La mairie exige aux commerçants de construire des stands en tôle et de vendre leurs produits inflammables à l’extérieur du marché. Une mesure jugée inappropriée par les concernés.
Dans la commune urbaine de Kamenge à la 6ème avenue du quartier Songa, en bas de la route macadamisée, un brouhaha venant du marché s’entend. Pourtant, des commerçants ne sont pas en train de vendre comme à l’accoutumée. Ils s’activent plutôt à démolir leurs stands en bois pour faire rentrer leurs marchandises dans le nouveau marché moderne. Celui-ci a ouvert ses portes, ce lundi 10 novembre.
Pendant ce temps, leurs collègues observent de loin, tout en ne sachant pas quoi faire. L’ordre est formel : tout le monde doit avoir quitté l’emplacement qu’occupait le marché provisoire. Personne n’a le droit d’y vendre quoi que ce soit à partir de ce mardi 11 novembre. Seulement voilà, tous n’ont pas les moyens d’aménager des stands en tôles en si peu de temps.
D.P., vendeur de divers articles au marché de Kamenge, n’y va par quatre chemins : « Cette décision est une épine dans le pied pour les commerçants qui n’ont pas de moyens mobilisables tout de suite. »
Entre 700 à 800 mille Fbu pour un stand d’un mètre et demi
Un tel stand demande au moins 15 tôles de 36 mille Fbu chacun, 15 tubes de 13 mille Fbu chacun, des baguettes pour la soudure, des disques et un poste à souder à louer au marché à 30 mille Fbu la journée. « Un stand d’un mètre et demi demande au moins entre 700 et 800 mille Fbu. » En plus de cela, fait savoir ce père de quatre enfants, il faut bétonner ce stand et acheter des planches à y aménager. Pour lui, la mairie devrait revoir cette décision ou bien donner plus de temps aux commerçants.
Candide Kazatsa, porte-parole de la mairie est formelle : « Tous les commerçants doivent construire leurs stands en tôle. C’est une mesure que nous avons arrêtée en collaboration avec les responsables de la police de la protection civile. » Selon elle, cette mesure permet de prévenir d’éventuels incendies.
« Le terrain s’effondre…»
Un autre problème se pose : l’interdiction de vente de certains produits à l’intérieur de ce marché. Il s’agit notamment de l’huile de palme et d’autres huiles. Un coin, aménagé en extension, tout près de la rivière Nyabagere, a été consacré à la vente de ces huiles. Ici aussi la sécurité semble guider cette décision : la protection du marché contre des incendies.
Or, les vendeurs de ces huiles estiment que cette rivière constitue une menace et que cette extension ne tiendra pas. « Le terrain s’effondre au jour le jour à cause des pluies. Nos produits partiront un jour avec les eaux parce que l’endroit choisi n’est pas approprié. » Face à ces inquiétudes, les responsables de ce marché confient que les services de la mairie ont un projet de planter des arbres et de clôturer le marché avec des métaux.
Cela ne rassure pas du tout ces commerçants car disent-ils, le Code de l’Eau prévoit 25 m de distance entre une rivière et une infrastructure. Or l’espace laissé entre la rivière et le marché est moindre. Certes le marché moderne a ouvert ses portes, mais certains risquent de ne pas en profiter.
15 tôles pour couvrir 1,5 mètres, C’est du délire ou quoi? 15 tôles, ça couvre toute une maison. menteur, va.