Le manque criant de bancs pupitres dans les écoles est l’un des problèmes qui hantent le secteur de l’éducation. Les parlementaires, les syndicalistes et la coalition des associations militant pour une éducation de qualité sont inquiets. Le ministère en charge de l’éducation se veut rassurant.
Sur les réseaux sociaux, des vidéos des élèves assis par terre en train de suivre les cours, circulent et montrent une misère terrible. Cette situation a suscité des réactions des syndicalistes et des élus du peuple.
Les députés ont relevé plusieurs problèmes qui minent le secteur de l’éducation, dont le manque criant des bancs pupitre lors de la présentation du rapport sur la mise en application du programme du gouvernement pour le deuxième semestre au cours d’une séance plénière du 20 octobre, par le Premier ministre.
« Dans le rapport du premier semestre, on nous a dit que seuls 300 bancs pupitres sur 20.000 ont été distribués. Dans ce nouveau rapport, on ne montre pas le sort de 19.700 bancs restants », a fustigé le député Ildefonse Baryanintimba.
Alain Guillaume Bunyoni, Premier ministre a indiqué que le ministère de l’Éducation nationale et de la recherche scientifique a opté en premier temps pour la réparation des bancs pupitres existants que d’acheter des nouveaux.
Des causes multiples, dont la pression démographique
Selon les données du ministère de l’Education nationale, les nouvelles inscriptions en première année ont considérablement augmenté. Elles sont passées de 289.796 élèves pour l’année scolaire 2008-2009 à 409.880 élèves pour l’année scolaire 2020-2021, soit une augmentation de plus de 29%.
Les inscriptions pour l’année scolaire 2016-2017 avaient sensiblement diminué suite à la crise de 2015. Diminuant ainsi le chiffre de 102.188 élèves par rapport aux inscriptions de l’année scolaire précédente.
Plusieurs raisons expliquent cette augmentation des inscriptions à l’école, notamment la pression démographique et la gratuité de la scolarité qui a provoqué un fort engouement, le tout entrainant une insuffisance de bancs pupitres dans les écoles.
Jean Samandari, président et représentant légal de « Bafashebige », une coalition des associations œuvrant dans le domaine de l’éducation indique qu’avec la récente rentrée scolaire, il s’est manifesté un manque criant de matériel didactique et surtout des bancs pupitres dans tout le pays.
Il avait remercié toutes les parties prenantes qui essaient de contribuer à leur manière, en octroyant des bancs pupitres pour pallier à ce problème. « Nous demandons aussi à tous les Burundais dont la diaspora d’aider le gouvernement dans la disponibilisation des bancs pupitres ».
Pour lui, les conditions d’apprentissage au Burundi, surtout pour l’école fondamentale, sont défaillantes. Il a déclaré que ce phénomène peut contribuer à l’accroissement du taux d’abandon scolaire. « Imaginez-vous un élève qui parcourt plus de trois kilomètres pour suivre les cours à même le sol, c’est décourageant ».
Il a demandé au gouvernement de trouver une solution durable pour permettre aux écoliers d’étudier dans de bonnes conditions.
« L‘éducation est la base de tout, il faut la prioriser.»
La coalition spéciale des syndicats des enseignants pour la solidarité nationale (Cossessona) se dit préoccupée par le manque de bancs pupitres dans les écoles. « Cette situation ne favorise pas un bon apprentissage pour les élèves », déplore Emmanuel Mashandari, vice-président de la cossessona.
Il précise que les écoliers étudient dans des conditions ne leur permettant pas de se concentrer et de bien suivre les cours. « Si un élève est assis par terre, il ne prend pas facilement les notes et par conséquent, il ne pourra pas réviser les cours ».
Pour Mashandari, le gouvernement devrait élaborer une politique de planification des naissances pour surmonter les problèmes liés au surnombre des élèves. Il suggère en outre d’ouvrir des écoles remplissant les normes, notamment les bancs pupitres et les livres d’enseignement. « L‘éducation est la base de tout, il faut la prioriser », lâche-t-il.
Il demande au gouvernement de mettre en place un cadre légal de la perception de la contribution des parents, pour une bonne qualité de l’éducation. « Les parents sont d’accord pour la contribution dans l’amélioration des conditions d’apprentissage de leurs enfants, ils deviennent réticents si leur contribution est mal gérée. »
Selon lui, les directeurs des écoles et l’assemblée générale des parents devraient s’entendre sur la contribution des parents pour sauver la situation dans les plus brefs délais. « C’est d’ailleurs prévu dans la loi ».
Le bureau en charge des infrastructures et des équipements rassure
Jérôme Nyabenda, directeur du bureau des infrastructures scolaires, des équipements et de la maintenance admet qu’il y a manque de bancs pupitres et promet de rectifier le tir dans les prochains jours.
« Le ministère avait un milliard dans son budget annuel destiné à l’achat de bancs pupitres. Mais, le gouvernement vient d’octroyer une somme supplémentaire de 3 milliards pour pallier à ce fléau », rassure-t-il.
Il estime qu’avec cette enveloppe de 3 milliards, les classes qui n’avaient pas de bancs pupitres vont bientôt en recevoir. « L’achat se fera dans les communes pour que ça soit fait le plus tôt possible. L’argent sera partagé en fonction des besoins de chaque commune », précise-t-il.
M. Nyabenda espère également que les partenaires vont aussi contribuer comme ils ont promis de s’allonger sur les priorités du ministère, lors de la réunion du groupe sectoriel de l’éducation.