Depuis la nuit du 5 décembre 1956 jusqu’au 29 mars 1961, Nelson Mandela et des dizaines de leaders de l’ANC et de beaucoup d’autres organisations politiques et civiles opposées à l’Apartheid seront jugés pour haute trahison dans un procès resté célèbre dans les annales de l’histoire politique du pays.
Parallèlement aux adversités politiques, Mandela va également vivre des moments de peine et de bonheur dans sa vie sentimentale. ((L’essentiel de l’article s’inspire de la partie V intitulé « Treason » de l’autobiographie de Mandela : Mandela, N., Long Walk To Freedom, London, Abacus, 2000, pp 229 – 310))
Sur le plan familial d’abord sa vie avec Evelyn va connaître des difficultés profondes. Les deux personnes vont évoluer différemment ; Evelyn était persuadée que les activités politiques de son mari étaient passagères et liées en quelque sorte à la fougue de la jeunesse. Elle était persuadée que Mandela allait très vite revenir à la raison et se concentrer sur son avenir d’avocat et de futur conseiller politique du grand chef de la nation Xhosa à Umtata dans le Transkei. Entretemps, elle est devenue une fervente Témoin de Jéhovah. Mandela fera tout pour lui faire comprendre son option de vie, mais il se heurtera à un mur d’incompréhension ; il résumera la séparation d’avec Evelyn en ces termes : « She was a very good woman, charming, strong and faithful, and a fine mother. I never lost my respect and admiration for her, but in the end we could not make our marriage work. » P 242
Traduction libre : « C’était une bonne personne, charmante, forte et fidèle. Elle était une mère modèle. J’ai toujours nourri beaucoup d’admiration , de respect pour elle, mais au bout du compte il devenait impossible de sauver notre mariage. »
Il ne va pas tarder à rencontrer son âme-sœur en la personne de Nomzano Winifred Madikezela qui sera connue plus tard comme « Winnie Mandela ». Nomzano signifie en Xhosa celle qui rencontre des difficultés. Nomzano est une jeune fille qui est la première Noire à travailler au grand hôpital de Soweto, Baragwanath. Elle vient d’un milieu cultivé et urbanisé de Johannesburg. Lors de leur mariage, son père lui dira, mi-figue mi-raisin la parole prophétique suivante : « Tu viens d’épouser un gibier de potence ! » ((Cfr p 252 : « You are marrying a jailbird!”)) Mandela restera toujours conscient que la vie d’une femme de personnes comme lui est très délicate : « The wife of a freedom fighter is often like a widow, even when her husband is not in prison.” P 253
Traduction libre : “La vie d’une épouse d’un combattant pour la liberté est comme celle d’une veuve, même si celui-ci n’est pas en prison. »
En effet, politiquement la vie est loin d’être un long fleuve tranquille. Durant la nuit du 4 au 5 décembre 1956, le gouvernement procède à l’arrestation d’une soixantaine de leaders éminents de l’opposition. Ils sont accusés de haute trahison, de conspiration pour renverser le gouvernement par la violence afin d’installer un pouvoir communiste. Et parmi les preuves patentes de ces accusations, il était relevé la Campagne de Défiance, les protestations contre l’évacuation par les Noirs de Sophiatown et l’organisation du Congrès du Peuple duquel est né la Charte de la Liberté.
C’est durant cette longue période de harcèlement, d’emprisonnement et de perturbation de sa vie personnelle et professionnelle qu’il va réaliser combien la manière de traiter tout citoyen ayant maille avec la justice est le meilleur thermomètre d’une société juste et décente ou non : « It is said that no one truly knows a nation until one has been inside its jails. A nation should not be judged by how it treats its highest citizens, but its lowest ones – and South Africa treated its imprisoned African citizens like animals. » P 233
Traduction libre : “Il est dit que personne ne connaît vraiment une nation avant d’avoir été incarcéré dans ses prisons. Une nation ne devrait pas être jugée à la façon dont elle traite ses hauts dignitaires, mais plutôt à la manière de traiter ses plus humbles citoyens – et l’Afrique du Sud traitait les prisonniers Noirs comme des animaux. »
Durant le procès, le massacre de Sharpeville va avoir lieu le 21 mars 1961 lors d’une manifestation organisée par le PAC, le mouvement politique concurrent de l’ANC et tenant de la thèse « Le pays aux Noirs exclusivement ». La police a tiré sur des manifestants pacifiques et soixante-neuf furent tués dont beaucoup d’enfants qui reçurent des balles dans le dos en tentant de fuir. Le pays fut en effervescence au point que l’Etat d’urgence fut installé. Mandela et d’autres furent jetés en prison et poursuivirent leur procès déjà incarcérés.
Mais, fort heureusement, ce procès avait permis aux juges blancs indépendants de découvrir qui étaient ces opposants et ce pourquoi Noirs, Indiens et Blancs étaient prêts à mourir. C’est ainsi que le 29 mars 1961 le verdict tomba qui les déchargeait tous de toutes les accusations. Et Mandela d’analyser avec acuité la situation après avoir fait l’éloge des juges Blancs: « But the consequence of the government’s humiliating defeat was that the state decided never to let it happen again. From that day forth they were not going to rely on judges whom they had not themselves appointed. They were not going to observe what they considered the legal niceties that protected terrorists or permitted convicted prisoners certain rights in jail. During the Treason Trial, there were no examples of individuals being isolated, beaten and tortured in order to elicit information. All of those things became commonplace shortly thereafter.” P 309-310
Traduction libre : “Mais la conséquence de l’humiliante défaite du pouvoir fut de ne plus jamais permettre cela encore. Depuis ce jour, il ne permit jamais plus de compter sur des juges qui ne soient pas choisis. Il ne sera plus jamais question de tenir en compte de ce qu’il considère comme des gâteries légales qui protègent des terroristes ou permettent certains droits à des prisonniers condamnés. Durant le Procès pour Haute Trahison, il n’y eut pas de cas de personnes en isolement, ou battues et torturées afin d’extorquer des informations. Toutes ces choses qui devinrent un lieu commun très rapidement depuis. »
Je viens d’ecouter la chanson « Chapter 126 » du chanteur noir-americain Tyrese Darnell Gibson sur la radio sud-africaine SA FM (www.sabc.co.za).
« …Nous vous remercions Mandela, et toute personne qui a contribue a la liberation de l’Afrique.
Sans vous, ou serions-nous?
Hold your head up because (freedom)/Levez votre tete parce que..
APARTHEID IS OVER (freedom)/C’est fini avec l’apartheid…
Hey! Yes it is (freedom)/Oui c’est vrai…
Free to go where I wanna go (freedom)/Libre d’aller ou je veux aller…
Free to say what I wanna say (freedom)/Libre de dire ce que je veux dire…
Free to live where I wanna live (freedom)/Libre de vivre ou je veux vivre…
Free to have a baby boy (freedom)/Libre d’avoir un garcon…
Free to have a baby girl (freedom)/Libre d’avoir une fille…
Free to raise my (I want freedom) family/Libre d’avoir ma famille…
Free to travel the world/Libre de voyager a travers le monde…
Welcome to the new Africa/Bienvenue dans la Nouvelle Afrique.
(voir « Chapter 126 by Tyrese », http://www.lyricsg.com;
« Chapter 126 -Tyrese », http://www.youtube.com (pour ecouter la chanson)
Merci..