Au moment où le choléra fait des ravages dans presque toutes les communes de la mairie de Bujumbura, la population rencontrée dans certains coins de la capitale relativise les choses : "[Ntaco->http://iwacu-burundi.org/spip.php?article3216], ce n’est pas seulement cette maladie qui tue ! "
<doc7776|left>Mardi 16 avril. Il est 9 heures. A 5 mètres du marché de Jabe, une montagne d’immondices vous coupe la vue. Des saletés avec une odeur suffocante, des mouches grouillent de partout. Pourtant, trois jeunes hommes fouillent les ordures pour y trouver les restes de nourriture. Ils y trouvent aussi des particules du charbon. C’est de cette façon qu’ils gagnent leur vie. Au moment où certains demandent aux services de la municipalité (Setemu) de vider ce lieu, pour eux, au contraire, il n’en est pas question : « Où allons-nous trouver de quoi manger après ? »
Aux alentours, les affaires ne s’arrêtent pas pour autant : « Nous devons tenir parce que ce n’est pas seulement le choléra qui tue. Si je ne viens pas ici, la famine ne va pas avoir pitié de moi et de mes enfants », précise une femme qui fait le commerce du thé à quelques deux mètres du tas de saletés à l’ouest du marché.
A côté d’elle, de jeunes garçons vendent des beignets et des ananas prêts à être consommés. Des vendeuses présentent à leurs clients des tomates, oranges, avocats,… tout au long de la route vers le quartier Jabe.
Jackson Tuyisabe, le commissaire du marché Jabe, souligne qu’il essaie de rappeler ces gens à la propreté "mais en vain". Il indique même qu’il avait ordonné à toute personne faisant du commerce tout près de cette montagne d’ordures d’évacuer les lieux. Sans succès. Alors il se rabat sur le Setemu : "Qu’il décharge les déchets au moins deux fois par semaine !"
M. Tuyisabe reconnaît que la responsabilité en revient à l’administration et aux chargés de l’hygiène afin de protéger la population. Sinon, précise-t-il, la situation peut empirer.
Même son de cloche du côté de la population qui rappelle que même les latrines sont insuffisantes à ce marché qui a récemment pris de l’ampleur puisque plusieurs anciens commerçants du marché central de Bujumbura ont migré à Jabe.
A Kinama, les toilettes sont hors d’usage
Au nord du marché de Kinama, c’est le dépotoir avec les poubelles en provenance des quartiers environnants qu’on y décharge. Des vendeuses ont installé leurs stands de patates douces, manioc, d’avocats,… presque à un mètre de ces saletés. Comme ce marché vient de passer plus d’une année sans toilettes publiques fonctionnelles, certains brigands ne se gênent pas. Ils se soulagent à côté d’une « montagne » de déchets autour du marché. Un mélange hétérogène de ces éléments dégage une odeur proche de l’ammoniac.
Les tas de saleté se trouvent aussi aux marchés de Kamenge, Ngagara, au centre-ville derrière le Palais des Arts et de la culture, près de la route pavée en face l’église Saint Michel, etc.
Et pendant ce temps, [les infirmiers continuent leur mouvement de grève->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article5327]. A l’hôpital Prince Régent Charles, on signale deux nouveaux patients de choléra …