. Je suis tutsi, j’ai perdu de la famille à Vugizo/Martyazo lors de l’attaque des rebelles hutu ariko cela ne change en rien ce qui est arrivé aux Hutus….Mes parents m’ont élevé dans une attitude de respect d’autrui malgré qu’ils aient perdu les leurs…J’ai même sauvé des hutus en 93′ au plus fort de la crise simplement parce qu’ils sont des êtres humains comme moi et que rien ne justifiaient leur mort. En tt cas la vérité doit triompher si on renonce à la globalisation. Bamwe bati 72, abandi 93. Abarundi twese twarabuze ahubwo nyabuna ababuze barondere les commanditaires…

  6. Mutu

    Pour ceux qui sont tutsi du nord, murabaza Ngabo Léonce, il était déjà embarqué dans le camion, et un officier dont je tais le nom l’a reconnu, et a demandé qu’on le descende du camion, c’est ainsi que Ngabo a eu la vie sauve. Si vous ne me croyez pas, allez-y lui demander, il sait qui l’ont embarqué et l’officier en question est toujours vivant.

  7. KanuraRwaruka

    Les nouvelles generations Hutu et Tutsi devraient exiger avec derniere energie qu on juge tous ceux qui ont commis les actes de genocide enfin dans que le nouveau Burundi democratique on pense plus a refaire ce crime ignoble. Nom de Dieu , ce n’est pas compliquer de resoudre ce probleme!

  8. Buntu

    Je suis tutsi et j’ai perdu les miens en 93 et 94.
    Mais je suis furieux des atrocites qui ont tue les parents de mes tous mes amis hutu. Quand je grandissai, tous mes amis hutu n’avaient pas de papa. Et je realise aujourd’hui comment ils ont souffert et continuent a souffrir. Une association des victimes de ses atrocites devrait naitre pour consoler tous les victimes tant hutu que tutsi.

    • Merius Rusumo

      Si nous pouvions trouver ne fut-ce que 1000 personnes dans les trois ethnies au Burundi qui réfléchissent comme Buntu (si réellement il est Tutsi comme il se revendique), leur synergie contribuerait énormément a amener les burundais a établir la vérité, la justice et la réconciliation au Burundi par la compréhension de la souffrance de l’autre et la mise dans le même sac les auteurs des crimes du passé et comprendre les victime et aussi rechercher les voies de réconciliation par le soutien mutuel des victimes au lieu de penser a soi et de rejeter ou minimiser la souffrance de l’autre. Vous avez tous entendu parler des « Évènements malheureux  » pour ceux de 1972 et avant mais lorsqu’il faut parler d’après 1993 on entend briller le mot « génocide ». Soyons humains comme Buntu qui, lui a compris!

  9. Mugamba

    « Nous nous sommes rassemblés pour honorer les héros non chantés, ces Hutu qui ont caché des Tutsi, ces Tutsi qui ont protégé des Hutu lors du désastre de 1972 », a déclaré le secrétaire général d’AMEPCI, Aloys Batungwanayo.
    Les hutus parlent du génocide de 1972, les tutsi du génocide de 1972, les htus du génocide de 1983, les tutsis de 1983!!! L’heure n’est plus de s’accuser mais de reconnaitre que des deux côtés, des crimes ont été commis! L’Etat assure la continuité de la vie d’une nation. Donc, ce qui a été commis par l’Etat du temps des crimes doit être réparé par l’Etat du moment. Autrement, le crime est individuel, que ceux qui ont commis des crimes en répondent! Mais, llà aussi, comme ils sont pas capable de ressusciter les morts, il faut faire prévaloir des mécanismes de réconciliation pour enfin dire »plus jamais ça »!

  10. NTACOROSHE

    Qui a eu cette idée exécrable de délivrer le permis de séjours aux citoyens dans leur propre pays?

  11. Bizos

    « Accusation : un tutsi originaire de Ngozi (Nord du pays) ». A la radio isanganiro, on a dit au sujet de cet homme: « accusation: hutu de Ngozi car on disait qu’il y pas de tutsi au Nord ». La différence est de taille. Qui dit vrai?
    J’aurais aimé que le témoignage du journaliste soit plus long, on devrait aussi s’attarder sur l’action de ceux qui ont risqué leur vie pour sauvé les autres.

  12. Gerard

    Bravo à ces Hutu et Tutsi qui ont été et qui sont caractérisés par l’amour du prochain!
    Je vous souhaite longue vie et que ce don humain soit toujours collé dans vos coeurs.

    Vous comprenez bien que le cupide n’a pas d’ethnie! Est-ce le Tutsi du Nord du pays n’est pas Tutsi. C’était de la cupidité tout nue.

  13. greg

    @Iwacu: vous m’énervez à force de dire que ce qui s’est passé en 72 c’était des « événements », »massacres ». Ca me dépasse même. C’était un GÉNOCIDE,UN GÉNOCIDE et je le répète un GÉNOCIDE,nom de Dieu. L’idée était d’éliminer TOUT HOMME HUTU et surtout les intellectuels. En 93 on chante partout que c’était un génocide …vvoulez-vous nous dire aussi que la vie d’un HUTU ne vaut pas celle d’un Tutsi? Certains vont me répondre que les nations unies n’ont pas qualifié ce qui s’est passé en 72 comme étant un génocide. EEst-ce aux nations unies à décider c’est que nous mêmes burundais avons vécu??? Ils étaient où quand on nous a tué comme des animaux? Ils étaient où? Vous n’honorez vraiment pas leur mémoire,certains doivent se retourner dans leur tombe….pardon j’oubliais que certains n’ont pas de tombe car brûlé ou caché pour qu’on ne retrouve jamais leurs corps.

    • hat

      Mr Greg, génocide ou pas ce sont les nations unis qui décident. Pourquoi un président orphelin de ce génocide ou massacre a vite oublié? A mr Cyriaque |ce sont les autres qui jugent qu on est juste ou pas. Des justes il y en a. Mais les victimes de 1972 n ont jamais eu le courage de nous dire qui sont ils. Les raisons?

      • kalenzo

        A hat..ivyo muvuga mwunva bifise umutwe n’amaguru???
        1) Pourquoi un président orphelin de ce génocide ou massacre a vite oublié?
        2) Mais les victimes de 1972 n ont jamais eu le courage de nous dire qui sont ils. Les raisons?
        A ta première question…Tu te trompes largement. Si tu penses que l’on a oublié…mon cher, on oubliera jamais nos maris,frères, oncles, cousins etc. HUTU tués comme des chèvres. JAMAIS. Ceux qui oublient sont ceux qui n’ont perdu personne durant ce génocide.
        A ta deuxième question : tu le fais exprès ou quoi? QUI ILS SONT? C’était des HUTU et de préférences HOMMES, ayant un commerce, intellectuels….Umuhutu wese yari yifise. Et si tu veux savoir qui ils sont regarde dans le gouvernement burundais, et tu verras que la plupart des hommes Hutu qui sont ont pouvoir ont pour la plupart perdu leurs papas durant ce génocide de 72, à commencer par Nkurunziza, lui-même!!!

        P.S : On oubliera jamais….tout comme les Tutsi n’oublieront jamais les leurs tuer! Ce qu’on demande c’est une reconnaissance de ce génocide. Si jamais j’étais au pouvoir je ferai tout pour qu’il soit reconnu!!!

        • citoyen

          Des massacres,il y en a eu,c’est vrai! Qui vous a dit qu’on peut oublier? On oublie jamais, on se dépasse seulement. Quant aux témoignages,ils sont importants;seulement j’aurai aimé lire quelque part des hutus qui ont protégé les tutsis,peu importe l’épisode, et il y en a eu.
          Courage, parlons du désastre,parlons-en!

        • Kayondi jean

          Monsieur kalenzo,comme tu le dis ce qui sont au pouvoir sont des orphelins de 1972,alors dis moi ce qu.ils font pour nous éclaircir ce qui s,est passé en 72,réponds moi s,il te plait ,

          • KIRANGA

            Mr Kayondi, tu as raison de poser cette question! le président actuel, soit disant orphelin de 1972 , parmi ses plus grands conseillers figurent un qui faisait parti du fameux » conseil de guerre en matière répressive du 6 mai 1972″ (lire Arib) qui a décrété l’éxécution des Hutu. De plus, presque toutes les exactions extra judiciaires commises par le pouvoir actuel (cadavres jetés dans les rivières) n’ont touché que les hutus, pour la plupart rescapés ou enfants de rescapés de 1972. Je pense que Karenzo n’aura pas de réponse à ta question s’il veut être sage. Kubera iki ubutegetsi bwitwa ngo bwagwaniye agateka kabahutu, ahubwo ubu aribwo buriko burabagandagura? Mubahutu bamaze kwicwa depuis 2005, hari umututsi yabishe? on peut réconcilier les hutu et les Tutsi, mais aussi longtemps que les hutu au pouvoir verrons que les autres hutus sont des ennemis à abattre, leur force risquera d’être anéantie et ce qui est arrivé en 1972 ne va pas tarder à venir. Pour rappel, « en 1972, il y ‘avait pas mal de Hutu à l’armée et au gouvernement mais cela n’a pas empêché leur génocide ». Seule la bonne démocratie peut protéger les hutus.
            KIRANGA

        • hat

          A mr Kalenzo je crois que vous m’avez mal compris . Si je parle du président c est qu ill a le pouvoir de demander une commission international pour statuer sur génocide ou pas. Vous pouvez me dire prq il ne le fait pas? IKIZAde 1972 était dirigé essentiellement contre les hutu. Mais a ce jour je n’ai jamais entendu des hutu dire que tel ou tel tutsi a été juste. Un tutsi ne peut pas se dire lui même juste. Et les bourreaux des hutu , personne n en parle. Je demande seulement la clarification d un période sombre de notre histoire pour permettre aux générations futures de vivre en paix. L OUBLI N APAS DE PLACE.

      • Callixte

        Lse nations Unies ne le sont et les seront jamais!!!!Arretez d’etre naifs car ces balncs qui tirent les ficelles de ce que vous appeler UN par ignorance sont en grande partie derriere tout ce qui s’est passé et se passe encore.Murabintahirize……………………………………………………………..

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