Les propriétaires des boutiques et des kiosques du quartier Bwiza sont angoissés. Ils dénoncent la mairie qui applique une double imposition. Pour la mairie, il s’agit des frais d’exploitation d’un espace public. Explication.
« Des agents de la mairie sont venus et m’ont informé que je dois payer 186 mille BIF », raconte une tenancière d’une boutique à la troisième avenue du quartier Bwiza commune Mukaza en mairie de Bujumbura.
D’après cette commerçante, ils ont commencé à mesurer la superficie de sa boutique. Puis, ils ont demandé si j’ai l’autorisation de faire du commerce. Cette vendeuse leur a expliqués qu’elle est là depuis 2015. « Par ailleurs, je paie à la mairie 30 mille BIF par an » Avant de partir, ces agents de la mairie lui ont donné une facture de 186 mille BIF.
Dépassée, cette commerçante est allée se plaindre auprès du chef de quartier 1. Etonnée, le chef de quartier lui a confié qu’elle n’était pas au courant de cette nouvelle décision.
Même lamentations chez certains propriétaires des boutiques de la 4e avenue. « Désormais, cette année, je payerai plus de 300 mille BIF d’impôt foncier alors qu’avant je ne payais que 86 mille BIF », se lamente l’un des commerçants sous couvert d’anonymat.
Deux poids deux mesures
Selon lui, cette décision est partiale. Elle ne vise que des boutiques et des kiosques. Pourtant, il y a des maisons d’habitation qui ont dépassé les bornes. Ce dernier réclame que ceux qui ont violé la loi soient punis de la même façon.
Et d’ajouter des agents de la mairie ne mesuraient pas la partie du kiosque ou de la boutique installée dans l’espace public. Ils comptaient la superficie occupée par le kiosque même si elle est située dans sa propriété.
Pour Juma, un autre habitant, suite à cette mesure, il payera plus de 500 mille BIF alors qu’avant, il ne payait que 100 mille d’impôt foncier. « C’est une mesure hâtive. La mairie n’a pas informé les citadins».
Suite à cette décision, ce propriétaire fait savoir qu’il est contraint de d’augmenter le loyer 10 mille BIF à partir du mois prochain.
Par ailleurs, cette décision plombera les affaires de plusieurs familles. Ces dernières vivent des revenus tirés des boutiques implantées dans l’espace public. Cette pratique date de plusieurs années.
D’après lui, la décision d’imposer ces constructions illégales n’est pas une solution. Cet impôt exorbitant forcera la majorité des commerçants à fermer les portes.
Plutôt, elle risque de produire des effets non escomptés. Car, pour certains, cela peut signifier que désormais, n’importe qui peut construire dans l’espace public à condition qu’il paie l’impôt. Ce qui met en danger les piétons qui seront obligés de marcher dans la rue.
Au lieu d’imposer, suggère-t-il, la mairie devrait plutôt accorder un délai limité aux commerçants exerçant dans ces kiosques pour déménager. Pour leur faciliter la tâche, l’administration municipale peut aménager un endroit pour ces commerçants.
Du côté des commerçants, c’est la confusion et la peur. « J’ai une bonne clientèle. Mais, avec ce nouvel impôt le loyer devrait augmenter», s’inquiète l’un des commerçants tenant l’un des kiosques ciblés.
Pour lui, si le propriétaire augmente le loyer, il ne pourra pas suivre. Il sera obligé de déménager. « Cela signifie recommencer à zéro parce que je devrais aller dans un endroit et chercher de nouveaux clients. », souligne ce jeune commerçant.
Pour Gérard, lui aussi homme d’affaires, cette décision montre que les commerçants sont déjà tombés dans le piège. « Les propriétaires nous ont eu. Nous avons loué des boutiques construits dans l’espace public » Pour le moment, il confie qu’il a déjà pris la décision de déménager. Il ne peut pas continuer de travailler dans un espace interdit.
« Cependant, la mairie est impliquée dans la construction de ces kiosques », déplore-t-il. Ces kiosques ont été construits au vu et au su des administratifs à la base. Personne n’est intervenu pour arrêter ces constructions.
La mairie s’explique
Face à ces lamentations, Candida Kazatsa chargée de la communication à la mairie de Bujumbura s’explique. Pour constituer un fichier électronique, la mairie a procédé à l’identification des activités et professions libérales exercées dans l’espace public.
Cependant, la porte-parole de la mairie lève toute équivoque : « Ceux qui occupent l’espace public ne paient pas d’impôt foncier. Ils s’acquittent des frais d’exploitation de l’espace public.»
En outre, elle tient à préciser que les agents de la mairie chargés d’identifier les espaces publics ont informé les occupants sur la superficie et le montant à payer. Le tarif est 20 mille par mètre carré.
Mme Kazatsa souligne que la partie des kiosques ou des boutiques implantés dans les parcelles n’est pas prise en compte.