Le 3 décembre de chaque année, le monde célèbre la journée internationale des handicapés. Iwacu s’est rendu dans un centre de rééducation et d’appareillage (Cereap) saint Bernard de Makamba. Un centre qui fait face à des soucis pécuniaires.
C’est une initiative de Mgr Bernard Bududira, ancien évêque du diocèse de Bururi. Frappé par le manque d’assistance des personnes handicapées, le prélat décide de créer ce centre en 1977.
A l’époque les personnes handicapées se terrent dans leurs maisons, Les enfants sont les plus touchés. Les écoles sont loin et pour y arriver il faut parcourir de longues distances, traverser des rivières, monter des collines.
Pire, ils ne reçoivent pas de soins en rapport avec leurs handicaps. C’est pour leur permettre d’étudier et de se faire soigner que le Cereap voit le jour.
Quatre décennies plus tard, l’aventure dure toujours. C’est une congrégation des sœurs de l’Institut des disciples du Christ qui veille à son fonctionnement. Situé à quelques mètres de l’hôpital de Makamba et de l’Ecofo Makamba I, le Cereap est un mini complexe de bâtiments qui abrite plusieurs activités. On y trouve un Internat pour les écoliers et élèves, et un service d’hospitalisation. Ce dernier comprend deux spécialités : la kinésithérapie et l’orthopédie. Il y a des unités de production de prothèses, d’orthèses et de chaussures pour handicapés, notamment les chaussures destinées aux enfants qui souffrent des pieds bots, une malformation des pieds touchant les petits à leur naissance.
Le loisir des pensionnaires du centre n’a pas été oublié. Un terrain de jeux y a été construit .On y joue le sitting volleyball. Une discipline paralympique dans laquelle, cet établissement semble se distinguer. L’équipe féminine en particulier est la plus redoutée. Elle a déjà remporté deux coupes lors des divers championnats nationaux.
Divine Niyonkuru, habitant de la Zone Rugarama, commune Makamba, ne tarit pas d’éloges pour ce centre. « Mon fils Daniel, âgé de près deux ans, est né avec une malformation des pieds. Cultivatrice, je ne pouvais pas le faire soigner. Les séances de kinésithérapie sont chères. J’étais désespérée que mon enfant finisse sa vie avec ce handicap », raconte-t- elle. C’est une amie qui lui a parlé d’un centre traitant des problèmes de pied. Hésitante, Mme Niyonkuru s’y rend en se disant qu’elle n’avait rien à perdre. A l’arrivée, une belle surprise l’attend. Elle ne va payer que la modique somme de 1500 BIF. Un montant alloué pour l’achat d’une fiche de suivi. « Ça fait deux mois que mon fils reçoit le traitement et il commence à marcher normalement », se réjouit la mère du petit Daniel.
Les temps qui sont durs
Depuis deux ans, sœur Joselyne Mbonimpa dirige le Cereap. Elle admet que ce n’est pas une tâche facile mais s’y donne le cœur joyeux. Actuellement, l’établissement loge un total de deux cents personnes. Selon la religieuse, avec le temps le centre a évolué tout en ne s’écartant pas des objectifs initiaux. «Nous accueillons des enfants qui ne sont pas en mesure d’aller à l’école. Nous essayons de les former à de petits métiers qui peuvent assurer leur survie après avoir quitté le centre », fait savoir sœur Mbonimpa. Il ya des formations de couture, de vannerie et autres.
A la fin, ces patients reçoivent du matériel pour un nouveau départ. « Ceux qui ont suivi la couture, nous leur donnons des machines à coudre et nous payons le loyer de leur atelier pendant 6 mois. Pour d’autres désirant faire le commerce, nous leur ouvrons des boutiques », affirme la directrice.
Toutefois, la directrice indique qu’ils font face à de graves soucis financiers. La décision de suspendre des ONG y est aussi pour quelque chose. « Nous bénéficions du soutien de l’ONG Handicap International. Il paraît qu’elle risque de fermer pour du bon au Burundi. Elle nous fournissait des équipements que nous ne pouvions pas nous permettre faute de moyens », déplore la religieuse.
Des personnes y étaient soignées et cette ONG leur procurait des prothèses. Ces dernières étaient achetées dans le Cereap, ce qui renflouait ses caisses. S’il advenait que « Handicap International quitte le Burundi, les opérations chirurgicales dont bénéficiait le centre saint Bernard vont cesser. Une grande perte pour les patients dont la plupart viennent des milieux pauvres. Peu avant la mesure de fermeture des ONG, une autre nouvelle est venue ébranler le fonctionnement de la maison de sœur Mbonimpa. Le PAM a coupé son ravitaillement en nourriture.
Malgré toutes ces tempêtes, Sœur Mbonimpa essaie de maintenir le gouvernail de son navire en perdition. Pour l’heure, la directrice essaie de s’adapter face aux différents changements. Un bar avec une salle de réception et une boutique sont, pour l’heure, les solutions pour pouvoir tenir. Mais pour combien de temps ? En bonne chrétienne, elle espère que les choses vont finir par s’arranger.