Des habitants de Marangara en province de Ngozi se disent préoccupés par la vérité sur les violences interethniques qui ont endeuillé leur commune. Pour parvenir à une paix durable, les rescapés se disent prêts pour la réconciliation. La CVR était dans cette commune ce vendredi 11 octobre.
L’objectif des membres de la CVR partis pour cette commune du nord du Burundi est de se rendre dans la vallée de Ndurumu. Là, des restes humains viennent d’être découverts dans une fosse commune. «Nous avons été appelés par les administratifs à la base après la découverte de ces ossements. Nous devons y approfondir les enquêtes », indiquera Pierre Claver Ndayicariye, président de cette commission, au bout de la visite des lieux.
Selon les habitants locaux, des vies de milliers d’individus ont été fauchées en cet endroit lors de différentes crises. La vallée de Ndurumu se trouve coincée entre les collines Nyamurenge, Muhuzo, Congori et Nyamugari. Des collines tout verdoyantes habillées d’un paysage végétal important. Des apparences qui cachent des réalités tristes.
Quelques ossements déterrés au pied de Nyamugari, à la suite des travaux de traçage des canaux d’irrigation en cours dans ce marais, renvoient vite à des souvenirs sombres douloureux. «Il y a beaucoup d’autres fosses communes par ici», confient ces habitants.
Pierre Claver Ndayicariye projette l’exhumation de tous les restes humains se trouvant dans cette fosse commune endéans trois semaines. En attendant, il demande à l’administration de procéder à ‘‘l’arrêt systématique’’ des travaux d’aménagement. «Nous exhortons la suspension provisoire des travaux pendant les trois semaines».
Ces ossements doivent par la suite être enterrés dans la dignité. Car il convient de ‘‘respecter les morts’’. Et d’appeler les habitants à se préparer déjà pour en dire la vérité. «C’est un mécanisme qui vise à sauver le pays pour qu’il ne reste pas dans le cycle des violences ».
« Une vérité au service de la réconciliation »
«Nous demandons que l’Etat fasse tout le possible pour qu’éclate la vérité sur la mort des nôtres », se soucie une femme de la colline Musama qui dit avoir perdu son père.
«Nous voulons la vérité pour la réconciliation », ajoute-t-elle, soulignant que «les morts sont déjà morts. Ils ne reviendront pas ». Pour elle, le mécanisme judiciaire serait impossible du moment que «la plupart des auteurs sont eux-mêmes déjà décédés ».
Pascal Ndereyimana de la colline Nyamurenge abonde dans le même sens. Selon lui, pour parvenir à la réconciliation et aspirer à une paix durable, il faut que la vérité sur les tragédies qui ont endeuillé le Burundi, éclate au grand jour. «C’est pour que nos enfants et les générations futures en tirent une leçon».
Pour ce rescapé d’une embuscade tendue lors de la crise de 1995, loin de la toute idée de jugement des bourreaux. «Ce serait une logique de vengeance et les violences resteraient cycliques ».
Pour lui, faut-il uniquement qu’il y ait entre les bourreaux et les victimes, demande de pardon et qu’il soit accordé. «Ces deux catégories se retrouvent dans de toutes les ethnies ».
La commune de Marangara a connu une des graves crises politico-ethniques qui a secoué le Burundi, à savoir les tueries de Ntega-Marangara en 1988.