Lundi 25 novembre 2024

Politique

Marie-Soleil Frère : « L’armée a laissé faire »

Pendant longtemps, Compaoré pouvait compter sur le soutien de son corps d’origine : l’armée, et en particulier le régiment de la sécurité présidentielle. Le 30 octobre, l’armée, positionnée devant l’Assemblée nationale qui devait adopter la loi litigieuse a laissé passer les manifestants. C’était le début de la fin. Marie-Soleil Frère nous retrace la chute d’un système.

Marie-Soleil Frère, spécialiste des médias et professeur à l’Université Libre de Bruxelles connaît très bien le Burkina Faso. Elle y  a vécu de 1997 à 2001 pour la mise en place de la filière de journalisme à l'Université de Ouagadougou. Elle retourne chaque année au Burkina Faso pour y enseigner et mener des recherches et se trouvait à Ouagadougou durant les derniers événements qu’elle a suivi  quasiment en direct.
Marie-Soleil Frère, spécialiste des médias et professeur à l’Université Libre de Bruxelles connaît très bien le Burkina Faso. Elle y a vécu de 1997 à 2001 pour la mise en place de la filière de journalisme à l’Université de Ouagadougou. Elle retourne chaque année au Burkina Faso pour y enseigner et mener des recherches et se trouvait à Ouagadougou durant les derniers événements qu’elle a suivi quasiment en direct.

On disait que le régime de M. Compaoré était fort, verrouillé, mais il est tombé très vite, à la surprise générale, comment expliquer cela?

Depuis plusieurs années, des signes d’essoufflement étaient visibles. Les dernières élections avaient conduit à une forte poussée de l’opposition politique. Et en janvier 2014 trois individus qui constituaient des piliers du parti présidentiel avaient fait défection pour créer un mouvement politique d’opposition, suivis par plusieurs dizaines de députés. En fait ce régime tenait essentiellement au fait que le Président Compaoré, dont les pratiques népotistes, la corruption, l’implication dans divers trafics de la sous-région étaient connues, pouvait compter sur le soutien de son corps d’origine : l’armée, et en particulier du régiment de la sécurité présidentielle. Mais même cette relation avait été ébranlée en 2011, lorsque des mutineries ont éclaté au sein de l’armée, impliquant même des membres de cette garde présidentielle. La surprise générale n’est que celle de ceux qui ne suivaient pas l’actualité burkinabè des dernières années…

Il semble qu’il avait un service de renseignement efficace. Comment se fait-il que celui-ci n’ait pas vu le coup venir?

Ce qu’aucun service de renseignement n’aurait pu voir venir, c’est la mobilisation massive de la population lors de la manifestation du 28 octobre dernier contre l’adoption de la loi devant permettre la modification constitutionnelle qui aurait ouvert à Blaise Compaoré la perspective d’un nouveau mandat présidentiel. Un million de Burkinabè dans la rue… Ce million de manifestants n’était pas constitué de militants de partis politiques d’opposition, ni même d’activistes de la société civile : il s’agissait essentiellement de simples citoyens qui, individuellement, ne pouvaient accepter l’idée que le pouvoir de Blaise Comparore, exercé depuis 27 ans, se prolonge encore.

Et pourtant, paradoxalement, le Burkina faso présentait l’image d’une démocratie !

Le Burkina faso connaissait une situation de démocratie fictive où, derrière le masque des institutions pluralistes, la possibilité d’une alternance semblait confisquée. En dépit d’une liberté d’expression officiellement proclamée, de nombreux Burkinabè n’osaient pas montrer au grand jour leur dégoût du régime en place, la détention de la carte du parti présidentiel CDP étant devenue un attribut incontournable pour l’évolution sociale et donc matérielle. Mais, progressivement, la peur de manifester son désaccord s’est estompée et toute une jeunesse « déclassée », maintenue sur le carreau par un pouvoir reposant sur des inégalités croissantes, est descendue dans la rue pour réclamer le changement. Les manifestants du 28 octobre ne demandaient pas la démission du Président Blaise Compaoré, mais seulement que ce dernier respecte la Constitution et parte à la fin de son mandat, en 2015. La revendication de sa démission n’est arrivée que plus tard, une fois que le bilan des morts a été dressé.

La police et l’armée ont été apparemment passives. Comment comprendre cette passivité, cela veut dire qu’il ne maîtrisait pas ces deux corps?

Déjà en 2011, il était apparu qu’une partie de l’armée se désolidarisait du pouvoir en place. Ce qui s’est passé ici, et c’est ce qui a fait basculer la situation le 30 octobre, c’est que l’armée, qui était positionnée devant l’Assemblée nationale (qui devait adopter ce matin-là la loi litigieuse devant conduire à la modification constitutionnelle), a laissé passer les manifestants, qui ont alors investi le bâtiment pour y mettre le feu. L’armée a laissé faire et, ce faisant, a manifesté sa solidarité avec la population qui manifestait. Une fois qu’il a été clair que l’armée était du côté des manifestants, la crainte, ce jour-là, résidait dans l’attitude du régiment de la sécurité présidentielle, positionné au Palais de Kosyam, dans le quartier de Ouaga 2000, vers lequel les manifestants se sont plus tard dirigés. Si ce régiment, dont plusieurs rumeurs à Ouaga évoquent le fait qu’il avait été renforcé par des éléments togolais, tirait sur les manifestants, un carnage aurait pu avoir lieu. De nouveau, c’est la clé qui explique le départ précipité de Blaise Compaoré le 31 octobre. Alors que la veille, à 21h30, après une journée de violences, essentiellement marquée par la mise à sac des symboles de l’Etat (dont la radio télévision nationale) et des domiciles privés des pontes du régime), il avait fait une déclaration qui confirmait qu’il dirigeait toujours le pays, le lendemain à 13h, un communiqué annonçait sa démission. Simplement, le régiment de la sécurité présidentielle lui avait fait savoir qu’il n’était plus en mesure d’assurer sa sécurité, car il n’ouvrirait pas le feu sur les manifestants.

On n’a pas vu les militants de son parti protester. Or, c’est une formation qui revendiquait officiellement de nombreux militants. Votre analyse.

Les détenteurs d’une carte du CDP sont effectivement nombreux car l’évolution sociale, professionnelle, et donc matérielle des individus, qu’il s’agisse de fonctionnaires ou du milieu des affaires, était liée à l’allégeance politique au parti présidentiel. Ce qui signifie que de nombreux militants du CDP l’étaient par intérêt personnel et non par conviction. Dès lors, cette frange d’opportunistes n’était certes pas prête à prendre des risques pour se confronter aux autres manifestants et défendre les positions du régime de Blaise Compaoré. Le 30 et le 31 octobre à Ouagadougou, les militants du CDP étaient devenus invisibles et muets.

Quid de l’armée? Va-t-elle retourner dans les casernes?

C’est ce qu’exigent la société civile, les partis politiques d’opposition et la communauté internationale. De nombreux observateurs extérieurs ont été choqués de voir qu’un certain nombre d’organisations et de citoyens burkinabè ne semblaient pas réfractaires à l’idée que l’armée prenne momentanément le pouvoir. J’étais parmi les manifestants face à l’Etat major des armées le 31 octobre et je peux vous dire que les positions étaient partagées entre ceux qui craignaient un retour des militaires au pouvoir (le Burkina Faso ayant fait l’expérience par le passé de ce type de régime et des restrictions des libertés qu’il peut engendrer) et ceux qui pensaient que l’implication de l’armée était nécessaire pour garantir l’ordre et la sécurité des personnes et des biens dans un climat insurrectionnel. Ce qui est sûr, c’est que la transition ne pourra être apaisée sans un soutien de l’armée qui joue un rôle clé dans la stabilité du pays. Mais un consensus semble désormais acquis sur le fait que c’est bien une personnalité et un gouvernement issus de la société civile qui vont, au plus vite, être désignés pour conduire la transition.

Compaoré c’est bien fini?

Comment pouvoir l’affirmer ? On a vu en Afrique bien des retours inattendus, comme celui de Mathieu Kérékou au Bénin, revenu démocratiquement au pouvoir par les urnes après que son régime autoritaire marxiste en ait été chassé 6 ans auparavant par une Conférence nationale. Blaise Compaoré est encore jeune (il a 64 ans) et, à titre individuel, qui sait quel peut être son parcours demain ? Par contre, ce qui est bel et bien fini, c’est le « système Compaoré », c’est-à-dire le réseau très imbriqué d’intérêts économiques et politiques qu’il avait mis en place, la gouvernance par la peur et par l’argent qu’il avait instaurée. Il est encore trop tôt pour voir comment la justice pourra s’emparer de la question des biens mal acquis et de la violence politique récurrente qui ont marqué l’histoire du Burkina Faso sous son règne, mais le peuple espère et attend que cette justice soit mise en œuvre… Et de telles investigations amèneront forcément au démontage du système : le Roi sera alors véritablement nu.

Quel souvenir les Burkinabès garderont-ils de cet homme?

Le souvenir d’un homme ambigu, redoutablement machiavélique, extrêmement intelligent, qui a dirigé ce pays dans la tradition des empereurs mossi (l’ethnie majoritaire du Burkina faso) : c’est-à-dire en s’exprimant le moins possible et en exerçant le pouvoir totalement, sans partage, en se revendiquant des réussites, mais en s’arrangeant pour que les échecs soient assumés par d’autres. Un homme qui s’est rendu indispensable dans la sous-région d’Afrique de l’Ouest, en se positionnant comme médiateur de nombreuses crises (Côte d’Ivoire, Guinée, libération d’otages détenus au Mali), alors qu’il était en fait un pompier pyromane qui a (dans le cas de la Côte d’Ivoire par exemple) joué un rôle central dans l’allumage du feu qu’il a ensuite feint de contribuer à éteindre. Qui s’est également enrichi en menant des médiations avec des organisations terroristes telles que l’AQMI lors d’opérations juteuses de libération d’otages. Au Burkina Faso, il laissera l’image d’un homme qui a imposé le plus long règne de l’histoire du pays et a laissé se déliter les quelques acquis positifs de la Révolution sankariste (1983-1987), en instaurant un régime fondé sur la corruption, le népotisme et la perte des valeurs collectives et du sens de l’intérêt général au profit des bénéfices personnels.

Quid du souvenir de Thomas Sankara aujourd’hui ?

Thomas Sankara est redevenu aujourd’hui une référence pour la jeunesse (en dépit des excès connus de la période révolutionnaire), je doute que Blaise Compaoré puisse un jour incarner un quelconque idéal, une figure exemplaire. On entend souvent dire que Thomas Sankara est parvenu avant tout à mettre les Burkinabès “debout et au travail” ; le régime de Compaoré a malheureusement surtout servi à créer une société à plusieurs vitesses, marquée par les frustrations, le règne de l’argent et de la corruption, la démotivation et le manque de respect du bien commun. → Lire la suite

Forum des lecteurs d'Iwacu

30 réactions
  1. seam

    Après l’ère des conferences nationales et souveraines suite au sommet de laboule vient l’des revolutions du peuple. Mais si on connait l’instigateur des comferences nationales, qu’en est il de ces revolutions dites du peuple!!
    regardez ce documentaire et vous comprendrez d’où veinnent elles et sur quelle axe elles se deplacent!!
    http://www.youtube.com/watch?v=1zUg9NrkcAQ

  2. kimeneke

    Busorongo ahomwabusya twari musi yurusyo aho uvuga pour défendre que Peter doit voler encore les elections

  3. Ndayavurwa Melchiade

    « Les détenteurs d’une carte du parti CDP sont effectivement nombreux car l’évolution sociale, professionnelle, et donc matérielle des individus, qu’il s’agisse de fonctionnaires ou du milieu des affaires, était liée à l’allégeance politique au parti présidentiel. Ce qui signifie que de nombreux militants du CDP l’étaient par intérêt personnel et non par conviction » .@ Cndd-Fdd: Uraba wumva birenge ni wewe ubarirwa.

  4. Je l’ai martelé depuis longtemps que le pouvoir c’est pour le peuple. Dans ce courant de la démocratie, si vous pensez que vous aurez le pouvoir à travers de la manipulation internationale, vous venez d’etre échoué. Courtisez d’abord le peuple pour qu’il puisse vous suivre et non pas river vos yeux sur LES USA, UNION EUROPEENNE, KAGAME, MUSEVENI et consort. Nayo intambara yoyo, Imana irayibona kandi abo bayitegura irababona. Bazokubitwa inkoni itazohera,…

  5. Kazivyi

    None si je ne me trompe pas, ni kuki mwahisemwo ko ari uwo mudamu, en plus wu muzungu atubarira iyo nkuru? Niyumvira ko twese dukurikira ibiba muri iyo Africa yacu!!! Vyobaye vyiza agiye kubibarira bene wabo ko ybonye une revolution ya banyafrica uko atabiyumvira, muri ico iyo histoire yiwe boyandika pet-etre ikaba isemo ya ma revolution mashasha aho muri Africa. Mais kuri twebwe abarundi turazi neza ko revolution yacu twayironse!!Kandi aritwe twayirondeye. Ibisigaye twe ntacigwa vyoduha kuko Nkurunziza nta mwaka nicumi aratwara pour dire plus de 2 mandats, yari kuza kubitubwira igihe azoba yashikanye ibirenze izo mandats?? Ibindi twebwe abarundi tuzovyimenyera. n,ubundi igihe umwana w,umurundi yapfa bari ngaho babona, ntiyigeze aza kutubarira histoire de l,injustice!!!kuri njewe mbona yarihenze aho avugira ivyo yabonye!!! Nagende abivugire I Kigali? canke I Kampara,Douala, n,ahandi hari oppressions. murakoze

  6. thefox

    Les Burundais se libérerons aussi de leurs chaines.
    Notre tour viendra. Saluons le peuple Burkinabé qui nous montre que c’est faisable !!

    • Mon œil, you dreams …

  7. Mugunza

    Moi je n’y comprends rien de la politique! Cette rue qui chasse nos présidents démocratiquement élus ou désignés, c’est quoi? Et cette communauté internationale qui magnanimement et d’une façon imprévue réussit à les sauver de justesse de la colére sauvage de la rue! Vive la communauté internationale et heureuesement qu’elle veille à la vie!

    Rappelez-vous de notre cher Ntibantunganya « sauvé » de justesse et d’une façon imprévue à la chancellerie américaine à Buja. De même Compaoré est heureusement « sauvé » de justesse par les amis Français de la Côte d’Ivoire. C’est bien d’éviter le pire.

    J’espère que notre compatriote Buyoya qui est à côté au Mali est de temps en temps cosulté pour donner des conseils sages dans la situation du Burkina.

  8. Bigirimana

    Je ne vois pas pourquoi les burundais devraient emboîter le pas les burkinabés!… Rappelez-vous que Blaise Compaoré s’était emparé du Pouvoir en 1987 par un coup d’État sanglant comme pas mal d’anciens ou vieux présidents de son temps, ce qui n’est pas le cas pour Nkurunziza, actuel Président du Burundi. Advenant alors que le Burundi ait à traverser une crise politique, il va falloir qu’on le juge sur ses propres problèmes et non sur du copier-coller importé d’ailleurs. Il est à rappeler aussi ici, que chaque Peuple souverain a ses propres convictions et façons authentiques de gérer les irrégularités de ses dirigeants ou régimes politiques. Ce sera donc à nous, Peuple burundais, de savoir quel chemin entreprendre en cas de résolution de nos problèmes politiques, si on se fie à l’adage d’ “Ingendo y’uwundi iravuna” de nos basokuru!

  9. Muzazi

    A BUSORONGO! Tu as tape a cote en moins que tu le fasses sciemment! Lorsque tu conclues en disant « ….de grace ne revoltez pas notre people », tu devrais ouvrir tes yeux et realiser que ce n’est pas les journalistes mais plutot le pouvoir lui-meme. Tu penses que cette situation que nous vivons maintenant avec ces bandits armes qui tuent, violent et volent au su et au vu de tout le monde avec la benediction de ce meme pouvoir, va laisser indifferent notre people? L’ampleur croissante des degats que nous enregistrons chaque jour te donneras peut-etre la reponse tres bientot.

    • Ngenzebuhoro

      Le parti Uprona et ses dirigeants qui se sont toujours imposés à la tête du Pays par force et atrocités, ont-t-ils été chassé du pouvoir par un soulèvement populaire quelconque? Non, à ce que je sache, donc chaque chose en son temps!!!…

      • Nzobandora

        Ngenzebuhoro,
        A cet qu’on sache Le président Buyoya n’a pas refusé les élections en 93 et Dieu seul sait qu’il en avait les moyens. En 2002 il n’a pas refusé de céder la place à Domitien.
        So trouve-toi d’autres échappatoires parce qu’il s’agit du respect des mandats et autre accord de principe puis les actuels ne sont pas du tout moindre en terme d’atrocité et autres abus et barbaries.
        Peace

        • Ngenzebuhoro

          @Nzobandora
          «A ce qu’on sache Le président Buyoya n’a pas refusé les élections en 93 et Dieu seul sait qu’il en avait les moyens. En 2002 il n’a pas refusé de céder la place à Domitien.»

          Donc, a pu, votre Buyoya, cheminer jusqu’au bout de ses plans n’est-ce pas? Mais, a-t-il fini par l’emporter sur la volonté du Peuple??? Non, à ce que je sache! Alors, laissez Nkurunziza compléter son mandat sereinement et au Peuple de vaquer à leurs occupations sans heurte jusqu’au jour «J». Si évidemment la vôtre(occupation) est d’agiter des gens paisibles, je ne pense pas que vous l’aurez du premier coup dans ce Burundi dirigé aujourd’hui par Nkurunziza, le Peuple me donnera raison ou tort!…

          • nzobandora

            T’es pas surement dérangé mon ami,
            Personne à part irementanya ne conteste son mandat kandi izohera seulement c’est le forcing pour un autre illégal qui cause problème.
            Puis je peux t’avouer que je ne voyait pas votrec parti aussi impopulaire au point d’eparpiller des vouyous armés pour terroriser la population et surement faire un carnage si les résultats des élections ne seraient pas à votre satrisfaction.
            Franchement si le CNDD FDD je ne me suidirais pas pour autant mais cette victoire à tout pris et cette demarche de la terre brulée mec revolte et je ne digère pas qu’il aie un iontellectuel qui puisse le digerer alors que souvent l’issus est souvent different de celui escompté sans parler des dégats.
            Celui qui a dit uwuzokwega intambara izoherera iwe ne croyait si bien dire et surtout en kirundi on dit uwundabundabunda abonwa n’uwuhagaze puis umuntu atinywa ingwe ntatinya iyamwinjiranye.
            A bon entendeur saluto!!!

  10. Piere Claver RUREMESHANGABO

    Je vis au Burkina Faso depuis une dizaine d’années et j’ai tout observé et ce depuis 2011 où le Président avait même fui le palais présidentiel sous pressions de la rue à cause des émeutes dues à la mort d’un étudiant tué par la police lors des manifestations estudiantines de cette année-là. Le Président a été remis en scelle par les Chefs traditionnels et avait promis de ne pas toucher à l’article 37 de la constitution et de s’en aller après son mandat en novembre 2015 mais comme tous les dictateurs il n’a pas tenu promesse (et sous pression de sa famille au premier rang de laquelle son frère François, la matière grise de ce régime-là maintenant déchu…) croyant que son peuple oublierait tout et si vite…! Malheureusement pour lui le peuple n’a rien oublié, au contraire … !

    Certains internautes de ce magnifique site d’échanges et de débats parlent du rôle joué par la communauté internationale dans la chute de Compaoré… ! Ceci est archi-faux. Personne n’est intervenu dans la révolution burkinabé d’il y a 2 semaines sauf l’Ambassadeur de France qui a tout essayé pour que le Président déchu puisse finir son mandat en Novembre 2015 (d’où son intervention mal placée le jeudi 30 octobre tard dans la nuit qui a suscité la colère de la rue et le lendemain plus de 500.000 manifestants se sont dirigés vers le palais de Kosyam où Compaoré, vivait pour le libérer comme ils disaient dans leurs slogans…)
    Sinon, je crois qu’il n’y a pas meilleure communauté internationale qu’un peuple en colère écrasé par une clique au pouvoir au premier rang de laquelle la famille présidentielle qui s’était accaparée toutes les richesses nationales laissant les autres sans rien… !!!

    En résumé, Blaise COMPAORE a été destitué par son ignorance (il vivait dans une tour d’ivoire écoutant des conseillers et des courtisans qui lui racontaient n’importe quoi ou ce qu’il voulait lui-même entendre..) et son entêtement car plusieurs personnes lui avaient demandé de ne pas toucher à l’article 37 mais en vain. Rappelez-vous que le 7 Octobre, Mr Hollande lui avait adressé une lettre lui proposant un poste international (probablement Secrétaire Général de l’OIF : Organisation Internationale de Francophonie dont le chef sera désigné à Dakar à la fin du mois) s’il abandonne son projet de changer la constitution pour rester au pouvoir… ! Il n’a rien voulu entendre à cause de son arrogance….se croyant plus fort et plus malin que son peuple, surtout sa jeunesse massivement au chômage par ailleurs.

    L’armée a laissé faire, écrit la journaliste… ! Je ne suis pas totalement d’accord avec cette phrase. Je rectifierai en disant que l’armée a été forcée de laisser faire. Je m’explique simplement : comment fait-on pour tirer sur près d’1 million de manifestants ? Le président a eu peur des poursuites judiciaires internationales et a donné ordre à sa garde pléthorique (qui, croyez-moi, avait le doigt bien sur la gâchette) de ne pas tirer. L’armée a tiré quelques balles qui ont d’ailleurs fauché plus de 30 jeunes manifestants mais par après son commandement a pris peur et l’a ordonné d’arrêter les massacres des manifestants non armés… car avec tout ce dont on dispose actuellement comme moyens modernes de communication, on sait rapidement qui a fait quoi… facilitant ainsi le travail de la justice internationale très dissuasive en pareilles circonstances.

    Leçon à tirer : nos dirigeants y compris S.E. NKURUNZIZA du Burundi, devraient cesser de faire des coups d’Etat constitutionnel en arguant que c’est le peuple qui les réclame ou que la constitution le leur permet. Par exemple, S.E. NKURUNZIZA sait très bien qu’en mars dernier il a essayé de faire changer la constitution par son Parlement pour légitimer sa candidature aux élections présidentielles de 2015 mais en vain…. ! Néanmoins il répète à qui veut l’entendre qu’il y a d’autres recours possibles, que si son parti le présente comme candidat il acceptera… ! Une question se pose à lui : pourquoi avait-il demandé au Parlement de changer l’article qui limite le nombre de ses mandats à deux ? C’était seulement pour n’accepter que les résultats qui seraient en faveur de ce qu’il voulait ? Non, tout ceci n’est pas sérieux et si S.E. NKURUNZIZA se présente en 2015, il aura fait purement et simplement un coup d’Etat constitutionnel qui pourra être interprété comme tel avec toutes les conséquences qui pourraient en découler. !

    De mon point de vue, ayant vécu la révolution burkinabé en direct, il faut tout faire pour permettre sans violence et pressions de la rue des alternances politiques sur notre continent et c’est possible. Il suffirait de respecter les consititutions de nos pays qui limintent le nombre de mandats présidentiels un point un trait….! Malheureusement ce n’est pas ce que nous voyons ou entendons en commençant par notre propre pays. En effet, quand on reste 10, 15, 20 ans et plus (pour certains..et Compaoré avait demandé 3 mandats ie 15 ans après avoir tenu le pouvoir pendant 27 ans, imaginez-vous????) au pouvoir, non seulement on dépasse rapidement sa phase créative et on devient inefficace et inopérant pour le développment de son pays, mais encore et surtout les courtisans et autres membres de la famille en profitent au maximum et font même des abus à votre nom alors que vous vous n’êtes même pas au courant de leurs agissements nuisibles à votre pouvoir….

    En plus, après autant d’années au pouvoir on développe un sentiment d’impunité et d’indispensabilité (or les cimetières sont pleins de gens indispensables..), de non redevabilité de résultats à personne et on se croit puissant, invincible… ! Compaoré y a cru mais il est parti comme un vulgaire bandit par une porte dérobée de son palais ,qu’il occupait depuis 27 ans..)gâchant près de 30 ans de services à la tête de son pays où, crois-moi, il n’a pas fait que de mauvaises choses loin de là…mais le peuple burkinabé se souviendra surtout de ses dernières heures et de comment il est parti sous sa pression… !.

    A mon humble avis, et comme disent les le Belges, il faut quitter la fête quand on y dense encore. A bon entendeur… salut…

    • nzobandora

      Mon ami,
      malgre votre experience dans ce pays,voit qui veut voire et comprend qui veut et peut comprendre.

    • Yes, l’UPRONA et ses génocidaires sont partis comme Compaoré…. quel mauvais héritage.

      • nzobandora

        Hahahaha
        n’importe quoi!!!!

  11. Jamahaar

    Blaise Compaore etait comme le petit garcon de la classe qui s’agite en faisaint trop de bruits pour se faire remaquer des plus grands.L’homme qui etait devenu incontounable en Afrque de l’Ouest et au-dela comme mediateur de la paix en faisant passer le Burkina Fasso, un des pays les plus pauvres de la planete, pour une place touranante après avoir aide a allumer le feu ou en entrainant des rebelles pour aller plus tard destabiliser leurs propres ;de La Sierra Leone,la RDC Congo a l’Angola en passant par la Cote d’Ivoire, qui lui donne ironiquement de l’asile après sa chute, il le faisait avec la benediction et le soutien des grandes puissances parce qu’on avait besoin de lui pour des raisons de la geo-politique.Il est etonnant qu’il a pu durer si longtemps au pouvoir et n’a jamais meme etait appele temoigner devant la CPI a La Haye dans le proces contre Charles Taylor pour son role dans la guerre en Sierra Leonne alors qu’il etait de notoriete publique que les rebelles sierra-leonnais etaent entraines au Burkina Fasso, dans la base aerienne de Po, a la frontiere avec le Ghana pour aller après semer la mort et desoration en Sierra Leonne avec les coupures de bras aux enfants et femmes de sinister memoire.L’intervention de l’armee francaise pour extriper Blaise Compaore du Burkina dans sa fuite après sa chute en dit long sur ses relations avec l’ancienne metropole pour les services rendus.Le peuple africain doit rester toujours vigilant non seulement pour veiller au respect de la constitution, mais aussi de refuser que leurs dirigeants jouent les roles de cherifs pour le compte d’interets etrangers alors qu’ils s’etaient fait elir pour servir le peuple et fefendre les interets du pays.

  12. GATIMATARE James

    « Abazungu » baramugiriye akantu mbaye une certaine opinion.
    Twibukanye kahise. Thomas Sankara yazize kudapfukamira abazungu . Mugabo rero upfukame canke ureke ni hahandi. Sankara yabwiye Mitterand ko batazokwihanganira abantu bashigikiye intwaro za ba karyanisha miryango(aho Mitterand yaheruka muri Afrique du Sud). Yaramuravye ariyagaza mu mutwe(amasanamu aracariho) aca amubwira mu majambo make ati uracari muto(ntawuzi ko ataciye aja gukina ikarata). OBAMA avuze ati afrique ntikeneye abantu ntahara ahubwo ikeneye inzego zikomeye. Compaore ati izo nzego ntizoboneka abantu ntahara batahari(ntawuzi ko na Obama ataciye aja gukina ikarata)
    Hanyuma Domitien ashaka gutwara transition, Buyoya ntiyashaka kuhava yavuze ngo arakwiye kumenya ko n,abandi bagore bavyara ABAHUNGU.
    Navuze vyinshi mugabo nshaka kubwira Kizigenza ko n’abandi bagore bavyara ABAHUNGU. Arantunga amburane sintukanye.

  13. Uwarugwanye

    L’analyse de cette journaliste hautement professionnelle aurait-il secoué les yeux et les oreilles de Nkurunziza et sa multitude d’avocats? Malheur à celui qui, comme Blaise compaoré au pays des « Hommes intègres », prendrait toujours le peuple burundais pour un troupeau de moutons à égorger éternellement. Qu’il se prépare à bloquer l’ouragan populaire qui gronde depuis 2010 dans les collines du pays des mille collines.

  14. Bernard Ndayisenga

    What a wonderful literature!!!!! Merciiiii pour ce travail Iwacu!!!!!!!!! I am becoming very interested to read more about Burkina Faso

  15. BUSORONGO

    Tout ceci est bien raconte. On dirait qu’on lui faisait des rapport veridiques de l’avancement des actions. Mais nulle part on evoque l’action de la « communaute internationale » . Or tout le monde voit tres bien son ingerence. L’armee francaise est venue evacuer Braise et sa famille. Avait elle eu le consentement des manifestants?
    Il y a ce paternalisme ambiant qui est la et qui fait et defait les pouvoirs et le petit peuple croit avoir raison. Neni! L’armee etait, reste et restera au pouvoir car elle sert bien cette communaute internationale. Si ce n’etait pas ca Blaise serait a cote de Sankara quelque part dans l’au dela!
    Pour ce qui est des impacte sur le Burundi mes chers journalistes continuer a attiser le feu. Hari ho uzova iwanyu wakire iwanyu kandi unahazimire. Voulez vous nous dire que les bourkinabais vivent mieux qu’avant? N’avez vous pas vu ce qui s’est passe avec l’Etat libyen? La tunisie ne vous sert pas d’exemple? L’Egypte ne souffre pas maintenant? Quelle revolution voulez vous? Pour que certains d’entre vous ayez des porte feuilles ministeriels et le reste creve de faim?

    De grace ne revoltez pas notre peuple!

    • nzobandora

      BUSORONGO,
       »la détention de la carte du parti présidentiel CDP étant devenue un attribut incontournable pour l’évolution sociale et donc matérielle. »

       »Les détenteurs d’une carte du CDP sont effectivement nombreux car l’évolution sociale, professionnelle, et donc matérielle des individus, qu’il s’agisse de fonctionnaires ou du milieu des affaires, était liée à l’allégeance politique au parti présidentiel. Ce qui signifie que de nombreux militants du CDP l’étaient par intérêt personnel et non par conviction. »
      IYO SITUATION NTA GIHUGU UYIZIMWO?
      Puis ta mise en garde devrait plutot etre dirigée contre nos dirigeants car ils savent ce qu’il ne faudrait pas faire pour frustrer le peuple car je partage ton souhait plus jamais la guerre au Burundi mais avec les milices éparpillées ici est là c’est mal parti et je suis aussi d’accord avec toi ABAZOWATSA VY’UKURI BAZOWOTE BONYENE

    • KABADUGARITSE

      Bien observé.-

    • BARAMPAMA JEAN

      @Mr BUSORONGO,

      Cessez de raconter des histoires. Je vis au Burkina depuis une dizaine d’années et on a tout vu venir..! Cessez d’accuser la communauté internationale (un vague mot qui, à mes yeux, ne veut reine dire….pouvez-vous nous dire qui exactement???) car il n’ya pas plus communauté internationale q’un peuple assigégé par une clique de gens au pouvoir qui s’accapre de toutes les richesses antionales laissant tout le reste de la ppopulation sans rien..! La familel présidentielle, surtout son frère François Compaoré était la substance grise de ce régime qui est tombé par ignorance (de ce qui se passait réellment dans le pays en termes de son impopularité jusqu’aux villages les plsu reculés du Burkina) mais aussi apr entetement car le pouvoir rend fou…! Oui, l’Ambassadeur de France a tenté quelque choise en faveur de Mr COMPAORE pour l’aimpopfamile présidenteille NN2ES ET ON A TOUT VU VENIR

    • BARAMPAMA JEAN

      @Mr BUSORONGO,

      Cessez de raconter des histoires. Je vis au Burkina depuis une dizaine d’années et on a tout vu venir..! Cessez d’accuser la communauté internationale (un vague mot qui, à mes yeux, ne veut reine dire….pouvez-vous nous dire qui exactement???) car il n’ya pas plus communauté internationale q’un peuple assigégé par une clique de gens au pouvoir qui s’accapre de toutes les richesses antionales laissant tout le reste de la ppopulation sans rien..! La familel présidentielle, surtout son frère François Compaoré était la substance grise de ce régime qui est tombé par ignorance (de ce qui se passait réellment dans le pays en termes de son impopularité jusqu’aux villages les plsu reculés du Burkina) mais aussi apr entetement car le pouvoir rend fou…! Oui, l’Ambassadeur de France a tenté quelque choise en faveur de Mr COMPAORE pour l’aimpopfamile présidenteille NN2ES ET ON A TOUT VU VENIR

      • @ Jean,
        Ouvrez tes yeux pour voir cette communauté internationale. Elle nous donne des miettes pour après nous diviser afin de prendre la part du lion. Tu peux laisser de le comprendre si tu es hanté d’avoir le pouvoir mais un jour quand tu seras sur cette chaise que tu veux , tu le comprendras. Ces gens ils n’ont pas d’amis. Mobutu est parti, Compaoré est parti, Bagbo est parti et kagame et Museveni vont partir aussi. une chose est sure , ce que cette communauté internationale a peur, c’est le peuple uni. demandes à Buyoya il te le dira car il a une grande expérience en cela.

    • lecteur14

      De quoi tu as peur? Les journalistes ne font qu’annoncer les nouvelles!

    • KABIZI JEAN CLAUDE

      @BUSORONGO,

      Mon Dieu, que racontez-vous? On vous demande des arguments s’il vous plaît et des arguments qui tiennent la route, pas des menaces proférées à l’endroit des journalistes d’I Wacu et autres internautes qui ne pensent pas comme vous..! Pour vous donc la Tunisie, l’Egypte, la Libye n’étaient que des paradis sur terre avant la chute des dictateurs qui dirigeaient ces pays d’une main de fer depuis plusieurs décennies déjà ? Oui, Monsieur/ Mme, quand on est aux ordres, en service commandé d’un certain P.NKURUNZIZA qui s’apprête à violer la constitution de son pays pour se présenter illégalement aux élections de 2015 (la constitution burundaise qu’il a essayé de faire changer mais en vain par son Parlement le lui interdit) on est dans l’obligation de faire des déclarations incorrectes et à l’emporte-pièce sans aucun argumentaire pur expliquer…. !
      Ce qui s’est passé au Burkina Faso est loin de ce que vous écrivez sur ce site, cher Monsieur/Mme. Le peuple burkinabé s’est levé et a chassé un dictateur qui, après 27 ans au pouvoir, s’apprêtait à manipuler la constitution de son pays pour garder ce même pouvoir pendant encore 15 ans i.e. 3 mandats successifs…jusqu’en 2030 !
      Il y a des similarités, je crois, entre ce que S.E.NKURUNIZA est en train de concocter pour le peuple burundais et ce que Mr COMPAORE a tenté de faire dans le pays des Hommes Intègres je crois… ! Evidemment, on connait, l’argumentaire (c’est comme cela que tous les dictateurs commentent une révolution dans un autre pays) qui sera le vôtre bientôt : le Burkina Faso n’est pas le Burundi. Ceci serait très simpliste car d’autres avant vous ont tenté les mêmes explications faciles, je crois… !
      Commentant les conseils du Président B.Obama qui répète depuis son discours d’Accra en 2010 que l’Afrique n’a pas besoin d’Hommes forts mais d’Institutions fortes, Mr COMPAORE disait au mois de septembre dernier qu’il n’y avait pas d’Institutions fortes sans Hommes forts… !! Il parlait de lui-même évidemment, home providentiel pour le Burkina Faso depuis 27 ans… ! Le peuple l’a démenti quelques semaines plus tard et l’a chassé comme un malpropre de ce pouvoir-là dont il était devenu purement et simplement insatiable… !!!
      J’allais dire que S.E.NKURUNZIZA devrait en tirer une bonne leçon mais malheureusement tous les dictateurs n’apprennent jamais de leçons de qui que ce soit ni de l’histoire d’ailleurs… ! Ils se suivent et se ressemblent et partent pratiquement toujours tôt ou tard dans les mêmes circonstances! A bon entendeur salut… !

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