Lundi 23 décembre 2024

Économie

Manque de devises au grand dam des importateurs

09/08/2021 4
Manque de devises au grand dam des importateurs
Manque de devises.

Les importateurs indiquent que les devises sont rares dans les banques commerciales et à la banque centrale. Certains affirment avoir cherché des devises à maintes reprises, en vain. D’autres disent les acquérir en quantité insuffisante.

Lundi 2 août 2021. Au marché de Bujumbura city market communément appelé « chez Sion ». Les importateurs de divers types de marchandises rencontrés font savoir que trouver les devises pour importer des marchandises à l’extérieur du pays  est un casse-tête : « Nous avons demandé des divises à la banque centrale et aux banques commerciales, mais nous n’avons reçu aucun sou.»

Certains  importateurs précisent avoir suspendu leurs activités suite au manque de devises. Ils préfèrent s’approvisionner chez leurs collègues  qui ont eu la chance d’aller à l’extérieur du pays.

« Ils fixent les prix comme ils l’entendent. C’est pourquoi nous assistons à la hausse des prix des produits importés, » constate impuissant un ancien importateur devenu grossiste à cause du manque de devises.

Les banques fournissent des devises aux importateurs des produits dits stratégiques. Il s’agit des médicaments, le carburant et  les engrais chimiques. Ceux qui s’occupent du commerce d’autres biens se sentent ignorés et s’interrogent sur l’avenir de leur commerce. D’autres commerçants déplorent de leur part le comportement de certains  agents de banques qui donnent  des devises aux commerçants en tenant compte du favoritisme.

Des importateurs plus tenaces s’approvisionnent au marché noir. Ils disent être au courant de l’interdiction de la BRB de la vente des devises au marché noir. Mais pour eux, il n’y a pas d’autres choix pour trouver les devises et continuer à travailler.

De la hausse des prix des produits  importés

B.H. est un importateur des bassins qu’il achète en Ouganda. Pour s’approvisionner en   devises  il est obligé d’aller à la frontière burundo-tanzanienne où il trouve des shillings sans problème mais à un  prix élevé. « Je suis  obligé de revoir  le prix à la hausse pour récupérer tous les  frais liés au coût d’achat des marchandises ».

D’autres importateurs disent avoir diminué la quantité des produits  importés suite au manque des devises.

Les  victimes sont les clients. Le prix de certains  articles a doublé sur le marché.

K. B., un importateur des matériaux de construction croisé au quartier asiatique de la commune urbaine de Mukaza, fait savoir qu’il a demandé  des devises auprès des banques commerciales sans succès. Il se débrouille   pour obtenir  des devises. Il cherche les commissionnaires qui connaissent bien le marché  qui  l’aide à trouver les devises à un prix de 3360 BIF par dollar américain. Il rémunère  les commissionnaires en tenant compte des devises collectées. D’après ce commerçant les prix des marchandises au marché international n’ont pas changé, elles coûtent en plus moins chères. C’est la BRB qui complique les choses en ne fournissant pas les devises.

Cet importateur parle également de pénurie de devises car les prix de certains  produits importés ont été revus à la hausse. Il donne l’exemple des fers à béton et des tubes métalliques. Le fer à béton d’origine turque vient d’être revu à la hausse. Le fer à béton de 12 mm de diamètre  et 12 mètres de longueur coûte 60 mille BIF  contre 41.000 BIF  du mois de mars. Les tubes métalliques  de 60 fois 60 d’origine kenyane  sont vendus à 55 mille  BIF  contre  36 mille BIF du mois de mars. Ceux de 16  fois 16   s’obtiennent à 15 mille BIF  contre 23000  BIF.

Les devises disponibles sont partagées entre les importateurs

Antoine Muzaneza reconnaît que les banques fournissent les devises en quantité insuffisante.

Antoine Muzaneza président de l’association des commerçants du Burundi(ACOBU) n’est pas du même avis que les importateurs qui disent ne pas  être servis par la banque de République du Burundi(BRB). Il reconnaît que la banque fournit les devises en quantité insuffisante. Selon lui, toutes les devises sont partagées par les importateurs qui ont des licences d’importation mais après avoir servi les importateurs des produits stratégiques. Il interpelle  les commerçants de ne pas recourir au marché noir. M.Muzaneza recommande plutôt aux commerçants de s’approvisionner localement par des produits fabriqués sur place. La Covid-19 est l’une des causes  de la hausse des prix  des produits importés. Depuis l’apparition de la pandémie, les prix des  marchandises importées  ont été revus à la hausse  à plus de 50 %. Les marchandises en provenance de la Chine, de l’Europe et de Dubaï  ont connu une forte augmentation. Le délai de livraison d’une une semaine avant la pandémie pour les marchandises dont les importateurs utilisent les bateaux, est passé à trois mois. La faible production locale est aussi à la base de la hausse des prix.

« Le gouvernement  n’a pas de solution magique »

Pour Prosper Niyoboke, le gouvernement a déjà  tenté plusieurs solutions pour pallier cette crise, mais sans  résultats tangibles.

Prosper Niyoboke, économiste et professeur d’universités, fait savoir que  la sécheresse des devises dans les banques est une évidence incontestable : « Le gouvernement  n’a pas de solution magique. Le gouvernement peine à assurer des devises dans un contexte de baisse des investissements directs étrangers, de rupture d’aides directes au gouvernement  et de peu  de recettes récoltées des  exportations traditionnelles et du tourisme. »

M. Niyoboke précise que  la marge de manœuvre  est aussi limitée par la baisse accrue des réserves de devises. C’est ainsi que le gouvernement  voudrait prendre des mesures limitant  l’accès aux devises  étrangères afin de maintenir le taux de change.  Ce qui par conséquent affecte les industries, les commerçants et évite une sorte de point mort de l’activité économique pour ne pas se retrouver en face d’un système  financier au bord de l’apoplexie.

Cet économiste  indique que le gouvernement a déjà  tenté plusieurs solutions pour pallier cette crise mais sans  résultats tangibles. Le fait de maintenir artificiellement le taux  de change du BIF et de limiter les transactions faites en monnaies étrangères ne fait qu’aggraver  la situation  d’une  crise qui risque de se  transformer en récession.

Le gouvernement devrait réagir en se servant des canaux budgétaires  et monétaires pour instaurer la rigueur du système financier.

Les conséquences de cette crise de devises se traduisent par un ralentissement considérable  des opérations d’importation d’intrants, de produits et d’équipements de production, de maintenance de l’outil  de production.

Il  ajoute que  certains  produits finaux  qui permettaient de compléter la production du pays ne seront plus importés ce qui  occasionnera une hausse des produits de première nécessité par le simple fait que la seule production locale ne peut couvrir la demande domestique .

Contactées, les autorités de la banque centrale n’ont pas voulu s’exprimer.

Forum des lecteurs d'Iwacu

4 réactions
  1. Junior

    C’est pas sorcier. Les sources de devises sont Les exportations+les aides internationales+les aides des diaspora Burundais + les investissements exterieurs -les importations- les gaspillages de la corruption-les interets payes pour la dette du pas. Pour vous, que peut controller le pays?

  2. Vumiliya

    Ayo mahera y’abazungu turonse ayo tugura imiti na carburant arakwiye ibisigaye Leta Nkozi- mvyeyi irabibona iterambere ni Cash!!

    • Jean

      @Vumiliya
      Igitoro n’imiti vy’iki?
      Nimba wumva ari leta mvyeyi?Izoza iraguheka iyo uzoba ukeneye kugenda,nk’uko abami babaterura,nta miduga ukeneye,hama niwagwara iyo leta mvyeyi izokwamurira ivyatsi birahari,na kare ni vyo vyamye bivura ba sokuru kva kera na rindi.

      Hahaha ,Burya akabi gatwengwa nk’akeza,ngo nta ma devises dukeneye.

  3. Jambo

    Ai je bien saisi importations d’intrants agricoles?
    Que je sache, le FOMI est produit localement

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