Les cas de divorce augmentent à Bujumbura et les chiffres sont alarmants. Les citadins s’interrogent sur les causes et les conséquences de ce phénomène. Eclairage d’une psychologue.
Plus de 570 cas de divorce ont été enregistrés dans les trois communes de la capitale économique au cours des années 2020 et 2021. La zone Kanyosha vient en premier avec 118 cas, suivie par la zone Kamenge avec 71 cas, selon les données du ministère de la Justice.
Mardi 14 juin, il est 11h. A l’un des tribunaux de résidence de Bujumbura, sous un soleil de plomb, les justiciables attendent dehors le début de l’audience. Parmi eux, deux couples vont divorcer.
J. N., la trentaine, l’un de ceux qui attendent raconte : « Je me suis marié, il y a bientôt 3 ans et cela fait une année que j’ai commencé la procédure de divorce. »
Selon lui, après trois ans de fiançailles tout se passait à merveille. Après le mariage, elle a changé de comportement : « Elle a commencé des sorties nocturnes, à s’amuser comme une adolescente. Elle n’avait même pas le temps pour notre nourrisson de cinq mois.»
La femme a réfuté toutes les accusations, mais elle a fini par être attrapée avec son amant dans le lit conjugal : « C’était un coup dur pour moi, je n’attends que le divorce. Je ne vais plus entendre parler de mariage.»
La même situation pour C. I, une jeune Maman de la zone Rohero en instance de divorce.
Elle témoigne que son mari n’assure plus les obligations d’un père de famille : « J’ai deux enfants avec lui et il rentre tard la nuit. Il peut même passer toute une semaine sans voir les enfants.»
Pire, se plaint-elle, récemment, il a acheté une voiture à sa maîtresse. Pourtant, il ne sait même pas si les enfants ont eu à manger. « D’ailleurs, n’eût été l’intervention des familles, il ne payait plus le loyer »
Quant à B. I., divorcé de la zone Kamenge, sa femme l’a quitté à cause de la pauvreté : « Quand j’avais un emploi, tout était bien. La situation a changé lorsque mon contrat a été rompu.»
Il explique que sa femme a commencé à sortir avec d’autres hommes jusqu’à ce qu’elle le quitte pour de bon en laissant trois enfants de moins de dix ans.
Des multiples causes expliquent les divorces
De mai 2020 à mai 2021, les divorces déjà prononcés dans différents tribunaux de résidence de la commune Mukaza sont au nombre de 60. La zone Nyakabiga vient en tête avec 21 cas et la zone Buyenzi arrive en deuxième position avec 19 cas.Selon la greffière de l’un des tribunaux de résidence, les causes sont diverses, mais généralement c’est l’infidélité, la pauvreté et la mauvaise gestion des biens familiaux.
Elle se rappelle d’un dossier où le mari a donné un capital à sa femme pour faire le commerce et elle a fait faillite, le mari lui a octroyé un deuxième capital et elle a perdu encore. Le mari est venu demander le divorce accusant sa femme de gaspiller son argent avec d’autres hommes.
Chris Darnaud Habonimana, avocat au barreau de Bujumbura, explique que les principales causes observées couramment sont l’immaturité, la mauvaise gestion, l’adultère, l’alcoolisme et parfois l’implication des belles familles dans la vie des couples.
Il révèle que la majorité des clients qui sollicitent son assistance pour le divorce sont généralement des jeunes couples avec deux à trois ans de mariage et, très rarement au-delà de cinq ans d’union.
Un sexagénaire de la zone Kamenge confirme le constat de l’avocat. D’après lui, le divorce est dû à l’immaturité et la volonté de s’enrichir : « Les jeunes d’aujourd’hui veulent à tout prix s’enrichir, détenir une voiture et une belle maison à vingt ans. Pour arriver à cela, ils se livrent à tout, surtout l’adultère.»
J. N., à ses côtés, la cinquantaine renchérit : « Les femmes ne résistent plus aux tentations, les hommes leur offrent des biens luxueux et se livrent facilement à l’adultère. C’est regrettable ! »
Elle fait savoir qu’à l’époque, cela ne se faisait pas car les femmes pouvaient manquer du sel ou de l’huile de cuisine, mais elles ne pouvaient pas céder aux tentations.
Les conséquences sont énormes
Pr Théodora Nisabwe, professeur à la faculté de psychologie et représentante légale de Nturengaho (une association qui milite pour la protection de la jeune fille contre les violences sexuelles et les violences basées sur le genre), constate que les cas de divorce vont croissant surtout dans les milieux urbains et chez les jeunes couples. « Même les rapports du ministère de la Justice en font écho », ajoute-t-elle.
Elle confie que dans le temps les divorces étaient très rares. Mais, nuance-t-elle, le monde n’était pas saint, mais les femmes endurées à tous les maux des ménages car elles faisaient allusion au dicton social « Niko zubakwa ».
« Lorsque les conjoints se sont convenu, de faire la vie commune devant la loi, le mariage doit reposer sur un certain nombre de compromis et les conjoints développent des attentes l’un envers l’autre. Dès que l’un d’eux outrepasse ce qu’ils se sont convenus de manière répétitive, l’autre s’en trouve offenser et à la fin c’est le divorce », explique-t-elle.
Selon Mme Nisabwe, les causes sont multiples, notamment l’adultère, l’immaturité, la défaillance au niveau comportementale, la mauvaise gestion des biens familiaux et surtout l’implication des belles familles.
Cette situation n’est pas sans conséquence, pour cette psychologue, le divorce est un calvaire pour les enfants qui vivent une carence affective.
Elle conseille aux jeunes couples de s’entendre et gérer les différends à l’amiable au lieu de camper sur leur position : « Qu’ils reconnaissent que chacun a ses faiblesses et ses forces et que personne n’est parfait.»
La psychologue demande à chacun de reconnaître ses faiblesses pour s’améliorer.
Pour Rénovat Sindayihebura, administrateur de la commune Mukaza, estime que le divorce est l’un des problèmes qui hantent cette localité. Il regrette que ceux qui « désirent divorcer ne peuvent s’atteler aux travaux de développement. »
Selon lui, les conseils aux futurs mariés devraient insister sur la tolérance entre les époux et continuer trois mois après le mariage.
Dommage que personne ne parle aussi du déclin de l’influence de la religion sur les comportements Normalement, pour un chrétien catholique, le divorce est exclu. Par ailleurs, du point de vue sociologique, ces divorces constituent un signe non négligeable de la désintégration de la société où il n’y a plus de « balises sociales » pour aider ceux qui rencontrent des difficultés. Dans le temps, il y avait toujours des oncles, des tantes, etc. pour donner des conseils aux jeunes couples et les accompagner. La profession de conseilleur conjugal ou coach familial, s’il existe, devrait remplir la même fonction.
Kazibake
C’est très regrettable d’assister à ce desastre de destruction des familles. Mais moi ce qui me preoccupe ce sont ces enfants qui sont victimes.
D’après mes multiples observations, il serait utopique de penser que cette situation va changer demain ou après demain car la majorité de couples se forme sans savoir le moindre de leur mission comme foyer.
Bon article. Et à mon sens il est assez scientifique car il traite le vécu quotidien d’un Burundais moyen. Toutefois, votre échantillon a été prélevé à Bujumbura, mais je suis aussi presque sûr que les chiffres nous en diraient plus si vous rapporteriez depuis les villages « inaccessibles ». Tous comptes faits, ce n’est qu’ à la lumière de telles études à caractère scientifique que des politiques macroréconomiques pouraient être formulés afin de faire avancer le pays. « Ntakurondera umuhoro uri mu kwaha »
Beaucoup se marient sans se connaître assez malheureusement… Côtoyer une personne et vivre avec une personne est complètement différent..
Nakamaramaza izo ngeso zo kwahukana zadutse mu gihugu.Kera ingo zari zigumye même si les hommes se comportaient mal.Ubu rero zigire zose zisambuke et nos enfants n’auront plus aucun repère que l’argent facile de la prostitution.Chers parents,nimwe mwubaka kazoza kigihugu cacu,nimwabandanya musambagura ingo zanyu par pur egoïsme,demain le Burundi sera aussi détruit.Nimwisubireko mureke kwitesha agaciro.
@Nderonziza
Erega hashobora kuba hari iyindi mpamvu y’ukwahukana: abagore batanguye kutihanganira agacinyizo k’abagabo. Bariko baraca akenge ntibacirererako abagabo ngo niko zubakwa. Ahantu hose hatanguye kwubahirizwa agateka kazina muntu ukwahukana guca kurwira. Mbere vyerekana ko ari amajambere mu gateka kamuntu ariko arasasagara buhorobuhoro.
Kwahukana ni amajambere canke iteranyuma?
Erega iyo ingo zisambuka n’igihugu ntikirama. Shetani iba yabonye igihengeri, kimwe gitera imfyisi amerwe.
@Oscar Ninteretse
Wewe ndumva ko agacinyizo igitsina gore kirimwo kuva kera atako ubona. Ngo niko zubakwa. Vyerekana ko kwishira mu kibanza c’uwundi bikugora. Ico abo kwa Voltaire bita ’empathie’. Muri ico gihe biragoye ko duharira.