Des caniveaux bouchés, des immondices ici et là, manque d’eau et de latrines publiques, etc. L’assainissement laisse à désirer dans la ville de Bujumbura. L’électorat jette le tort aux élus qui n’ont pas tenu leurs promesses. Iwacu a fait le tour. Reportage.
Des endroits malsains s’observent partout dans la ville de Bujumbura. A certains endroits de la ville, en partant du sud jusqu’au nord de la capitale, enfants et vieillards se soulagent en plein jour sur la place publique.
Des excréments humains, imbibés d’urine jonchent la routé pavée passant près de l’Eglise catholique Saint-Michel. Certains murs des maisons, caniveaux ont été transformés en lieux d’aisance. Le manque de latrines publiques reste un casse-tête.
Aux endroits où se rencontrent beaucoup de personnes, notamment les marchés, les parkings, la salubrité laisse à désirer. Or, le manque d’accès à l’assainissement est un des facteurs les plus aggravants de la propagation des maladies des mains sales.
Au marché dit « Cotebu », une montagne d’immondices vous coupe la vue. Des saletés avec une odeur suffocante, des mouches grouillent de partout. Vendeurs et acheteurs des légumes et fruits pataugent dans la boue.
Certains citoyens ne cachent pas leur colère : « Nous avons toujours alerté nos élus et nos autorités. Mais ils font la sourde oreille.» Où vont les taxes que nous payons à la mairie ? Il faut que la mairie construise des toilettes publiques partout où se rencontrent beaucoup de personnes », se lamente Pascasie, une vendeuse de légumes. Et de recommander que l’usage de ces latrines soit gratuit.
« Nous ne voyons pas le rôle de nos élus dans l’assainissement de leur milieu. Leurs réalisations ne sont pas visibles sur le terrain alors qu’ils sont en fin de mandat», s’indignent certains commerçants au marché de Cotebu.
Même situation au nord de la capitale. Au marché de Kinama se trouve un dépotoir avec les poubelles en provenance des quartiers environnants. Des déchets enlevés des caniveaux jonchent différentes parcelles et avenues. Des tas de saleté se trouvent aussi aux marchés de Kamenge, Ngagara.
Un habitant du quartier Muyinga en zone urbaine de Kinama ne mâche pas ses mots : « Des déchets de toutes sortes jonchent le caniveau. On y trouve des sacs plastiques, des restes de nourriture, de la boue et des eaux nauséabondes.»
Il fait savoir que, lors de la dernière campagne, les élus avaient promis de rendre la ville de Bujumbura propre et prospère.
Un manque criant d’eau potable
Enfants et vieillards se plaignent du manque d’eau dans certains quartiers. Dans certains quartiers, la colère est immense à telle enseigne que les habitants restent sans voix pour exprimer leur désarroi.
« Avoir de l’eau potable est un casse-tête. Nous effectuons de longues distances à la recherche de l’eau. Un bidon de 20 litres se vend actuellement à plus de 500 BIF. Cela constitue un problème pour le petit paysan au faible revenu », s’indigne, Gérard, un habitant de Kiyange I, en zone urbaine de Buterere.
Les habitants de ce quartier se précipitent vers un robinet public à la recherche de l’eau potable. Dans cette localité, un seul robinet public pour plus de 50 mille ménages. Il faut jouer des coudes pour arriver à avoir au moins un bidon rempli. La plupart utilise l’eau impropre de la rivière Mutimbuzi.
« Et pourtant, nos élus avaient promis d’alimenter notre quartier en eau potable », s’indigne un conducteur de taxi-vélo. Il en appelle à la responsabilité de ces élus.
Qu’en est-il du curage des caniveaux ?
Le curage des caniveaux est un des problèmes majeurs de l’assainissement de la ville de Bujumbura. Le constat est amer. La plupart des caniveaux drainent les eaux usées des quartiers. La plupart de ces caniveaux sont bouchés par des déchets de toutes sortes. Cette situation crée beaucoup de nuisance aux populations. Ces dernières estiment que les structures chargées du curage de ces caniveaux sont parfois défaillants. « Les pouvoirs publics devraient prendre le problème à bras-le-corps », alerte un habitant de la zone urbaine de Kamenge, tout en indexant les élus : « Ils nous avaient promis monts et merveilles. Qu’ils retournent voir la situation.»
J.N., rencontré au quartier Muyinga, recommande la mise en place d’une politique claire de collecte de ces déchets. Et de prévenir : « Si rien n’est fait dans l’immédiat, la population reste exposée au risque de maladie comme la malaria, la diarrhée ou le choléra.»
Dans certains quartiers, les citadins s’organisent pendant les travaux communautaires pour le curage. Les résultats sont généralement négatifs. Après leur activité de curage, ils partent laissant les boues et eaux usées sur le bord des fossés et celles-ci redescendent encore dans les caniveaux. Et de déplorer l’inaction des services de la mairie en charge de l’assainissement.
Des lamentations fondées, mais……
Interrogé sur les reproches de l’électorat, un des membres du conseil communal de Ntahangwa fait savoir que l’assainissement de la capitale économique exige des moyens colossaux. « Nous allons continuer à plaider auprès des partenaires techniques et financiers ».
Quant aux promesses non tenues, cet élu communal indique que les doléances de la population ont toujours été acheminées à qui de droit. « On ne bâtit pas une ville en un jour ». Toutefois, il reconnaît que l’assainissement de la ville incombe, au premier chef, aux autorités municipales.
B.N., un élu dans la commune de Mukaza, affirme que les élus sont redevables devant la population. Mais il épingle les services de l’Urbanisme qui n’accomplissent pas convenablement leur rôle. « Nous voyons ici et là des constructions anarchiques dans des endroits non viabilisés. Et l’insalubrité s’observe dans ces endroits ». Cet élu promet de plaider pour son électorat.