A partir de la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1945, et jusqu’en 1952 Nelson Mandela va être concrètement confronté à la lutte politique. ((Pour l’essentiel, ce texte s’inspire de l’autobiographie de Nelson Mandela : Mandela, N., Long Walk to Freedom, London, Abacus, 2000. Nous nous sommes attaché à la Partie II intitulée Birth of a Freedom Fighter pp 107-162. )) Cela lui permettra de consolider son éducation politique au contact de personnalités extraordinaires comme Walter Sisulu, Oliver Tambo, Anton Lembede et d’autres.
Il se rend très vite compte qu’il est impossible d’être Noir et de mener une vie tranquille dans son pays :
« To be an African in South Africa means that one is politicized from the moment of one’s birth, wether one acknowledges it or not » p 109
Traduction libre : « Etre Noir en Afrique du Sud signifie qu’on est confronté à la politique dès la naissance qu’on veuille l’admettre ou non. »
Si les scrupules de sa jeunesse sont balayés par les réalités brutales de la vie qui le pousse à plonger dans l’arène politique, Mandela est malgré tout rongé par l’incertitude, le désarroi et même le complexe d’infériorité. Une tempête intérieure ravage son esprit avant d’adhérer à la Ligue de la Jeunesse de l’ANC (ANC Youth League) : « Although I agreed with this, I was nervous about joining the league and still had doubts about the extent of my political commitment. I was then working full-time and studying part-time, and had little time outside those two activities. I also possessed a certain insecurity, feeling politically backward compared to Walter, Lembede and Mda. » P 115
Traduction libre : « Bien que convaincu, j’étais hésitant quant à adhérer à la Ligue et j’avais encore des doutes au sujet de l’ampleur de mon implication politique. A l’époque j’avais un travail à temps plein en même temps que je poursuivais des études ; je disposais de très peu de temps libre en dehors de ces deux activités. De plus, je n’étais pas sûr de moi ; je sentais que j’étais très arriéré politiquement en comparaison à Walter, Lembede et Mda. »
Mais il a le tempérament d’un battant, il va travailler, écouter, observer les autres faire ; il va surtout beaucoup lire. Il va se plonger dans les écrits communistes et s’intéresser particulièrement à Marx, Engels, Lenine, Staline, Mao Tse-Toung et d’autres. Il restera longtemps méfiant vis-à-vis du communisme. Selon lui, ce mouvement animé par des Blancs voulait profiter de la popularité de l’ANC pour prendre racine dans la société sud-africaine : « I was concerned that the communists were intent on taking over our movement under the guise of joint action. I believed that I was in undiluted African nationalism, not Marxism or multi-racism, that would liberate us.” P 124
Traduction libre: “J’étais préoccupé que les communistes s’emparent de notre organisation sous couvert d’une action conjointe. J’étais persuadé d’appartenir à un nationalisme africain qui allait nous libérer, mais qui n’était soluble ni dans le marxisme, ni dans le multi-racisme. »
Bien qu’ayant un grand nombre d’amis Indiens, il était hors de question de s’allier avec les organisations politiques indiennes également : « (…) I felt about Indians the same way I did about the communists: that they would tend to dominate the ANC, in part because of their superior education, experience and training.” P 124
Traduction libre : “(…) J’avais pour les Indiens les mêmes sentiments que ceux que j’éprouvais pour les communistes : ils seraient tentés de nous dominer, en partie à cause de leur formation supérieure à la nôtre,leur longue expérience et leur grand savoir-faire. »
En dépit de ce radicalisme, Mandela va se plier à la décision de l’ANC et la Ligue des Jeunes consistant à opter pour une collaboration étroite avec les deux organisations. Cette loyauté à l’endroit d’une décision collégialement et démocratiquement prise sera permanente désormais durant tout son itinéraire politique : «(…). I came to identify myself with the Congress as a whole, with its hopes and despairs, its success and failures; I was now bound heart and soul.” P 124
Traduction libre : “(…). J’en suis arrivé à m’identifier avec le Congrès dans son ensemble, avec ses espoirs et ses désarrois, ses succès et ses échecs : j’étais désormais lié d’esprit et de cœur. »
L’année 1946 sera celle de la naissance de son premier enfant avec Evelyn. Il s’agit de Madiba Thembekile. L’année suivante, une fille naitra mais elle mourra neuf mois plus tard : Makaziwe. Une des plus grandes frustrations de Mandela sera de n’avoir jamais pu consacrer du temps à sa famille. Il écrit résigné et lucide cette terrible phrase : « The struggle, I was learning, was all-consuming. A man involved in the struggle was a man without a home life.” p 136
Traduction libre : “Le combat, étais-je en train de l’apprendre, prenait toute ta vie. Un homme impliqué dans le combat politique était une personne sans vie familiale. »
Un second fils lui est né : Makgatho Lewanika. Son premier nom était en hommage au second président de l’ANC, Sefako Mapogo Makgato, de 1917 à 1924. Et le second nom en souvenir d’un grand chef de Zambie.
Promu à la tête de la « campagne nationale de défiance » en 1952, Nelson Mandela va se donner corps et âme et le succès de l’opération sera éclatant. Le régime de l’Apartheid va durcir ces positions d’un côté et de l’autre l’ANC et ses organisations alliées tout autant. Il y a un rajeunissement des structures et des hommes au sein du mouvement. Et malgré les procès, les traîtrises et les trahisons, l’homme gagne en stature et en maturité : « But now the white man had felt the power of my punches and I could walk upright like a man, and look everyone in the eye with dignity that comes from not having succumbed to oppression and fear. I had come of age as a freedom fighter.” P 160-161
Traduction libre : “Mais désormais, l’homme blanc avait senti la puissance de mes coups de poing. Je pouvais désormais marcher droit comme un homme et regarder quiconque droit dans les yeux avec la dignité de celui qui n’a pas été vaincu par l’oppression et la peur. Avec l’âge, j’étais devenu un combattant pour la liberté. »
He was, is and will remain my hero. I am sure God received you in his kingdom.
Yes, you are my hero Madiba.
@Terimbere
« …a invite ses anciens ennemis a venir travailler avec lui… »
Ceci ne devrait pas etre confondu avec « Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre » (Matthieu 5,39).
Le « Sunset Clause »/proposition »Coucher du soleil » de Joe Slovo etait un pas bien calcule de l’African National Congress (ANC).
Joe Slovo (1926-1995) etait l’un des principaux negociateurs pour l’ANC.
« C’est lui (Joe Slovo) qui, en 1992, a brise l’impasse dans les negociations (pour en finir avec l’apartheid en Afrique du Sud), en proposant le « Sunset clause » en vue d’un gouvernement de coalition pendant les cinq ans qui suivent les elections democratiques (le sunset clause contenait aussi des guaranties et des concessions des deux camps en negociations) ».
(voir « Joe Slovo » http://www.wikipedia.com).
C’est a dire qu’au niveau du pouvoir executive, certains representants du pouvoir de l’apartheid auraient la chance de participer au gouvernement jusqu’au « coucher du soleil » qui ne viendrait qu’apres cinq ans.
(voir Joe Slovo: « Negotiations: what room for compromise? », http://www.sacp.org).
Merci.
Oh Madiba! Le plus humain de tous les etres humains ayant vecu jusqu’a ce jour!
Madiba, et pas Ndadaye svp, a ete pleure par tous les Sud-africains, blancs et noirs!
Illustre Africain, il est reste fidele a son combat des le debut jusqu’a la fin! Il a accepte de payer n’importe quel prix pour ses convictions!
Et quand il a accede au pouvoir, il a pardonne ceux qui l’ont maltraite et a invite ses anciens ennemis a venir travailler avec lui! Malgre qu’il etait le plus populaire de tous les politiciens et en etant capable, il a decide de ne pas briguer son deuxieme mandat!
RIP Madiba!
Je viens aussi d’apprendre qu’Ariel Sharon, le criminel de guerre israelien est decede a l’age de 85 ans suite a une mort naturelle! Des milliers de Palestiniens sans armes, beaucoup parmi eux des vieux, des femmes et enfants ont ete massacres par lui et ses hommes! Toute sa vie, il n’a jamais ete inquiete!
Que Dieu lui reserve la place qu’il merite!
1. « Une tempete interieure ravage son esprit avant d’adherer a la Ligue de la Jeunesse de l’ANC…Bien que convaincu, j’etais hesitant quant a adherer a la Ligue… »
-Et pourtant, il etait l’UN DES MEMBRES FONDATEURS de cette meme ANC Youth League!
« Tout le monde s’est convenu/the general consensus was qu’il fallait changer les choses et Dr. Majombozi a propose de creer une Ligue de Jeunes pour pousser le leadership de l’ANC a agir/as a way of lighting a fire under the leadership of the ANC…
Tambo, Nkomo, et moi-meme sommes alles voir Dr. Xuma (qui etait a la tete de l’ANC) chez lui a son immense demeure/at his rather grand house in Sophiatown…
A cette rencontre, nous lui avons fait part de notre intention d’organiser une Ligue des Jeunes, ainsi qu’une campagne d’action pour avoir l’appui des masses. Nous avions avec nous des copies du projet de la constitution/the draft constitution et du manifesto…
La Ligue des Jeunes a en realite pris naissance le dimanche de Paques en 1944 au Bantu Men’s Social Center, a la rue Elloff…Lembede a ete elu president, Oliver Tambo secretaire, et Walter Sisulu est devenu tresorier.
A.F. Mda,…ET MOI-MEME avons ete elus AU COMITE EXECUTIF…. »
(voir Nelson Mandela, 1994: « Long walk to freedom », http://archive.org).
2. « Il sera longtemps mefiant vis-a-vis du communisme… »
-J’avais toujours lu/cru que Nelson Mandela ne faisait pas partie du South African Communist Party (SACP).
Mais, le 13 decembre 2013, au Moses Mabhida Stadium dans la ville de Durban, Province du KwaZulu-Natal, lors du SACP Official Tribute to Madiba, le General Secretary Comrade Blade Nzimande a declare:
« Quand il a ete arrete en aout 1962, non seulement Nelson Mandela etait un membre du Parti Communiste d’Afrique du Sud (qui operait alors en clandestinite/the then underground SACP, mais il etait aussi membre du Comite Central de notre Parti… ».
(voir « SACP Official Tribute to Madiba as delivered by general Secretary Comrade Blade Nzimande », http://www.sacp.org.za).
Il y a aussi la celebre photo montrant le trio Joe Slovo(Secretaire General du Parti Communiste d’Afrique du Sud (1984-1991), Nelson Mandela et Winnie Mandela, tous sur la scene, le poing droit leve (=salut revolutionnaire) lors d’un rallye du Parti Communiste.
(voir: the Marxist-Leninist Weekly, No.48, December 7, 2013. http://www.cpcml.ca. Biography of Nelson Mandela).
Merci.
Cher Stan,
L’être humain n’est pas un granit. Mandela non plus, malgré toute la force qu’on lui a connu. Si il a contribué à la creation de la Youth League ce n’est pas pour autant qu’il hésitait encore, à titre personnel, à se donner corps et âme à la lutte politique.
Pour ce qui est de l’appartenance au parti communiste, prenons patience et suivons son cheminement sans brûler aucune étape majeure. Pour l’heure, nous en sommes au moment où il se méfiait profondément du parti communiste comme des partis politiques de la communauté indienne d’ailleurs. Nelson Mandela est un homme qui a évolué et a connu des moments d’hésitation, de doute même. Le contraire serait inquiétant…
Fraternellement