Trois mois après la campagne de retrait des mendiants et enfants en situation de rue par la police en collaboration avec le ministère de la Solidarité nationale, ces derniers se voient encore dans différents endroits du centre-ville de la capitale économique. Selon eux, la pauvreté en est la cause majeure.
Sur différents boulevards, rues et avenues du centre-ville de Bujumbura, des mendiants ne laissent personne passer sans quémander de l’argent. Ils sont surtout des femmes ayant de petits enfants, des femmes et hommes en âge avancé ainsi que des personnes vivant avec handicap.
Nzeyimana, mère de deux enfants, mendie dans les rues de la ville de Bujumbura depuis cinq ans. Ce 12 octobre, devant le Palais des arts sous le soleil accablant, elle tremble de « faim ». Elle dit avoir laissé ses deux enfants à la maison à Tenga dans la commune Mutimbuzi pour venir chercher de l’argent.
Selon elle, la pauvreté la pousse à mendier : « Je suis veuve et pauvre. Je n’ai pas de maison car elle a été détruite. Pour parvenir à nourrir mes enfants, je dois venir chaque matin au centre-ville pour rencontrer de bons samaritains ».
Pour Espérance, mère de deux jeunes filles, la mendicité est devenue son mode de vie depuis des années. Rencontrées près de la place de l’indépendance dans le centre-ville, elle et sa cadette font le tour de toutes les voitures devant les feux rouges demandant de l’argent alors que sa fille ainée dort devant un magasin.
« Je suis né à Kamenge. Après la mort de mes parents, je suis sans abri. La pauvreté m’a poussé dans la mendicité. Je parviens à nourrir mes filles. Elles grandissent, j’espère que la vie changera un jour ».
Elle appelle les âmes charitables à lui octroyer un capital pour qu’elle puisse quitter la rue et faire du commerce.
« La rue est devenue notre abri depuis l’enfance »
Des enfants, souvent en groupe de deux à cinq, avec des habits sales et déchirés, sillonnent aussi les rues du centre-ville. Ils mangent tout ce qu’ils trouvent, sans souci de l’hygiène. Fatigués ou malades, certains dorment sur le sol sous le soleil de plomb.
« La rue est devenue notre abri depuis notre enfance. Ils nous forcent à quitter, mais nous reviendrons toujours », indique Asmani, un garçon de 12 ans, avant de demander avec insistance l’argent.
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Son ami, plus jeune, approche pour le compléter : « Quitter la rue pour aller où ? Je me suis retrouvé ici sans mes parents et j’y resterai aussi longtemps que possible ».
Pourtant, les deux acceptent qu’ils puissent aller l’école si une occasion se présente et les moyens le permettent.
Le 7 juillet dernier, 200 mendiants et 90 enfants en situation de rue ont été arrêtés par la police. Les enfants ont été transférés dans les centres d’encadrement et de réintégration. Le secrétaire permanent au ministère de la Solidarité nationale, Félix Ngendabanyikwa avait indiqué que le travail de retrait des mendiants et des enfants en situation de rue devrait continuer en collaboration avec le ministère de la Justice et celui de l’Intérieur « pour qu’il n’y ait plus de mendiants au Burundi et surtout dans les rues de la ville de Bujumbura ».