Un an après la rouverture du marché de Jabe, plusieurs stands restent fermés. Sur 2500 places que compte le marché, environ 1.500 ne fonctionnent pas.
Lundi 5 août, il est 14h au marché rénové de Jabe, rouvert en septembre 2018. Le marché est peu mouvementé. Les commerçants semblent s’ennuyer. Dans plusieurs couloirs, rien ne bouge. Les stands sont fermés.
Allongée par terre, une jeune commerçante somnole. Elle tient un kiosque de vêtements pour enfants, au milieu d’un couloir qui compte une centaine de stands, tous fermés. Cette mère confie qu’elle passe facilement toute une semaine sans recevoir aucun client. C’est à peine si elle empoche 30 mille BIF par mois.
A quelques mètres, dans un espace réservé aux articles vestimentaires, une dizaine de commerçants, apparemment désœuvrés, forment un groupe, parlant de tout et de rien. Contrairement aux autres marchés où tout passant devient « tantine, tonton, chérie… », la situation est toute autre à ce marché de Jabe. La rareté de la clientèle saute aux yeux.
« Si nous avions des moyens, nous serions partis depuis longtemps », lance un vendeur de chaussures. » Trois autres commerçantes se déchaînent : « On s’endort, on se réveille… pas d’activités ici. » Elles indiquent perdre énormément en investissant dans ce marché. Pire, ces commerçants continuent à payer les taxes.
Un vendeur explique ce vide par l’attribution des stands à des personnes qui n’exercent aucun commerce. Ces dernières veulent vendre leurs places. Il dit avoir acheté un stand à un particulier.
Le commerce des chaussures jadis plus florissant
Le représentant des commerçants du marché de Jabe, Apollinaire Ngendanzi, affirme que sur 2500 stands, environ 1.000 fonctionnent. « Tout le reste est fermé».
D’après lui, le commerce le plus florissant dans ce marché était celui des chaussures de seconde main. Plus de 50% des commerçants avaient investi dans ce business. C’est particulièrement celui-là qui faisait avancer le marché, selon ce représentant.
Avec la réhabilitation du marché, explique-t-il, nombreux se sont installés au marché dit « Kwa Siyoni ». Ils ne veulent pas revenir. « Seuls ceux qui occupaient le marché provisoire de Jabe sont revenus ».
Il demande à l’Etat de faire revenir, par force s’il le faut, les commerçants qui sont restés au marché « Kwa Siyoni » pour raviver ce marché de Jabe, jadis très mouvementé.
Pour lui, il est dommage que les marchés privés soient plus achalandés que les marchés publics. « Il faut que les autorités fassent un effort pour convaincre les occupants de regagner le marché ».
Nous avons essayé de contacter, sans succès, la mairie de Bujumbura.
Bwiza ou le marché de chaussures
Les abords des rues pavées de la zone Bwiza se sont transformés en marché de chaussures de seconde main.
Dans la soirée, la 3e avenue du quartier Bwiza, au centre de la mairie de Bujumbura, est encombrée par le commerce de chaussures. Etalées à même le sol, elles s’imposent par leur nombre et leur variété. Il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses.
Ce lundi 5 août, vers 19h, de jeunes femmes, pour la plupart, quelques hommes… venus de tous les coins de la capitale économique, prennent leur temps à essayer différents modèles de chaussures. Certaines sont de passage, d’autres se sont déplacées de leurs quartiers éloignés, à la recherche des chaussures « bon marché et de qualité ».
Certaines sont étalées devant des boutiques où elles sont conservées, d’autres devant des habitations. Les propriétaires de ces maisons ne semblent pas le moins du monde gênés par ce mouvement. C’est plutôt un avantage pour le voisinage qui n’a pas à se déplacer en ville ou ailleurs, confiera une voisine.
Une jeune femme vient d’acheter une paire de chaussures à talons. Elle vient du quartier 9 Ngagara, à environ 4 km de Bwiza. Mine satisfaite, elle confie qu’elle s’est déplacée juste pour cette seule paire, moins chère qu’ailleurs. « Je viens de l’avoir à 10 mille BIF contre 15 à 20 mille en ville. Tu vois combien c’est joli ! », se targue-t-elle, brandissant un soulier.
Deux autres jeunes femmes disent venir du quartier Kibenga, au sud de la capitale. Bwiza présente un même attrait pour tous ces citadins : de belles chaussures moins chères.
S’installer dans un marché, un luxe
Aux alentours de ce « marché », des vendeurs ambulants de chaussures s’aperçoivent, évitant de s’approcher de l’endroit. D’après ces derniers, il leur est interdit de vendre les mêmes articles sur la même place que ces commerçants qui étalent et paient des impôts. « Ils nous en empêchent».
Anicet, l’un des plus anciens commerçants exerçant sur cette 3e avenue, parle d’un commerce de chaussures qui date de très longtemps. Plus de 10 ans. Et de souligner que ces vendeurs ne proviennent pas du marché de Jabe comme certains le pensent.
D’après lui, ils ont commencé un à un. Au fil du temps, le nombre s’est accru. « Et nous payons des taxes régulièrement », fait-il savoir en montrant de petits bouts de quittances accrochés au mur d’une boutique.
Pendant la journée, explique Anicet, les chaussures restent dans les boutiques ouvertes. Ce n’est que plus tard dans la soirée, à partir de 18h, qu’elles sont étalées sur les bords de la rue « pour attirer la clientèle ».
Ces commerçants indiquent qu’ils sont là faute d’avoir les moyens de s’offrir une place dans un marché. « Parfois, ces articles sont partagés à deux, trois vendeurs. Ce qui est impossible au marché », fait-il remarquer, montrant un tas d’une vingtaine de chaussures.
Outre ce business de chaussures florissant à Bwiza, le commerce de vêtements n’est pas en reste.