Vendredi 15 novembre 2024

Société

Manger de la viande en famille, un luxe pour la classe moyenne

15/11/2024 0
Manger de la viande en famille, un luxe pour la classe moyenne
La viande, un luxe

Face à la flambée du prix de la viande, la plupart des menus des ménages burundais de la classe moyenne ont déjà changé, la viande déserte de plus en plus les plats. Il y en a qui sont littéralement devenus végétariens, du moins ceux qui étaient plus ou moins aisés.

Depuis quelques mois, les marchés de Bujumbura observent une montée spectaculaire du prix de la viande. Un kilo de viande qui s’achetait à 20.000 FBU ou 23.000 FBU entre juin et juillet de cette année, se négocie aujourd’hui à 30.000 FBU voire plus.

« J’achète de moins en moins de la viande, ce n’est plus comme avant. Avec un kilo à 30. 000 FBU, ce n’est pas n’importe qui, qui peut se payer ce luxe », témoigne un père de famille croisé à la ’’gare du nord’’ à Kamenge au nord de la ville de Bujumbura.

« Avant, on pouvait en consommer au moins une fois la semaine. Mais aujourd’hui, c’est à peine une fois le mois », se désole une mère de famille rencontrée au centre-ville. Selon cette dernière, c’est un constat que partagent un grand nombre des Burundais, qui sont désormais obligés de revoir leurs habitudes alimentaires.

La plupart des bouchers broient du noir, ils affirment qu’ils vont bientôt remettre le tablier parce qu’ils disent travailler à perte. « Ce ne sont que des pertes que nous enregistrons. Les clients viennent occasionnellement, ce n’est pas comme avant. Et c’est compréhensible. »

Les causes de la crise

Les causes de cette hausse sont multiples. Selon un boucher rencontré à Carama, il y a les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement, notamment en raison de la stabulation permanente des animaux domestiques, ont considérablement réduit le nombre des têtes disponibles sur le marché.
« Le coût des aliments pour le bétail a également explosé, ce qui a réduit le cheptel et a augmenté les prix. Il faut ajouter à cela le coût du transport en hausse suite au manque de carburant », explique-t-il.

Les éleveurs affectés par l’augmentation des prix des aliments pour bétail, peinent à maintenir leur production. « Une botte de foin qui s’achetait à 3.000 FBU, il y a quelques mois, aujourd’hui il est à 5.000 FBU. Imaginez si tu dois nourrir 3 à 5 vaches. On préfère nourrir un ou deux et mettre le reste sur le marché », se désole un éleveur après avoir acheté des aliments pour son bétail à Tenga.

Pour de nombreux burundais, la hausse des prix de la viande symbolise une pression supplémentaire dans un contexte économique déjà tendu : « On ne sait plus vers qui se tourner. Même le poisson et le poulet sont devenus hors prix », se lamente une maman rencontrée chez un boucher.

En plus des conditions économiques, certains pointent également du doigt les pratiques des commerçants qui, selon eux, tirent profit de la situation pour augmenter les prix de manière excessive.
« Nous voyons des hausses des prix injustifiées à chaque étape. Tu demandes le prix d’un kilo de viande et tu pars prendre l’emballage. Le boucher t’a déjà dit que le kilo s’achète à 28.000 FBU, de retour après quelques minutes, il te dit que c’est à 30.000FBU », déplore un consommateur de Kamenge.

La situation s’aggrave au moment où le ministère de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité avait pourtant fixé le prix d’un kilo de viande à 11.000 FBU, il y a presque une année.

Il est évident que seules les mesures concertées, associant le gouvernement, les commerçants et les éleveurs apporteront un peu de soulagement du côté des consommateurs burundais.

Nous avons essayé de contacter le porte-parole du ministère de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique, mais en vain.

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