Dès sa sortie de prison, Jean Baptiste Manwangari fait encore parler de lui. Dimanche dernier, il lui a été refusé de participer à une réunion du comité provincial de l’Uprona à Kirundo, dont il fait pourtant partie. Illégalement, brandissent ses adversaires.
<doc3347|right>Dimanche 11 mars, Kirundo. Le premier secrétaire du parti dans cette province a invité le comité provincial à la tenue d’une réunion. Mais c’est Gaston Sindimwo, accompagné de policiers, qui vient de Bujumbura pour prendre les choses en main. Il a avec lui une liste des personnes qui vont participer à la réunion. Objectif visé : l’exclusion de Jean Baptiste Manwangari et des autres membres du comité provincial du parti Uprona à Kirundo des travaux de cette réunion. « Manwangari n’a pas été élu au comité provincial mais nommé. Pour être élu, il aurait fallu qu’il soit congressiste dans le congrès provincial, ce qui n’était pas le cas », explique M. Sindimwo.
Membre du comité central du parti et chef de cabinet adjoint du premier vice-Président de la République, Gaston Sindimwo est également chargé du fonctionnement des organes dans le parti Uprona. Il ne comprend pas comment M. Manwangari peut vouloir deux choses en même temps : « combattre les congrès provinciaux et profiter des avantages qui en ont résulté. » Pour M. Sindimwo, de par sa détention préventive, Jean Baptiste Manwagari a perdu certains droits civils et publics, et la discipline doit être maintenue dans le parti. Il ajoute qu’il a été mandaté par la direction du parti, devant laquelle Manwangari devrait s’excuser, et que c’est avec amertume qu’il remplit sa mission : « Car, personnellement, Manwangari est un ami ! »
Une attitude conciliatrice ?
Le même Manwangari semble susciter de l’admiration chez Charles Nditije, porte-parole du parti Uprona : « Je le félicite pour sa nouvelle attitude, s’il continue dans cette voie, son cas pourra être revu… »
En effet pour M. Nditije, si Jean Baptiste Manwangari a voulu participer à la réunion du comité provincial, c’est qu’il reconnaît le congrès provincial dont il a été issu. Et, rappelle-t-il, même si Manwangari le dit autrement, il s’est battu pour participer dans ce congrès provincial, pourtant organisé par le président du parti.
Pour Charles Nditije, la punition de Jean Baptiste Manwangari l’a suspendu des organes dirigeants du parti et lui a enlevé le droit d’être congressiste : « Ceux qui l’ont nommé au comité provincial n’ont donc pas respecté la loi », souligne-t-il.
Toujours égal à lui-même, Jean Baptiste Manwangari ne semble pas étonné. Sauf par le fait que Gaston Sindimwo ait pu aller aussi loin jusqu’à user des prérogatives du premier secrétaire du parti à Kirundo : « Ce qui a créé une confusion totale, causant le départ de plusieurs membres et la salle était presque vide. Moi-même je n’ai pas insisté et suis parti », raconte-t-il.
« C’est un non événement ! »
Pour ce récent locataire de la prison de Muramvya, si le camp de Gaston respectait réellement la loi, il ne serait pas accompagné par la police à chacune de ses sorties. L’ancien député considère que, dans un parti fonctionnant par structures et non par les ordres du chef, c’est devant un congrès ou un comité qu’il s’expliquerait, et non devant un individu.
Pour M. Manwangari, ce qui s’est passé à Kirundo est un non événement, puisque la grande majorité du parti n’accepte pas ce diktat de Kumugumya. Pour lui, Gaston Sindimwo, et non une autre personne issue de Kirundo, a été envoyé par Sinunguruza et ses amis qui ont eu peur de se ridiculiser : « ils continuent à mettre en avant des postiches pour désorganiser les comités qui ne leur sont pas favorables. Dans un parti politique normal, Gaston Sindimwo ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui ! »
Pourtant, M. Sindimwo semble « avoir le vent en poupe » à Kumugumya et vogue, vogue…