Vendredi 22 novembre 2024

Économie

Marché de Kinama : pleurs des commerçants

14/01/2020 Commentaires fermés sur Marché de Kinama : pleurs des commerçants
Marché de Kinama : pleurs des commerçants
Les tentes érigées pour protéger les marchandises de la pluie.

Les marchandises endommagées par la pluie, manque de clients, des loyers exorbitants… Les commerçants du marché de Kinama souffrent. Le commissaire du marché promet que leurs stands seront couverts d’ici peu.

11heures, nous sommes au marché rénové de Kinama. A L’entrée, un mouvement de va-et-vient intense. A l’intérieur, des légumes, des fruits, des poissons sont étalés juste à l’entrée du marché.

Les tentes se remarquent au-dessous de plusieurs stands. Les commerçants rencontrés se lamentent. « Regardez. Les stands sont très étroits. Ils ne peuvent pas abriter nos produits.», déplore Juma.

Pour trouver un peu d’espace, comme lui, plusieurs d’entre eux ont été contraints d’étaler leurs articles devant leur stand et les marchandises bloquent parfois le passage.

M. Juma confie que ces tentes ne protègent pas bien leur produit. Nous sommes obligés de rentrer les articles dans les stands quand il pleut. « C’est un exercice gênant et épuisant »

A côté de lui, un autre commerçant surgit. Il se fâche. « Nous sommes vraiment malheureux. Lorsqu’il pleut, je dois perdre quelques kilos de farine. » Il témoigne avoir perdu beaucoup d’argent à cause de la pluie qui a endommagé la farine de manioc, du blé et du maïs.

Un autre collègue, John, fait savoir que rien ne peut expliquer la lenteur observée dans la construction des stands. Car, plusieurs commerçants ont versé déjà la somme exigée « Par exemple, j’ai payé au mois de septembre. » Il se demande pourquoi l’entreprise Alubuco qui a gagné le marché traîne les pieds.

C’est déplorable, fustige ce commerçant, la construction se fait en désordre. Normalement, l’entreprise doit achever les stands des commerçants par l’ordre de paiement. A titre d’exemple, celui qui a payé au mois de septembre devrait être servi avant celui d’octobre. Ici, c’est le contraire. Ceux qui ont versé l’argent après, leurs stands sont bien construits.

Cet homme d’affaires dénonce le manque de transparence et la corruption. Personne ne sait les critères pris en compte pour achever un tel stand et pas un autre en face. « Les commerçants qui ont offert le pot-de-vin aux maçons leur marchandise sont à l’abri».

Ce commerçant ne cache pas son angoisse. « Toutes les deux semaines, je dois acheter une nouvelle tente pour protéger mes articles.» Il confie qu’il a acheté une tente de 40 000 BIF.

Le loyer exorbitant

Trois mois après sa réouverture, certains commerçants font savoir qu’ils travaillent à perte. Raphael Ndikumana ne mâche pas ses mots. « Je ne gagne aucun sou depuis la réouverture de ce marché ». Désespéré, ce commerçant indique qu’il encaissait un bénéfice variant entre 100 000 et 150 000 BIF par mois.

Pour lui, le loyer de stand exorbitant est la principale cause de ses pertes. « Je paie 150 000 BIF par mois alors qu’avant de déménager ici, je payais 50 000 BIF. » Avec ce tarif, explique-t-il, toute la marge bénéficiaire ne sert qu’à couvrir le loyer.

Elias Sindayigaya, commerçant, ne comprend pas pourquoi chaque mois il paie le veilleur : « Je dépense 4000 BIF par mois. C’est une charge supplémentaire.»

Selon lui, la mairie doit payer les veilleurs. « Le marché est une propriété de la mairie de Bujumbura. » En échange de la taxe perçue, elle doit assurer la sécurité des marchandises des contribuables.

Manque de clientèle

Louis, un autre commerçant se lamente. Son activité est au ralenti. Il manque de clients. « Ils viennent à compte-gouttes. »

D’après lui, avec la réhabilitation de ce marché, de nombreuses boutiques ont été installées aux alentours, « détournant » ainsi leurs clients.

Cependant, certains commerçants ont été prudents. Ils ont préféré rester à l’extérieur du marché. D’autres se sont retournés à l’intérieur. Ils en font les frais. « Quelques-uns ont déménagé après un mois faute de clients. Ils se sont réfugiés au marché dénommé Cotebu. » »

Ce jeune homme, vendeur des vivres ne cache pas son désarroi. A ce rythme, nous ne pourrons pas tenir. Nous serons contraints de fermer les portes.

Le commissaire du marché tranquillise

Désiré Ndikumana, commissaire du marché de Kinama reconnaît que suite aux fortes pluies, les commerçants ont du mal à protéger leurs marchandises. Ce dernier tranquillise. « L’entreprise qui a gagné le marché est à l’œuvre. Les stands de ceux qui ont payé seront couverts de toit d’ici peu. » Il appelle les commerçants à patienter. Car, tout le monde ne peut pas être servi en même temps.

Au sujet de plusieurs stands fermés, il précise que leurs propriétaires n’ont pas encore déménagé. Ils sont encore là où ils s’étaient installés lors de la réhabilitation du marché. Et d’ajouter qu’ils attendent de terminer la totalité de frais de loyer.

Ce responsable du marché fait savoir qu’il ne peut pas s’ingérer dans l’affaire des propriétaires des stands et des commerçants locataires. Ces derniers sont liés par un contrat de location. Lorsqu’un commerçant constate qu’il paie un loyer élevé, ce dernier renégocie le contrat.

Pour rappel, le marché de Kinama, en commune urbaine de Ntahangwa, au nord de Bujumbura mairie, fait partie des sept marchés urbains qui ont été réhabilités. Il a rouvert ses portes en août dernier et dispose de plus de 2.050 stands.

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