Du 17 au 18 février, le Cenap (Centre d’Alerte et de Prévention des Conflits) a organisé une rencontre avec des élus locaux et nationaux. L’occasion de revenir sur l’accès assez limité réservé encore aux femmes à des postes électifs.
Pour la sénatrice Rénilde Ndayishimiye, élue dans la province Bujumbura, la société burundaise reste empreinte d’une culture patriarcale qui décourage les femmes aspirant à une élection.
« Au niveau par exemple des élections des chefs collinaires, comme le scrutin exige l’élection d’un candidat unique, les femmes qui se présentent candidates se voient souvent reléguées au second plan au sein même de leurs familles qui vont choisir d’élire leurs cousins ou autres membres de la famille de sexe masculin qui concourent pour le même poste », fait-elle remarquer avec un brin de regret.
D’après la sénatrice, pour la femme mariée, le blocage vient parfois de son époux. « Le mari de la candidate au poste de chef collinaire peut prétendre qu’il ne peut accepter que son épouse le gouverne en devenant cheffe collinaire ! C’est le genre de mentalités qu’on a parfois le tort de penser qu’elles n’existent plus. Mais des femmes y sont toujours confrontées ».
Autre obstacle évoqué par Mme Ndayishimiye : les tâches domestiques souvent dévolues aux femmes. « Durant les périodes de propagande électorale, au moment où les hommes peuvent se consacrer pleinement à la recherche de soutiens, les femmes se voient contraintes de s’engager à moitié étant donné qu’elles se sentent dans l’obligation de s’occuper aussi du foyer ! »
Et de demander à l’Etat d’organiser des séances de sensibilisation à l’endroit des hommes pour les amener à soutenir leurs conjointes désireuses de prendre part au processus électoral comme candidates.
Cette parlementaire demande également la révision du code électoral en ce qui est notamment du scrutin collinaire. Ainsi, pour elle, favoriser l’émergence de deux ou trois élus plutôt qu’un seul au niveau de la colline, c’est donner la chance à plusieurs femmes de se faire élire et accéder à des postes jusque-là réservés quasi-exclusivement à la gent masculine.
De son côté, Marie-Concessa Barubike, coordinatrice au sein de l’Afrabu (Association des femmes rapatriées), a exhorté les partis politiques à accorder une place de choix aux candidatures féminines pour la nomination à tel ou tel autre poste au sein de la haute administration.
« S’il faut 4 directeurs généraux au sein d’une institution, pourquoi ne pas opter pour 2 hommes et 2 femmes pour garantir une présence féminine effective ? »
A l’adresse de toutes les formations politiques, la militante de la cause féminine a pris le soin de rappeler que les femmes et les jeunes sont la base du développement.