Ils sont sommés de vider les lieux de l’ancien marché et de joindre les autres dans le nouveau installé dans le quartier Kajiji à Kanyosha. Mais ces derniers ne l’entendent pas de cette oreille.
«Nous sommes toujours aux aguets afin de sauver nos marchandises. Depuis que nos collègues du nouveau marché se plaignent que nous raflons tous les clients, il nous est difficile de vendre nos marchandises. Nous nous livrons au jeu du chat et de la souris avec les policiers. Ils peuvent débarquer d’un moment à l’autre pour nous chasser de ce lieu ou confisquer nos biens», s’indigne une vendeuse de tomates à l’ancien marché de Kanyosha.
Elle indique que depuis ce vendredi, 1 avril, elles sont toujours en insécurité. Leurs marchandises sont souvent renversées voire saisies par la police. «Elle a saisi ce matin toutes mes marchandises constituées de tomates, poivrons, carottes, feuilles de manioc et des oignons, équivalant à plus de 50 mille Fbu», se plaint une d’entre elles.
Même constat chez Inamahoro, une autre vendeuse de légumes. Elle ne sait plus à quel saint se vouer. Ces marchandises ont été saisies aussi par la police ce lundi, 4 avril. Et d’ajouter : « Dieu seul sait le sort qui nous est réservé. C’est à peine que nous ayons un revenu de plus de 1000 fbu par jour vu l’ampleur des charges familiales. C’est impossible pour nous de déménager vers ce nouveau marché installé loin de nos ménages car cela demande aussi des moyens de déplacements et des frais d’installation».
Ces vendeuses ambulantes ne demandent que d’être traitées avec humanité. «Nous sommes prêts à payer toutes les taxes pourvu que nous restions tout près de l’ancien marché auprès de nos clients», précise l’une d’entre elles.
Tous les anciens marchés doivent être dégagés
Depuis que certains marchés en marie de Bujumbura sont en train d’être réhabilités, tous les commerçants ont été installés dans d’autres endroits pour faciliter les travaux. Mais la plupart des vendeurs ayant des stands en dehors du marché sont restés bravant l’ordre de vider les lieux. «IL nous est demandé de partir alors que nous nous acquittons régulièrement des taxes», s’étonne un commerçant de quincaillerie installé tout près de l’ancien marché de Kanyosha.
Avis partagé par son collègue qui vend des articles divers en boutiques . «Ça serait injuste qu’on nous chasse alors nous n’avions même pas des stands dans le nouveau marché. C’est à peine que nous ayons des clients et voilà que nous serions obligés de reconstruire d’autres stands. Nous risquons de tomber en faillite».
Christophe Kinshasa, conseiller économique de la mairie n’y va pas par quatre chemins. «S’ils veulent être considérés comme des commerçants, ils doivent s’installer dans ces nouveaux marchés. Comme ils ne sont pas enregistrés, ils n’auront pas de stands dans les marchés réhabilités».
Ce cadre de la mairie indique que cette mesure concerne aussi tous ces commerçants qui ont érigés des stands tout autour de ces anciens marchés. « Ils doivent partir pour trouver de la place dans les marchés provisoires », insiste-t-il.
Pour lui, cela serait injustice de les laisser s’installer dans ces lieux alors qu’ils devraient exercer dans les mêmes conditions que les autres. « Qu’ils sachent que la police ne va pas leur faciliter la tâche. Ils doivent rejoindre les autres de gré ou de force. »
Ce conseiller économique de la mairie fait savoir qu’il est prévu prochainement une réunion pour les sensibiliser sur cette nouvelle mesure.
N’y aurait-il pas plus important que poursuivre des gens qui ne cherchent qu’à survivre? Car les agents de la Mairie, du secteur économique en particulier, eux, vivent.-