En dépit d’une baisse récente du prix du sucre SOSUMO, cette denrée essentielle demeure introuvable dans les boutiques de Bujumbura et ses environs. Même celles qui en ont ne les mettent pas dans les rayons. Plusieurs familles se disent désemparées. Le ministère du Commerce se refuse à tout commentaire.
Malgré la décision du 17 octobre de la ministre Marie-Chantal Nijimbere du Commerce, de l’Industrie, du Transport et du Tourisme, de ramener le prix du sucre SOSUMO de 8 000 FBU à 6 000 FBU, suite aux vives protestations de la population et de l’intervention du président de la République, Evariste Ndayishimiye, cette denrée essentielle, si importante pour les ménages, reste inaccessible.
Les rayons ou étagères réservés pour le sucre de la plupart des magasins et les boutiques restent vides, laissant les familles dans une situation de désespoir.
Il est 10 h dans la commune urbaine de Ntahangwa, zone Kamenge. Toutes les boutiques et alimentations visitées n’ont pas de sucre en stock. Étonné, Martin Toyi, un boutiquier approché, confie qu’il n’a pas eu de sucre depuis un mois et s’est résolu à vendre du miel comme substitution.
« On ne me pose même plus la question sur le sucre, c’est pourquoi je suis surpris. Cela fait trois semaines que je n’en ai pas. Pour l’instant, j’ai pris du miel à la place du sucre et les parents avec des enfants en achètent », explique-t-il.
Mariam, une mère de cinq enfants, rencontrée à l’hôpital Roi Khaled, décrit le calvaire qu’elle endure dans cette période de pénurie du sucre, surtout avec ses deux jumelles gravement malades.
« Mes deux filles ont besoin de bouillie chaque jour parce qu’elles ne peuvent rien manger d’autre. Là, je me débrouille pour trouver un peu de sucre, mais où vais-je en trouver maintenant ? Le sucre de la SOSUMO est introuvable, alors j’achète l’autre sucre importé de l’Ouganda à 11 000 FBU le kilo. Cela est ruinant », déplore-t-elle, le cœur lourd.
Dans d’autres communes urbaines de Bujumbura, la situation est la même. En commune Muha, confie une mère de famille, le sucre est devenu rare, au point que les enfants en oublient le goût du thé avant d’aller à l’école. Partout dans les boutiques de la place, la réponse est identique : « Non, pas de sucre ».
En commune Mukaza, le sucre est aussi introuvable. Dans les supermarchés de Bujumbura, comme Agaharawe, Dusabirane et Dorone, seul le sucre importé de l’Ouganda, vendu à un prix de 13 000 FBU, est disponible. « Le sucre de Siyoni est trop cher pour nous, citoyens ordinaires », déplore un père de famille qui a souhaité garder l’anonymat.
« Déjà, le sucre SOSUMO à 6000 FBU le kilo est au-delà de nos moyens. Lors d’une récente émission publique, le porte-parole du gouvernement a promis de faire baisser le prix du sucre. On attend encore, mais on souffre avec la baisse de notre pouvoir d’achat ».
Pierre Nduwayo, président de l’association des consommateurs du Burundi (ABUCO), trouve cette pénurie incompréhensible. « Quand le sucre était à 8 000 FBU, on en trouvait partout, mais maintenant ce n’est plus le cas », s’étonne-t-il.
Selon lui, la réponse à cette pénurie devrait venir des grossistes, seuls autorisés à s’approvisionner directement auprès de la SOSUMO. « Les stocks de la SOSUMO sont pleins d’après cette société, donc il faudrait que les grossistes nous expliquent pourquoi ils ne s’approvisionnent pas pour que le proposer aux boutiques et magasins ».
Rappelons que dans un communiqué du 14 septembre 2024, le général Aloys Ndayikengurukiye, administrateur directeur général de la SOSUMO, assurait que le sucre allait être abondant sur le marché « Nous sommes en pleine campagne de production », a-t-il déclaré.
Contacté à plusieurs reprises, le ministère du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme n’a pas souhaité s’exprimer sur cette situation.
Cette pénurie persistante du sucre SOSUMO sur le marché met en évidence l’incapacité des autorités à garantir l’accès de tous à un produit de première nécessité, et ce, malgré les promesses faites.