L’école est un milieu apolitique dédié à la formation et à l’apprentissage. Néanmoins, certains éducateurs passent outre et forcent les élèves à suivre leurs idéologies. Ce qui constitue un danger pour la société. David Ninganza, chargé du plaidoyer et de la communication à la Sojepae appelle à cesser ces pratiques qui violent les droits des enfants.
Jean Ndayisenga est un élève du post-fondamental dans une école de la province de Rumonge. Il témoigne que leur directeur les forcer à adhérer à son parti. « Il y a eu un directeur d’école qui nous a dit que nous devons intégrer son parti politique. Quand nous avons refusé, il nous a menacés de nous faire échouer lors des examens de repêchage », précise-t-il.
« Notre enseignant nous dit toujours d’adhérer dans son parti politique pour le bien du pays. On réfléchit et certains expliquent qu’il est impossible d’intégrer un parti par force. Nous lui avons dit qu’un élève doit plus tôt étudier au lieu de militer dans des partis politiques. Il nous a alors intimidés », témoigne un autre. D’après un élève finaliste du post-fondamental dans une école se trouvant en commune Kabezi de la province de Bujumbura, les partis politiques sont interdits en milieu scolaire.
Malheureusement, certains éducateurs passent outre. « Parfois, les enseignants nous intimident comme quoi ils vont nous faire échouer si nous n’acceptons pas de suivre leurs idées politiques. À un certain moment, on est contraint d’accepter la manipulation politique pour éviter l’échec scolaire », regrette-t-il.
Pour Julienne Ndayirukiye, une élève de Kabezi, la manipulation politique en milieu scolaire a des effets négatifs. Un enseignant, dit-elle, peut établir une liste des élèves qui ne sont pas de son côté. « Cela provoque la haine et la méfiance. Des enfants se classent en deux groupes opposés qui peuvent même en venir aux mains » fait-elle observer.
Pascal Ndayisaba, un élève en mairie de Bujumbura, explique que la manipulation politique en milieu scolaire ne fait qu’attiser la haine. « L’objectif d’étudier est mis en cause car les enfants font preuve de méfiance les uns envers les autres. L’unité est ainsi mise en cause ».
Une pratique à éradiquer
Un directeur d’une école rencontré reconnaît que certains enseignants et directeurs d’école ont failli à leur mission puisqu’ils s’adonnent à des activités politiques tout en impliquant leurs élèves. « Quand un enseignant commence la manipulation politique, les enfants sont désorientés. Ils n’attachent plus d’importance aux cours et à l’apprentissage. Des résultats sont ainsi impactés », fait-il savoir.
Il appelle ses pairs à prendre des dispositions lors de la rentrée scolaire prochaine pour éviter que les élèves tombent dans la manipulation à l’approche des élections de 2025. « Les directeurs d’école doivent réunir les enseignants et les parents pour étudier ensemble tout ce qui peut compromettre l’unité et la réussite à l’école. Il faut également sensibiliser les élèves à s’abstenir de toute manipulation politicienne ».
Selon David Ninganza, vice-président chargé de plaidoyer et communication à la Solidarité de la Jeunesse chrétienne pour la Paix et l’Enfance (Sogepae), la manipulation politique en milieu scolaire est monnaie courante surtout à l’approche de ou pendant la période électorale. « Des enfants peuvent être manipulés par leurs éducateurs et leurs directeurs. Le passé nous a montré que les enfants et la jeunesse suscitent l’intérêt des politiciens. Ces derniers s’appuient sur des stéréotypes pour tromper leur vigilance. Ils leur montrent un groupe de gens avec qui il ne faut pas communiquer » souligne-t-il.
Il ajoute que la manipulation politique en milieu scolaire est très dangereuse pour les enfants eux-mêmes et pour le pays. Primo, il s’agit d’une distraction qui empêche les enfants de se concentrer. « Des enfants sont déstabilisés et le niveau de réussite chute. Ce qui produit un impact négatif sur les résultats ».
Secundo, la manipulation politique en milieu scolaire met en cause l’unité des élèves. Elle crée la méfiance, les suspicions entre les enfants dont le seul objectif est de faire les études. « Dans le passé, on a constaté la déchirure du tissu social. Des enfants s’en prenaient à leurs camarades de classe et aux enseignants ».
David Ninganza prévient les élèves. Il estime que privilégier les activités politiques dans son parcours scolaire est synonyme de prendre un grand risque. Souvent, les élèves sont manipulés. « Il faut éviter que ces activités interfèrent sur la vie scolaire. Au lieu de s’adonner à des activités des partis politiques, l’élève devrait choisir intelligemment là où se trouvent ses intérêts », conseille-t-il.
Il rappelle que les parents doivent jouer un rôle de premier plan en recommandant à leurs enfants l’amour du prochain, la paix, l’unité et la cohabitation pacifique.
Il invite les éducateurs, à savoir les enseignants et les directeurs d’école, à s’abstenir de tout propos ou de tout acte pouvant créer de la confusion chez un apprenant.