68.567 réfugiés burundais présents en Tanzanie, en provenance de la province Makamba, est le chiffre avancé par le HCR, rapport de mars 2017. Le gouverneur rejette ces données et parle de 47 mille personnes revenues sur les 50 mille exilés en 2015.
Chef-lieu de Makamba au rythme de l’été en ce début du mois de juillet. Tout le monde parle des vacances d’été. Quelques bus à destination de Bujumbura klaxonnent à tue-tête pour rameuter les passagers, surtout des jeunes.
Côté politique, l’on ne parle que depuis plusieurs semaines du retour des réfugiés. Pourtant le désaccord semble profond entre administration et bureau du HCR sur les chiffres. Gad Niyonkuru, gouverneur de la province de Makamba, n’y va pas par quatre chemins. Pour lui, les données du HCR sur la situation des réfugiés burundais en Tanzanie en provenance de Makamba sont fausses.
Et pour cause, explique-t-il, l’administration avait comptabilisé 50 mille personnes parties en Tanzanie, suite à la crise politico-sécuritaire de 2015. « Les rapports des administratifs à la base évoquaient le départ de plus ou moins 50 mille individus originaires de Makamba, suite aux rumeurs véhiculés pas certains médias annonçant une catastrophe imminente. »
Le gouverneur semble vraiment furieux. Depuis deux ans, s’insurge-t-il, sur ce nombre, plus de 97% sont revenus de leur propre chef et personne au HCR n’en parle. « Ils sont à plus de 47 mille à être rentrés à l’heure où je vous parle. Je ne veux accuser personne, mais il est évident que ce manque de communication profite à certains.»
Et de marteler qu’il s’observe un mouvement de retour massif. La plupart passe, indique-t-il, par les frontières connues, mais d’autres passent par des voies non conventionnelles. « Des chiffres sont collectés sur différentes frontières, mais également rapportés de la base au sommet par les chefs collinaires et des administrateurs communaux qui suivent la situation au jour au jour. »
« Le HCR ne distingue pas réfugiés politiques et économiques »
Cette agence onusienne, relève Gad Niyonkuru, ne fait pas de distinguo entre réfugiés politiques et économiques car il s’avère que bon nombre d’entre eux prétendent fuir l’insécurité, alors qu’ils partent à cause de la famine pour certains ou le manque de terre à cultiver pour les autres. « Pendant la saison de la récolte, les mouvements de départ baissent et augmentent pendant la saison culturale car la plupart de paysans partent en Tanzanie pour chercher du travail dans les champs en échange de vivres ou de l’argent. »
A Nyanza-Lac, l’administrateur communal répète presque mot pour mot les propos du gouverneur. Jean Claude Nduwimana assure qu’une dizaine de personnes rentrent au moins chaque jour : « Trente familles d’une centaine de personnes sont revenues la semaine passée. Elles sont originaires de presque partout dans la commune. »
Et d’affirmer que ce mouvement de rapatriement pourrait largement dépasser ce chiffre, si les Burundais ne rencontraient pas une résistance de la part des agents du HCR en Tanzanie lorsqu’ils veulent rentrer : « Ils sont contraints de passer par des voies non autorisées en se cachant. Ils sont alors dépouillés de leurs biens par des bandits en cours de chemin.»
P.M., la trentaine, originaire de la colline Muyange de la commune Nyanza-lac, dont la famille est rentrée en mai dernier, abonde dans le même sens. Selon lui, la plupart des Burundais veulent regagner leur pays, mais des informations faisant état d’une insécurité circulent dans différents camps, bloquant ainsi la volonté du plus grand nombre de rentrer.
« Les données du HCR sont exactes »
De plus, confie ce père de trois enfants, ceux qui ne sont pas partis pour des raisons économiques ne veulent pas que les autres rentrent. Ils sont allés se faire enregistrer comme réfugiés, précise-t-il, alors qu’en réalité ils veulent des vivres. « Chaque fois qu’il y a une distribution, ils se pointent puis revendent leur part et retournent au pays. Ils font partie de ceux qui dissuadent les autres de rentrer. »
Côté gouvernement, les chiffres avancés par le HRC ne convainquent pas non plus. Le ministère de l’Intérieur annonçait, début 2017, que plus de 100 mille Burundais avaient regagné le pays sur environ 265 mille qui étaient en exil, dont certains depuis de longues années.
Le HCR lui reste droit dans ses bottes. L’organisation, qui ne souhaite pas polémiquer, n’en démord pas. D’après un cadre qui a requis l’anonymat, 68.567 réfugiés burundais, originaires de la province Makamba, se trouvent toujours en Tanzanie.
Seul le camp de Nyarugusu abrite actuellement 39.718 réfugiés originaires de Makamba. « Ce rapport est sorti le 31 mai 2017 sans parler des camps de Nduta et Mtendeli. »
En outre, l’agence onusienne indique, dans son rapport du 10 juillet 2017, que le nombre de réfugiés burundais présents dans les pays de la sous-région s’élève à 430.029. « Chaque fois que des réfugiés retournent chez eux, ils sont soustraits de nos données d’une façon automatique. »
Le site du HCR donne avec précision, en collaboration avec les services du gouvernement d’accueil, le nombre de réfugiés burundais présents sur son sol. Ainsi 244.127 Burundais sont exilés en Tanzanie (rapport du 19 juin 2017), 86.578 au Rwanda (rapport du 10 juillet 2017), 48.439 au 31 mai 2017 en Ouganda, 39 919 en RDC au 31 mai 2017… Et de conclure que les données du HCR sont exactes.
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Pourquoi polémiquer sur les chiffres de réfugiés présents en Tanzanie? Si sur les 50 milles réfugiés en provenance de Makamba 47 milles sont déjà rentrés, je pense que dans quelques jours les 3 milles qui y restent seront déjà rentrés et le Camp de Nduta fermé, du moins si l’on tient compte du facteur proximité. La seule chose que je déplore est que nos administratifs ne pipent aucun mot sur les victimes des Imbonerakure dans cette besogne de faire rentrer tout le monde de gré ou de force!
@Mafero
Le camp de Nduta ne peut pas être fermé puisqu’il ya des Congolais et des anciens réfugiés, ce n’est pas seulement un camp pour les Burundais de Makamba.