Vendredi 22 novembre 2024

Économie

Région Centre/Marché de Gitega : Du poisson du lac Tanganyika presqu’introuvable

25/03/2024 Commentaires fermés sur Région Centre/Marché de Gitega : Du poisson du lac Tanganyika presqu’introuvable

Les poissons qui proviennent du lac Tanganyika sont devenus chers et presqu’introuvables au le marché de Gitega. La population se rabat sur les poissons qui viennent de l’extérieur du pays moins chers.

Dans la ville de Gitega, les poissons pêchés dans le lac Tanganyika sont devenus comme du caviar. Quand on parvient à les trouver sur le marché, ils sont tellement chers si bien que le prix repousse même les consommateurs invétérés.

A la place du mukeke ou du ndagala du Lac Tanganyika, ce sont les poissons congelés appelés communément thomsons venus de l’Empire du milieu ainsi que les petits poissons blanchâtres et très amers qui garnissent les assiettes des ménages aux revenus moyens.

Pour beaucoup, il n’est pas normal que les poissons qui sont à une centaine de kilomètres de la ville de Gitega puissent se vendre très chers que ceux qui sont importés à des kilomètres et des kilomètres.

Ils s’interrogent si le ndagala et le mukeke ne sont pas plutôt vendus à l’extérieur du pays. Ce qui condamnerait alors les locaux à être servis en dernier lieu et à des prix exorbitants.

« Où vont nos ndagalas ? On nous dit que le lac Tanganyika est riche en poissons mais aujourd’hui trouver le poisson local à Gitega relève vraiment du hasard », indique le prénommé Lionel rencontré au quartier Yoba en train de négocier le prix avec une vendeuse ambulante des poissons.

Il trouve aussi que le mukeke qu’on amène à Gitega est très petit jusqu’à ce qu’il devient difficile de le distinguer du ndagala. Mais là aussi à quel prix ? Cinq petits poissons coûtent autour de 10 000 FBu, c’est-à-dire 2 000 FBu par pièce.

« Encore qu’il faut faire attention aux enfants parce que ces mukeke sont constitués de beaucoup d’arêtes que de chaire », ajoute-t-il.

Même son de cloche chez la prénommée Eliane, une maman de trois petits enfants. Elle estime en effet qu’acheter ces poissons signifie perdre son argent puisqu’elle ne peut pas les servir à ses enfants. La faute revient ainsi aux pêcheurs qui les prennent pour les vendre alors qu’ils sont encore trop petits.

« Au lieu de pêcher ces petits poissons, vaut mieux les laisser grandir dans le lac. Ils seront ainsi faciles et bon à manger. S’ils continuent à les pêcher, nous risquons de n’avoir plus de poissons adultes », fait-elle observer.

Une contrainte

Faute de mieux, beaucoup de gens de Gitega sont aujourd’hui contraints de consommer des thomsons qui proviennent de l’extérieur du Burundi. Pour pallier aussi la rareté du ndagala, la viande des pauvres comme on aimait le dire il y’a quelques années, les gens achètent de petits poissons qui proviendraient du Malawi selon certaines sources.

Ce qui n’est pas bien accueilli par les commerçants habituels des poissons provenant du lac Tanganyika puisqu’il s’agit d’une dure concurrence pour eux.

« Je ne ferais pas de la publicité pour ces poissons importés mais c’est qui est sûr c’est qu’ils nous privent des clients car le prix d’un kilo de 13 000 FBu est beaucoup plus abordable par rapport au prix du kilo de mukeke ou du ndagala qui coûtent respectivement 40 000 FBu et 65 000 FBu », fait observer un prénommé Yussuf, vendeur de ndagala et de mukeke au marché de Gitega.

Et même là, c’est quand on parvient à les trouver. Il donne quelques facteurs qui expliquent pourquoi les prix des thomsons sont plus abordables sur le marché de Gitega. En plus d’être disponibles et moins chers, ils sont en effet tellement congelés qu’ils ne deviennent pas facilement avariés. Ceux qui vendent du poisson made in Burundi comme lui se retrouvent ainsi confrontés à une forte concurrence.

Le prénommé Bernard, un fonctionnaire de l’Etat qui habite à Gitega et qui s’intéresse aux questions économiques n’est pas contre l’importation des produits puisque cela présente des avantages évidents. Toutefois, il propose de favoriser les produits locaux, y compris les poissons, autant que faire se peut afin d’éviter la dépendance de l’extérieur au niveau de la sécurité alimentaire.

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