Dans un procès en urgence, le Tribunal de grande instance de Makamba a condamné, le mardi 17 décembre 2024, deux représentants du parti CDP dans la commune Mabanda à deux ans de prison. Antoine Mbaririmbanyi et Fabien Nijimbere sont accusés d’« avoir subtilisé les documents électoraux des voisins les empêchant ainsi de participer aux prochaines élections ». Anicet Niyonkuru, président dudit parti dénonce un verdict « politique et injuste ». Il demande leur libération immédiate.
Tout remonte à samedi 14 décembre 2024. Selon des sources locales, deux militants du parti Conseil des patriotes, CDP, en commune Mabanda dans la province de Makamba ont été arrêtés le même jour. Antoine Mbaririmbanyi et Fabien Nijimbere ont été immédiatement conduits au cachot de la police locale avant d’être transférés, le dimanche 15 décembre, à la prison du parquet de Makamba.
Dans un jugement en urgence prononcé le mardi 17 décembre 2024, le Tribunal de grande instance de Makamba accuse les deux militants du CDP d’« avoir subtilisé les documents électoraux des voisins les empêchant ainsi de participer aux prochaines élections ».
« Antoine Mbaririmbanyi et Fabien Nijimbere ont été reconnus coupables d’avoir empêché certaines personnes de participer aux élections de 2025 et sont condamnés chacun à deux ans de prison et à une amende de 800 000 BIF. Les cartes d’identité et les récépissés électoraux extorqués doivent être restitués », peut-on lire dans la signification de jugement du Tribunal de grande instance de Makamba.
C’est une arrestation « vagabonde et très injuste », rétorque Anicet Niyonkuru, présideunt du CDP. « Comment est-ce qu’on peut arrêter un représentant d’un parti politique dans une circonscription donnée alors qu’il cherche à faire des photocopies des documents nécessaires pour se faire élire ?», s’interroge-t-il.
Par ailleurs, explique M. Niyonkuru, les cartes d’identité et les récépissés de leurs amis qu’ils possédaient n’avaient rien à voir avec l’objet du jugement selon lequel les deux représentants collectaient ces documents pour empêcher les voisins d’aller voter. Mais, c’est plutôt le contraire. C’était pour constituer des dossiers afin de se faire élire, donc d’élire eux-mêmes et de mobilier les voisins afin de voter pour eux.
Joint par téléphone, Jean Bery Hatungimana, administrateur de la commune Mabanda indique qu’au moment des faits, il était à l’extérieur du pays.
Un verdict qui rappelle « La Cour du Lion »
Pour le président du parti CDP, le verdict est tombé comme un véritable coup de massue. Il s’insurge contre l’emprisonnement de ses militants et dénonce ce qu’il qualifie de jugement politique et injuste « Nous avons accueilli ce jugement avec une très grande consternation. C’est avec un grand choc que le parti CDP a appris cette sentence qui rappelle « La Cour du Lion » des Fables de la Fontaine où la loi de la jungle régnait. Ce jugement, très politique et très injuste est une honte à la justice burundaise », épingle Anicet Niyonkuru.
Il souligne que cette arrestation est de nature à démobiliser tous ceux qui veulent adhérer et voter pour d’autres partis politiques. C’est un mauvais prélude aux élections prochaines. « Cela présage d’un mauvais climat pré-électoral, électoral et post-électoral. À tous ceux qui pensent que les élections seront apaisées, libres et transparentes au Burundi qu’ils déchantent ».
Anicet Niyonkuru demande la libération immédiate et inconditionnelle de ces deux militants et appelle les dirigeants du pays d’instruire les administratifs locaux afin de respecter la loi et les libertés politiques.
Le parti CDP accuse les Imbonerakure, les jeunes du parti au pouvoir de cette localité, d’être derrière ces arrestations. Et pourtant, lors d’une émission (synergie des médias) organisée par la Maison de la presse le mardi 17 décembre 2024, Jean-Marie Muhirwa, secrétaire national du parti CNDD-FDD chargé des affaires politiques et juridiques, avait déclaré qu’en cette période pré-électorale, la situation sociopolitique au Burundi n’est pas alarmante. « Les Burundais sont calmes », a-t-il dit avant de souligner que les militants de son parti ne participent en aucun cas dans la traque des opposants.
« Jugement en urgence… »On dirait que c’est le seul secteur judiciaire qui est dynamique au pays alors que les autres secteurs de la vie burundaise sont en perpétuelle degradation! Pourquoi est-ce que ce dynamisme ne se manifeste pas ailleurs?