<doc516|right>La nouvelle a sidéré tout le monde : l’Ombudsman est en danger de mort, menacé pour avoir « dénoncé la corruption » ! M.Rukara demande déjà une « autopsie » en cas d’assassinat.
Venant d’une telle personnalité, la déclaration a suscité un grand trouble dans la population, dans tous les milieux politiques, diplomatiques, dans les médias, etc. Tout le monde s’interroge.
Dans cette effervescence politico-médiatique, où information et manipulation se mélangent allégrement, gardons la tête froide et essayons de comprendre.
Tout d’abord, le mobile avancé par l’Ombudsman : la lutte contre la corruption. A l’analyse, il ne nous apparaît pas que l’Ombudsman a vraiment marqué la chasse « aux corrompus. » Nous avons cherché en vain les dossiers qu’il aurait déjà transmis pour traitement aux institutions étatiques de lutte contre la corruption.
Dans tous les grands dossiers de corruption qui ont défrayé la chronique, l’opinion ne se souvient pas d’un engagement remarqué de l’Ombudsman. La thèse de menaces liées à sa lutte contre la corruption ne résiste pas vraiment à une analyse objective.
Il convient de rappeler le rôle et la place de l’Ombudsman. Par définition, il doit être au dessus des partis politiques. C’est une personnalité réputée pour son indépendance d’esprit, qui n’a aucun engagement à caractère politique qui pourrait créer des conflits d’intérêts et mettre en doute son jugement. Or, M. Rukara n’a jamais pu se détacher de sa formation d’origine. Paradoxalement, malgré le risque de décrédibiliser l’institution, au Cndd-Fdd, on a préféré fermer les yeux.
Selon nos investigations, la frustration de l’Ombudsman s’est exacerbée lors des derniers congrès du parti en mairie de Bujumbura lorsqu’il n’a pas pu placer ses proches. Cette sortie médiatique serait donc à chercher dans l’égo et les méandres pour le contrôle du parti au pouvoir.
Quid de ces « corrompus »? En attendant les révélations promises par M. Rukara, à notre connaissance, le seul dossier transmis par ses services à la Brigade anti corruption concerne un bar voisin de sa résidence qui menacerait sa sécurité. Le dossier a été transmis… fin de la semaine, après la déclaration de son porte-parole sur les menaces contre sa sécurité.
L’Ombudsman menacé par un cabaretier ? Non, tout de même. Enfin, espérons que l’Ombudsman va parler pour son honneur et sa crédibilité. Et pour dissiper ce malaise au sommet.