La Commission Vérité et Réconciliation a débuté sa phase de déposition des témoignages, il y a une semaine. Des associations de victimes qualifient le moment d’inopportun.
« Nous avons senti le poids des attentes de la population, mais aussi l’impatience que portent beaucoup de nos compatriotes face aux activités de la CVR », motive Mgr Jean-Louis Nahimana, président de la CVR.
D’après lui, beaucoup de Burundais attendent depuis plus de quatre décennies de connaître la vérité sur leur passé douloureux. « Un besoin individuel de guérison psychologique se fait également sentir », ajoute-t-il.
Il avance également la nécessité de reconstitution factuelle et analytique des évènements malheureux ayant marqué le passé des Burundais. Et ce, dans le but de la réécriture de l’histoire du pays. « Il n’y a que l’histoire partagée qui pourra nous aider à sortir du phénomène de la globalisation, mais aussi à rompre ces cycles de violence qui ne font que provoquer des hémorragies au sein de notre population. »
En outre, il y a aussi les questions liées aux réparations et au vetting (réformes institutionnelles politiques) qui nécessitent une réponse urgente. Et de conclure : « Cette phase est le cœur même du travail de la CVR. La vérité que nous recherchons viendra des témoignages, des récits des personnes affectées par les crises qui ont endeuillé notre pays.»
Des obstacles à surmonter
Les moyens financiers et humains, le temps, etc, sont des défis auxquels est confrontée la CVR. C’est entre autres l’inexistence des démembrements provinciaux, un personnel réduit et seule une partie du budget est disponible. Le coût de son plan stratégique est de 34.228.192 dollars pour la période de 2016 à 2018.
Pour rappel, la loi régissant la CVR précise qu’elle s’occupera de la période allant du 1er juillet 1962 jusqu’en 2008. Et la durée de son mandat est de quatre ans à compter du jour de la prestation de serment des commissaires, le 10 décembre 2014. Selon le chapitre III, cette durée peut être prorogée une seule fois pour une période d’une année à la demande de la commission.
Pour Mgr Nahimana, la CVR peut se mettre au travail avant la disponibilité de tous les moyens nécessaires. Il précise que cette phase se fera progressivement : « Certaines étapes seront abordées après avoir rassemblé des moyes. » Actuellement, il annonce que ce sont les onze commissaires qui se déploieront sur le terrain. « Il s’agira des témoignages à huis-clos qui ne demandent pas beaucoup de moyens techniques », fait-il remarquer, tout en indiquant que cette 1ère étape se focalisera sur la mairie de Bujumbura.
Réactions
Satisfaction mêlée d’inquiétudes
Pour Aloys Batungwanayo, de l’Amepci Gira Ubuntu, c’est une bonne chose que la CVR entame cette phase avec un retard de plus d’une année. « Dans les conditions normales, elle devrait être lancée après une année de fonction de la CVR. »
Cependant, il trouve que des obstacles existent dont les moyens financiers et humains et le manque de bureauxprovinciaux.
« C’est un travail de titan dans la mesure où il doit y avoir non seulement des gens pour analyser, mais aussi pour coder, numériser, archiver, préparer l’enquête. » Et de s’interroger : « Bujumbura compte plus de 900 cents mille habitants et si on suppose qu’au moins trois cents mille habitants vont déposer leurs dossiers, y a-t-il un staff suffisant pour ce travail ? »
M. Batungwanayo estime que certains quartiers de Bujumbura ont besoin de temps pour panser leurs blessures.
« Rétablir la confiance entre les politiciens »
Pour l’association des rescapés de Buta « Lumière du monde », le contexte d’insécurité actuelle où l’on parle de cas de personnes tuées ou disparues va rendre très difficile ce travail. Jean Népo Bironkwa, son président, s’interroge sur ce qui est prévu en matière de protection des témoins. « Et quid également des témoins qui ne sont plus dans le pays suite à la crise ? ». Au moment où les politiciens s’accordent à dire qu’il y a un problème dans le pays, où les gens vivent la peur au ventre, M.Bironkwa pense qu’il aurait fallu attendre le rétablissement de la confiance entre l’opposition et le pouvoir pour lancer cette phase si importante. Et de revenir lui aussi sur la question des moyens financiers et humains pour faire ce travail.
Que vient faire une CVR mise en place avec un retard délibéré de 16 ans par rapport à l’accord d’Arusha qui l’a conçue? On attendait que les derniers acteurs et témoins des génocides de 1965 et 1972, et certains acteurs du génocide de 1993 soient partis dans l’Au-delà? En 15 ans, de 2000 à 2016, presque tous les acteurs de 1972 ont eu le temps de mourir; c’est d’ailleurs ce que tous les régimes post Arusha voulaient. Je crois que Mgr Nahimana ne l’ignore pas, mais il y a un bon salaire à la fin de chaque mois qu’il faut empocher, sinon la commissaire Clotilde n’aurait pas démissionné du gouvernement pour la CVR. Mgr Louis Nahimana doit prendre conscience de sa responsabilité historique et morale et …démissionner, on lui demande de chercher la Vérité et non les Victimes uniquement. C’est une prière car sa mission est impossible
J’ai l’impression qu’on marche sur la tête. Depuis avril 2015, la machine étatique du CNDD-FDD est en branle pour écraser et engloutir dans des rivières ou des fosses communes tous qui ne sont pas d’accord avec le 3ème mandat sanglant de Mr NKURUNZIZA. La Commission des NU contre la Torture a signalé dans son dernier rapport que ce qui se passe au Burundi i.e. enlèvements, disparitions forcées, tortures, viols et autres exécutions extrajudiciaires ciblées ressemble à un début de génocide… !! C’est dans ce contexte sanglant qu’une CVR moribonde depuis 1 an est réactivée. Mais pour quelle raison ? Il ne faut pas être un grand politicien pour répondre à cette question. C’est pour détourner les regards de tous ceux qui pointent du doigt les maux inqualifiables que fait subir aux Burundais le pouvoir du CNDD-FDD par la voie de sa milice, ses policiers, et une partie de son armée. Je crois que l’on fait du cinéma dont Monseigneur NAHIMANA est l’acteur principal..!
Monseigneur Louis, comme le disent plusieurs sur ce forum les conditions pour l éclatement de la vérité sur l histoire violente du Burundi ne sont pas réunis . Mais vous pouvez avoir raison contre nous tous. C’est possible. Je suis loin de croire que vous allez servir comme Ndayicariye, Gaciyubwenge ,l armée et la police. Il n est pas tard pour démissionner .
Je pense effectivement que cette histoire de CVR va être taxé d’instrument du pouvoir non sans raison .J’ai du respect pour notre évêque mais ce n’est pas dans une période où rien ne va , que l’insécurité règne, que les gens sont persécutés torturés..que l on refait l’histoire
La vérité doit éclater un jour mais il faut d’abord la paix et un pays qui fonctionne ..
Malgré les craintes que l’on peut avoir au sujet du fonctionnnement et de l’impartialité de cette CVR, malgré les tensions qui affectent encore la société burundaise, je pense que le Burundi et les Burundais ont tout à gagner à soutenir le travail de la CVR.
L’alternative ? Attendre dix ou vingt ans, que les derniers témoins aient disparu, et qu’un paix bucolique apparaisse magiquement entre factions meurtries sinon irrémédiablement ennemies ?
Laissez, de grâce, la CVR recueiilir des témoignages, et veillez à ce que tous les témoins puissent être entendus – sans crainte ni menaces de rétorsions. C’est là l’affaire de tout citoyen.
Qui , nous sommes d’accord et content que ce processus soit débuter, Mais nous déplorons que les victimes qui vivent ici en amerique du nord n’ont pas été consultés ni informés de ce processus spéciale alors qu’il y a bcp de ces victimes qui devrient être consulter enfin de faire cette déposition. Expliquez nous comment vous comptez la réussité de ce processus alors que les victimes ne sont pas tous invités à faire les depositions en même temps. Il y a-il une préferance de catégories de victimes? nous avons observés depuis bien longtemps une négligeance de la part des autorités de notre diaspora(Nord amerique) dans tous processus du pays. donnons l’exemple de la CNTB?,,,,,,Savez combiens des Burundais qui ont étés spoliées de leur biens après avoir assassinés leur parents??
[Ndlr: M.Bironkwa pense qu’il aurait fallu attendre le rétablissement de la confiance entre l’opposition et le pouvoir pour lancer cette phase si importante]; A mon avis, je pense qu’il est déjà grand temps et si ce n’était déjà tard pour commencer! S’il faut attendre les coupables ne permettront feront tout pour que cette confiance dont parle, Mr. Bironka ne se rétablisse pas. Selon les accords d’Arusha, les travaux de CVR devraient commencer avec le Gouvernement de Transition mais tout le monde semble avoir eu peur de les lancer! Pourquoi? Parce que les coupables ne veulent pas que la vérité soit mise en évidence!
« Il avance également la nécessité de reconstitution factuelle et analytique des évènements malheureux ayant marqué le passé des Burundais. » Monseigneur, la vitesse supérieure que vous engagez est un contresens factuel vu les moments que le Burundi traverse actuellement. Cette CVR est une copie conforme de la CNTB de Serapio. Quand Messeigneurs nous tiennent!
La CVR n’a aucune valeur car sa composition est déséquilibrée ethniquement et politiquement, Ceci fait que ses conclusions n’engageront que leurs commanditaires
Mr PCE, veuillez prouver vos dires en citant tous les membres de la CVR, leurs ethnies et leurs sensibilités politiques pour que tu sois crédible! Si non cela sent la manipulation
@ Is
Je vais répondre à votre question .
Les membres de la CVR sont les suivants et j’emettrai sur chaque personnalité des observaions et remarques ,mon but n’est nullement de vous convaincre mais il y a des personnes qui pensent comme moi.
– Monseigneur Jean Louis Nahimana, Président ;
– Monseigneur Bernard Ntahoturi, Vice-Président ;
– Maître Clotilde Nibigira, Secrétaire ;
– Honorable Libérate Nicayenzi, Membre ;
– Honorable Dr Didace Kiganahe, Membre ;
– Honorable Clotilde Bizimana, Membre.
– Honorable Pascasie Nkinahamira, Membre ;
– Monseigneur Antoine Pierre Madaraga, Membre
Je commence par le président de la CVR lui même. D’abord je dois préciser que je n’ai rien contre lui. Mais une première remarque . Mr Nkuruziza a dernièrement critiqué la position la position de l’église catholique romaine et en en particulier en ce qui concerne le mandat de la honte ( cést moi qui le qualifie comme cela) , comme Mon Nahimana en fait partie , il devrait donc pas diriger une telle commission , je vous rappelerais en passant que l’église catholique avait retiré ses représentants de la CENI , vous me direz que les deux n’ont rien à voir . Et non c’est faut en politique tout est lié et l’inconstance idéologique est une faute grave qui , dans beaucoup de cas est dictée par d’autres motifs et notamment politiques , vous vous rappelez certainement de l’attitude d’un autre prélat Mgr Bambonerane de la commission nationale des terres dont on n’entend plus rien aujourd’hui comme sit ce dossier était totalement résolu. La neutralitéen politique n’existe pas même pour les juges.
– Mgr Bernard Ntahoturi . L’observation précédente s’applique ici , Comme il y avait un hutu on y met un tutsi anglican en fait pour casser l’influence de l’église catholique romaine . Cette recherche d’équlibrage n’est pas sain et Mgr Ntahoturi n’est pas le plus apprécie dans sa communauté , on connait d’ailleurs ses accointan ces avec Mr Nkurunziza.
Et que dire des 4 suivants Maître Clotilde Nibigira, Secrétaire ; Honorable Libérate Nicayenzi, Membre ; Honorable Dr Didace Kiganahe, Membre ; Honorable Clotilde Bizimana, Membre, Honorable Pascasie Nkinahamira, Membre ; .
Ce sont des militants de du CNDD- FDD de la première heure , je vous rappele en passant que Pascasie Nkinahamira si mes sources sont bpnnes est de la famille de Madame Concilie Nibigira . Et Mgr Madaraga ? Un equilibrisme ridicule . J’aurais aimé y trouver de vrais représentants de l’aile Radjabu Hussein , de Nditije charles , d’un militaire des ex FAB , etc Il y a des gens qui en savent beaucoup plus que nous sur l’histoire du Burundi et qui sont capables de nous éclairer.
L’autre question importante est de savoir les personnes qui seront invitées à s’exprimer devant la CVR ? En fait qui sont les victimes des crises burundaises ? J’en suis un mais je ne me suis jamais exprimé officiellement. Mon avis est qu’il existe des responsabilités individuelles et celles de l’Etat du Burundi . Si vous voulez je vous en dis davantage , j’ai des preuves de la responsabilité personnelle de mon père dans la génocide contre les hutus de 1972 mais il était envoyé par les responsables administraifs que je connais bien et dont certains sont toujours en vie. Il se trouve aujourd’hui que les fils de certains de ces responsables ont adhéré au CNDD- FDD depuis longtemps , la vérité ne viendra pas d’eux , ils chercheront toujours à protéger le nom de leurs pères respectis et les biens qu’ils ont acquis . La question n’est pas simple., reflechissez bien. Enfin mon objectif n’est pas de convaincre je fais un constat , la suite n’est pas mon affaire.
Les burundais sont en train de s’entredéchirer sur fond de mandat contesté. Et en pleine confusion, Monseigneur veut que ces gens viennent se confesser. Peut-être que cela peut marcher au confessionnal (mu cemerezo), mais dans le jeu politique c’est une toute autre histoire. Car il faut avant tout « kubangurukanya », séparer et calmer les parties en conflit ; et c’est seulement à partir de là qu’on peut les écouter. Agir autrement ne peut qu’ajouter la confusion à la confusion.
La CVR est une bonne chose mais les conditions ne sont pas reunies pour commencer le processus dans ces periodes difficiles. La population est insecure, elle a peur et faim. Il ya des nouveaux exiles et refugies. Les kidnappings sont multiples a droite et a gauche. Comment nous allons reussir a nous reconcillier et a dire la verite alors que nous nous fuiyons. Ce n’est pas le temps de « jeter l’argent par la fenetre « .