Les commerçants déplorent le retard enregistré dans sa réouverture. Désiré Ndikumana, commissaire dudit marché, se veut rassurant.
Le désespoir et la lassitude se lisent sur les visages des commerçants. Depuis les retards intempestifs de sa réouverture, ils ne cachent pas leurs ras-le bol. « Plusieurs promesses non tenues par la mairie », clament-ils.
B.N., une vendeuse des pagnes rencontrée dans le marché provisoire de Kinama, ne mâche pas ses mots : «Tout simplement, la mairie nous a trahies ! Plus d’une année que la liste des commerçants disposant des stands est connue. Mais depuis, nous attendons toujours la réouverture.»
Cette commerçante a fini par louer un stand à son collègue pour un montant de 50 mille BIF. Lors de l’attribution des stands, elle n’a pas pu avoir une place. Toutefois, elle continue de payer la taxe municipale mensuelle de 12 mille BIF. Et de faire savoir qu’il y a dix mois, elle a payé la totalité des frais pour la construction de son stand.
Situation similaire pour Mme Ndayisenga. Cette vendeuse de bananes indique que ses bénéfices ont considérablement diminué. Dans l’ancien marché, elle gagnait facilement 3oo mille BIF par mois. Aujourd’hui, ses bénéfices atteignent à peine 100 mille BIF. «Nos clients préfèrent aller dans les autres marchés.». Quand il pleut, raconte-t-elle, c’est le calvaire. Les eaux de pluie inondent les stands. Certains deviennent même inaccessibles.
Manque de transparence
T.K., une autre commerçante, fustige les motifs avancés par la mairie pour justifier le retard de la réouverture de ce marché réhabilité : «Ce sont des mensonges fabriqués de toutes pièces.» Elle trouve que les difficultés financières avancées par les autorités municipales ne sont pas fondées. « La preuve en est que certains stands ne sont pas encore construits, alors que leurs propriétaires ont payé la totalité ».
D’âpres elle, la commission chargée de l’attribution des stands dans les marchés réhabilités en a attribué aux autres plutôt que les vrais acquéreurs. « Une diversion. Parce que certains ont même reçu plus de dix emplacements ». Après la publication des listes, indique-t-elle, les anciens occupants du marché de Kinama n’ont pas tardé à réclamer leurs stands. La mairie a été obligée de corriger ces imperfections. Une opération qui a duré plusieurs mois.
Cette commerçante assure qu’elle s’est acquittée de la totalité de ses frais de stands, il y a 8 mois. Avant de lâcher désolée : « Jusqu’à maintenant la mairie n’a pas encore construit mon emplacement ».
Par ailleurs, elle déplore que les frais de construction des stands exigés par la mairie soient exorbitants. « La construction d’un stand s’élève à 690 mille BIF, une somme, compte tenu de la conjoncture actuelle que très peu de commerçants sont capables de se procurer ».
Pascal Kayoya, un autre commerçant croisé audit marché, ne décolère pas, suite aux loyers exorbitants. Rien que pour les tablettes, leur loyer est passé de 6 000 BIF à 8 000 BIF, de 6 000 BIF à 10 000 BIF pour les emplacements non couverts. Quant à celui des échoppes, celle de 2m sur 2m est passé de 12 000 BIF à 25 000 BIF. La mairie a fixé à 35 000BIF celui d’un stand de 4m sur 4m, alors que pour celle de 5m sur 5m, les commerçants devront payer 45 mille BIF. Ce commerçant estime que la mairie devrait revoir les frais de loyer de ces stands.
La direction du marché rassure
Face à ces allégations, Désiré Ndikumana, commissaire du marché de Kinama, tranquillise : « Qu’ils soient rassurés. Le marché rouvrira fin février. Les autorités municipales font tout pour débloquer la situation.»
Il explique que la réouverture de ce marché a été retardée par le manque de moyens financiers. Après la réhabilitation, justifie-t-il, la mairie a exigé de tous les commerçants de construire leurs stands à partir des tôles métalliques.
Il fait savoir que la société ALUBUCO a gagné le marché. Cette société a demandé aux commerçants de s’acquitter d’un montant de 270 mille BIF. « Pour le moment, seuls 124 commerçants ont déjà payé la totalité de leurs obligations ». Il fait savoir que cette situation a mis à mal les activités de la société ALUBUCO. Cette société voulait au départ, indique-t-il, construire systématiquement les stands quartier par quartier.
Pour faciliter les commerçants, rappelle-t-il, la mairie a autorisé aux commerçants de payer 170 mille BIF de caution. « Après quoi, ils rembourseront le reste progressivement ».
Toutefois M. Ndikumana reconnaît que les lamentations des commerçants sont fondées : « C’est vrai que l’affluence des clients n’est pas la même qu’avant la réhabilitation.» Il fait remarquer que certains stands deviennent inaccessibles en période de saison pluvieuse. Et aussitôt d’ajouter : « Les taxes municipales perçues dans ce marché ont aussi diminué.»
Le commissaire du marché de Kinama assure qu’après réclamation, 202 commerçants ont reçu un stand.
Pour rappel, le marché réhabilité compte 1339 kiosques, 120 anciennes échoppes, 62 nouvelles échoppes, 37 grandes échoppes, 69 échoppes réservées à 3 commerçants. Cette infrastructure compte aussi 10 hangars constitués de plus de 400 emplacements.