Un bras de fer oppose deux comités dont l’un a été nommé par le maire de la ville. Les commerçants du marché de Kinama ont observé un mouvement de grève, lundi le 25 novembre, pour protester contre « une ingérence ».
M.P., vendeur de poisson au marché de Kinama, est catégorique : « Nous n’accepterons jamais que le maire nous impose un comité, alors que le nôtre remplit très bien sa mission. »
Selon lui, l’attitude du maire ne vise qu’à donner le contrôle du marché à un groupe de gens proches du parti Cndd-Fdd pour qu’ils distribuent des stands à ses membres : « Ils ont toujours voulu des places dans ce marché et pour les avoir, ils doivent remplacer le comité existant car il constitue le dernier rempart. »
Tout commence au mois d’août dernier avec une réunion d’un groupe d’Imbonerakure, renchérit G.T., un autre commerçant sur place. D’après lui, cette réunion était dirigée par un certain Joseph Miburo, qui possède une boutique à l’extérieur du marché et Jean Butoyi, président du Cndd-Fdd au marché de Kinama.
Ce jour-là, soutient ce vendeur d’habits, la réunion se déroule à l’intérieur du marché près du bureau du commissaire du marché. Mais à sa grande surprise, la plupart des participants ne sont pas des commerçants.
Des Imbonerakure règnent en maîtres
Pour arriver à leur fin, affirme Jelly Kandeke, président du comité reconnu par les commerçants, ces Imbonerakure ont mené une campagne de diabolisation contre ce comité. « Ils ont cherché à dresser certains commerçants contre nous pour qu’ils nous accusent d’extorsion d’argent, mais ceux-ci ont refusé. »
Le 27 septembre, une lettre du maire de la ville tombe. Il informe aux membres du comité reconnu par les commerçants qu’ils sont considérés comme membres du comité provisoire et les invite à organiser des élections pour un nouveau comité dans les meilleurs délais. Le maire leur explique que le délai réglementaire du comité actuel a expiré. Il conclut sa correspondance en désignant Joseph Miburo, Jean Butoyi et Déogratias Niyonzima pour assurer respectivement la présidence, la vice-présidence et le secrétariat du comité.
Le 7 octobre, les commerçants du marché de Kinama adressent à leur tour une correspondance au maire de la ville pour lui signifier qu’ils n’acceptent pas le nouveau comité qu’il a désigné.
Le 22 novembre, ces commerçants se réunissent pour étudier la démarche à suivre. Joseph Miburo, Jean Butoyi et un groupe d’Imbonerakure débarquent et leur intiment l’ordre de suspendre la réunion. Ils leur exigent d’aller d’abord demander la permission à l’administrateur communal. « Nous avons l’obligation d’informer seulement le commissaire du marché car cela relève d’une gestion interne du marché », signalent-ils.
Une forte méfiance
Le 25 novembre, les commerçants ont décidé de fermer leurs kiosques. D’après les membres du comité reconnu par les commerçants, seuls des kiosques appartenant aux membres du parti au pouvoir étaient ouverts.
Nous avons contacté Joseph Miburo, le président du nouveau comité installé par le maire, sans succès. Toutefois, une source proche de lui exhorte tous les commerçants à reconnaitre le nouveau comité en attendant la tenue des élections. Mais la partie adverse ne l’entend pas de cette oreille.
D’aucuns estiment que cette situation pourrait conduire au pire tant la méfiance est forte entre les deux groupes. « Nous avons des informations faisant état d’une liste de membres de notre comité qui seront arrêtés. Des gens sont battus, le soir, par ces Imbonerakure à l’intérieur du marché », confie Jelly Kandeke.
Il demande que ces intimidations cessent et affirment que les commerçants ne se laisseront pas faire. Contactée, la mairie indique que la question est à l’étude.