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Makamba : l’épidémie de choléra maîtrisée mais…

04/10/2011 Commentaires fermés sur Makamba : l’épidémie de choléra maîtrisée mais…

Seuls 10 malades sont en observation au centre de traitement de Bukeye, commune Nyanza-Lac. Au total, 134 cas de choléra ont été enregistrés à Nyanza-Lac depuis le 6 septembre dernier. Mais le répit semble être de courte durée.

Prudence Kabura, administrateur communal de Nyanza-lac n’y va pas par quatre chemins. Pour lui, tant que les habitants de sa commune n’auront pas assez d’eau potable, cette maladie ne sera pas éradiquée : « Nous avons plusieurs sources d’eau aménagées mais qui ne sont plus fonctionnelles. Les tuyaux sont abîmés depuis longtemps. »

Mzurikwao Nshimirimana, une habitante de Nyanza- Lac, dont deux fils ont attrapé le choléra, confie:« J’ai peur pour mes deux garçons qui sont soignés depuis trois jours. Ils n’arrêtent pas de vomir. » Selon elle, l’aîné (10 ans) a déjà reçu 16 sérums tandis que le cadet en a eu 13 mais elle n’observe aucune évolution de leur état de santé. Pour elle, ses enfants sont tombés malades parce qu’ils consomment de l’eau du lac Tanganyika.
Secteur Bukeye au chef-lieu de la commune Nyanza-lac. La population vaque à ses occupations comme à l’accoutumée sous un soleil au zénith. A côté du centre de santé de l’église adventiste, plusieurs tentes sont dressées. C’est le centre d’isolement pour les malades de choléra. Les conditions d’hygiène y sont respectées à la lettre ; car les mains et les chaussures de chaque visiteur sont préalablement désinfectées. A l’intérieur, un grand silence règne.

Sérums aux bras, certains malades sont alités sur des lits en plastique (offerts par l’Unicef). La plupart proviennent des collines Mugerama et Kabondo. D’autres, assis à même le sol, reçoivent leurs cachets sous l’œil vigilant des proches. Plus loin, un bladder (citerne en plastique offert par la Croix Rouge) contenant de l’eau potable est installé dans un coin.

Une épidémie devenue récurrente

Tout a été fait pour améliorer les conditions de vie des malades, se réjouit N.D, un infirmier rencontré sur les lieux. Malgré l’angoisse qui se lit sur les visages des proches des malades, il indique que l’épidémie est petit à petit maitrisée ; car actuellement,  il n’y a que 10 personnes dans ce centre: « Au début, nous recevions 13 à 15 nouveaux cas par jour ; mais depuis deux semaines nous n’accueillons qu’un ou deux malades par jour. » En tout, confie-t-il, 134 malades de choléra ont été traités sur ce centre.
Mais pourquoi ce chiffre et cette récurrence de l’épidémie de choléra dans cette partie de la région naturelle de l’Imbo ? Pour Dr Liboire Ngirigi, directeur général au ministère de la Santé Publique, le choléra est assez récurrent dans le sud du pays à cause du manque d’eau potable et de latrines appropriées. « Pour contrôler l’épidémie, il est fondamental de procéder à une sensibilisation à l’hygiène et changer les habitudes des Burundais. »

Dans le sud du pays, souligne-t-il, la population ignore sciemment l’eau des robinets à cause de sa couleur jaunâtre alors qu’elle est propre « Elle ne contient que beaucoup de fer», insiste-t-il. Ainsi, selon lui, les habitants de la ville de Rumonge, par exemple, préfèrent consommer l’eau du lac Tanganyika alors qu’elle contient trop de microbes.

Les causes de l’épidémie

La région offre aussi un terreau au choléra : « La nappe phréatique est très proche (à environ 1 mètre), ce qui fait que les gens ont des difficultés à creuser leurs toilettes », explique le directeur général. Il indique que des latrines appropriées existent mais qu’elles coutent très cher. Dr Liboire Ngirigi déplore aussi l’existence de petits commerces qui ne respectent pas les règles de l’hygiène le long de la Route Bujmbura-Makamba, en passant par Rumonge où l’hygiène laisse à désirer.

Toutefois, Pudence Kabura, l’administrateur communal de Nyanza-Lac indique que les efforts se poursuivent afin de contenir l’épidémie. D’après lui, si l’eau était traitée et si une campagne de sensibilisation relative à l’usage des latrines était conduite auprès de l’ensemble de la population, le problème se réduirait énormément.
En attendant, la Croix Rouge a distribué aux malades et à leurs familles des kits sanitaires constitués des jerrycans, du savon et des sceaux.

L’épidémie de choléra s’est déclarée le 27 septembre pour la première fois au cours de l’année en cour à Rugombo en province Cibitoke. Le 5 août, la maladie s’est déclarée à Kabezi dans Bujumbura Rural. Vers le 10 août, elle est signalée dans la Mairie de Bujumbura et le 06 septembre à Nyanza-Lac. Jusqu’au 27 septembre, Cibitoke a déjà enregistré 167 cas ; Bujumbura-Mairie, 248 cas. A Nyanza-Lac, ce sont 134 cas enregistrés, Kabezi 83 cas, Magara 22 et Rumonge, 36 malades de choléra. En tout, plus de 800 personnes ont attrapé le choléra, dont 10 sont décédées juste au début de l’épidémie.

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