Les travailleurs de la mairie de Bujumbura se plaignent que les retenues sur leurs salaires arrivent tardivement sur les comptes de destination. Ils soupçonnent une mauvaise gestion et regrettent un manque de dialogue entre la direction et le personnel. <doc3078|left>« Comment est-ce possible puisque l’argent est retenu à la source ? », s’interrogent plusieurs travailleurs de la mairie de Bujumbura. En effet, une certaine somme est prélevée sur leurs salaires au titre de cotisations en vue de certains avantages ou couvertures sociaux. Il s’agit notamment des cotisations à la Mutuelle de la fonction publique (MFP), au Fonds de pension complémentaire, dont le compte se trouve au Fonds de promotion de l’habitat urbain (FPHU), ainsi que les cotisations à l’INSS. Pour ces cotisations, à la part individuelle du travailleur s’ajoute la part patronale. Mais il y a une autre retenue sur salaire concernant les cotisations à la Caisse sociale municipale (CASUMO) sans aucune participation patronale. Selon des sources syndicales et au département des ressources humaines de la Mairie, à la MFP, le dernier paiement date du 15 juin 2011 et, au FPHU, du 28 juin 2011. Interrogé, le service épargne du FPHU a brandi le secret bancaire. Quant à la CASUMO, elle enregistre un retard de quatre mois dans les cotisations. « L’impôt professionnel sur les revenus a été régularisé en décembre et janvier derniers, après la saisie des comptes de la Mairie par l’OBR », rapportent les mêmes sources. En effet, certaines institutions ont un pouvoir de contrainte qui incite la Mairie à régulariser sa situation. Des arriérés aux conséquences fâcheuses « La Mairie a souvent un retard qui va jusqu’à six mois, et nous sommes parfois obligés de lui envoyer des correspondances pour qu’elle réagisse, et souvent elle paie par tranches », indique une source au sein du service de couvrement de la MFP. Selon cette source, une correspondance sera ainsi incessamment envoyée, avant une mise en demeure, puisque les derniers paiements datent de mai 2011. Mais, heureusement, la MFP n’a pas encore eu à couper ses prestations à cause de ces retards. Les conséquences de cette situation sont souvent fâcheuses pour le personnel de la Mairie. D’après une source du FPHU, lorsque l’argent tarde à arriver sur les comptes, les travailleurs de la Mairie perdent leurs intérêts, qui se chiffrent à 10%. « Si le dernier versement a été fait en juin dernier, en janvier 2012, les bénéficiaires n’ont eu, par exemple, que 10% de ces six mois, alors que les intérêts auraient dû courir sur toute l’année », explique un syndicaliste de la Mairie. Les paiements de ces intérêts sur les retenues sur salaires reviennent finalement à la charge de la Mairie, qui s’en acquittera en même temps que les arriérés des versements. « Mais la situation budgétaire de la Mairie ne lui permet pas de payer la totalité de ces intérêts d’un coup, et une entente verbale a été convenue pour un paiement échelonné », ajoute un autre syndicaliste. Un flou entretenu… Il en va de même de la CASUMO, parce que ces arriérés ne lui permettent pas d’accorder des crédits aux travailleurs de la Mairie, et certains attendent plusieurs mois durant : « C’est frustrant quand on sait qu’on a reçu seulement une partie de notre salaire, à cause de ces retenues qui ne nous profitent finalement pas. » Surtout que « ces salaires tombent, le plus plu souvent, presque au milieu du mois », selon un autre salarié de la Mairie. Selon certains syndicalistes, quand bien même les charges de la Mairie seraient nombreuses, pour plusieurs raisons, la priorité devrait être donnée aux salaires du personnel, et non au payement d’autres charges. « Les montants retenus sur les salaires devraient être payés à temps et en totalité.» Cette situation semble être entretenue par une certaine confusion et un manque de dialogue entre le personnel et les gestionnaires de la Mairie. Cela explique sûrement pourquoi beaucoup de sources ont préféré garder l’anonymat. Pour un syndicaliste, les ressources de la Mairie sont les mêmes et collecteurs et percepteurs assurent que les entrées sont énormes. Cependant, continue-t-il, les gestionnaires des dépenses se plaignent de la faiblesse des recettes. Pour ce syndicaliste, « malheureusement, tant qu’il n’y aura pas de réunions avec les responsables, la véritable cause de cette situation restera inconnue. » Nous avons essayé de joindre la direction de la Mairie pour qu’elle s’explique, mais en vain. Toutefois, nous restons ouverts à d’éventuels éclaircissements de sa part.