Après la suspension des sociétés chargées de ramasser les ordures ménagères par la mairie, les citadins s’insurgent contre les immondices qui s’amoncellent dans les quartiers. Ils craignent pour leur santé et réclament la reprise de la collecte des ordures.
Mardi 23 novembre, il est 10h dans le quartier Taba, Zone Gihosha, commune urbaine de Ntahangwa, en mairie de Bujumbura.
Aux abords de la rivière Nyabagere, des tas d’ordures ménagères et d’autres déchets font une montagne d’immondices. Même situation du côté du quartier Nyabagere. Un dépotoir improvisé tout près du pont Nyabagere sur la route Bujumbura- Bugarama (RN1). «Les riverains de cette rivière profitent de la tombée de la nuit pour déverser les ordures ménagères aux bords de la Nyabagere ou carrément dans la rivière. D’autres les déversent dans les caniveaux», se lamentent les riverains de cette rivière. Insalubrité aussi dans le quartier Winterekwa dans la zone Gihosha. La situation est très préoccupante. Les parcelles non encore construites servent de dépotoirs. Des tas d’immondices constitués de différents déchets ménagers, des bouteilles en caoutchouc ou en plastique notamment. L’endroit est malsain. Les immondices dégagent une odeur nauséabonde. Vers et mouches pullulent partout.
Un des habitants du quartier Winterekwa tire la sonnette d’alarme. «Les rivières qui traversent ce quartier sont devenues des poubelles. ». Selon lui, l’absence de sociétés qui collectent les ordures ménagères dans ce quartier explique cette situation déplorable. Il demande à l’administration de chercher des sociétés pour enlever ces ordures.
D’autres zones ne sont pas épargnées
Même situation dans les quartiers de Mirango II et Gituro de la zone Kamenge. Là encore, difficile de maîtriser la gestion des déchets ménagers.
Les habitants se disent inquiets à cause des déchets qui s’entassent dans les caniveaux «Quand il pleut, ces déchets empêchent l’eau de couler. Et les eaux de ruissellement envahissent les rues », se lamentent des habitants du quartier Gituro.
Un habitant confie que les pollueurs ne sont pas inquiétés. « Difficile de les attraper, car la plupart le font tard dans la nuit », précise-t-il.
Dans la zone de Kinama, des bouteilles en plastique jonchent les rues et les caniveaux. Les eaux usées coulent dans les avenues. Des flaques d’eaux souillées stagnent dans les quartiers comme Muyinga à la 6e avenue et Muramvya à la 3e avenue.
Les ordures ménagères ne sont pas régulièrement enlevées. Des sacs remplis de déchets sont entassés pêle-mêle contre les clôtures des maisons. « Ces ordures sont là depuis bientôt deux mois. Les sociétés qui les enlevaient ne viennent plus », raconte une habitante. La puanteur gêne les habitants et les passants. «Notre santé est en danger », alertent-ils.
Un tour dans la commune de Mukaza
Dans la zone de Buyenzi, les déchets de toutes sortes sont versés dans les rues et dans les caniveaux. Des tas d’immondices sont éparpillés ici et là. Là aussi vers et mouches prolifèrent. La gestion de ces déchets est un casse-tête pour les habitants.
« Des mouches entrent dans nos maisons et se déposent sur nos ustensiles », déplorent les habitants rencontrés à la 1ère avenue Buyenzi. Ils craignent d’attraper les maladies des mains sales.
Cap sur la zone de Bwiza
Gestion des déchets reste problématique également dans cette zone. Quand il pleut, des déchets provenant des caniveaux débordent et envahissent les rues. Phénomène observable à la 9e avenue dans la zone de Bwiza. Certains habitants essayent, autant que faire se peut, de mettre les déchets ménagers dans des sacs. Mais ils ont du mal à trouver où les jeter. Ils se demandent où sont passées les sociétés chargées d’enlever les ordures « Je viens de passer un mois sans voir les collecteurs des ordures ménagères », s’indigne une habitante. Selon elle, l’entassement des ordures ménagères dans les ménages constitue une menace pour la santé des habitants. Elle demande à l’autorité municipale de trouver une solution durable pour la collecte et la gestion de ces ordures.
Quid du dépotoir de Buterere ?
Selon les riverains du site, le dépotoir a été momentanément fermé. Cette décharge publique est déjà saturée. La route qui longe ce dépotoir est difficilement praticable. Les pistes d’accès ont été envahies par les déchets. Des immondices jonchent le chemin qui donne accès à ce dépotoir. Des odeurs nauséabondes, des essaims de mouches bourdonnent et volètent partout.
On y voit de pauvres femmes et enfants, qui ramassent les restes de nourriture et d’autres objets jetés.
Cependant, malgré cette fermeture, les gens continuent à y jeter les déchets ménagers. D’autres dépotoirs improvisés se créent aux alentours du site. Des camions viennent souvent clandestinement pour y décharger les déchets n’importe comment. A notre arrivée, quatre camions sont en train de décharger les déchets. Les habitants demandent que ce dépotoir soit transféré ailleurs. « La situation devient insupportable en cas de pluies. Les sociétés chargées d’enlever les déchets font fi des mesures d’hygiène. Nous ne pouvons pas cohabiter avec un dépotoir », s’indignent-ils.
A quand un dépotoir remplissant les normes ?
Certains citadins interrogés demandent à l’autorité municipale d’aménager un dépotoir dans une localité inhabitée qui remplit les normes environnementales. «ll faut implanter un dépotoir loin des ménages» disent-ils.
N. E expert-environnementaliste abonde dans le même sens. Il déplore la mauvaise gestion des déchets. Dans certains endroits, ces déchets obstruent les canaux d’évacuation des eaux et propagent souvent des maladies. Selon lui, le site de Buterere n’est pas un espace approprié pour la décharge de tous les déchets provenant de la mairie de Bujumbura. Il recommande une gestion durable des déchets ménagers et une valorisation de ces derniers. «Il faut aménager un site pouvant permettre le tri, la transformation et le recyclage des déchets provenant des ménages de la mairie de Bujumbura».
Interrogé à propos de la reprise des activités des sociétés chargées de ramasser les ordures ménagères, Jimmy Hatungimana, maire de la ville, tranquillise « Nous demandons aux citadins d’être patients. Nous sommes à la phase de la passation des marchés et cela prend un peu de temps ».
La saleté est un indicateur absolu de la mauvaise gouvernance.
Tout est fait de travers au pays de Mwezi Gisabo.
Une pasteure célëbre au Burundi que je ne nomme l’a bien dit en usant de métaphore. Kurundarunda, Bararundarunda.
La gestion saine, la vision n’intéressent personne.
Pauvre Burundi
«Il faut aménager un site pouvant permettre le tri, la transformation et le recyclage des déchets provenant des ménages de la mairie de Bujumbura».
C’est la population qui devrait faire le tri (au niveau de chaque ménage) mais le ramassage reste de la responsabilité de la mairie.
Comment être patient quand vous êtes envahi par les immondices? Il fallait prévoir un service minimal de secours pendant ce temps de passation des marchés. Plus on laisse les déchets s’accumuler, plus cela va coûter cher en vies humaines (maladies) et en moyens financiers.
Pauvre Maire Jimmy Hatungimana : coincé entre les démolitions et les immondices d’ordures. La gestion moderne du pouvoir si ugusayangana gusa. Il y a des obligations aussi.