Des actes de banditisme s’observent de plus en plus dans la capitale Bujumbura. La police est accusée d’inaction. Son porte-parole promet une solution. Iwacu a fait le tour de quelques communes urbaines. Les témoignages font froid dans le dos.
<doc4321|left>Très remonté, M.G., un habitant du quartier Jabe en commune urbaine de Bwiza confie : « Le banditisme observé, ces derniers jours, dépasse l’entendement. Il y a quatre jours, trois bandits ont giflée une dame vers 19 heures avant de lui prendre son sac à main sur l’avenue de la Jeunesse.»
Résultat : les gens n’arrivent plus à acheter quoi que ce soit dans les boutiques du quartier car elles ferment toutes avant 21 heures. Ce qui est confirmé par un boutiquier de la place qui indique fermer sa boutique très tôt de peur d’être volé : « Comment comprendre par exemple que des gens attaquent une boutique alors qu’il y a une position policière tout près. » Pour lui, cela démontre que la police ne fait pas suffisamment son travail. Peut-être faute de moyens.
Des vols même le jour
Ailleurs comme en commune urbaine de Kinindo, ces actes de banditisme se passent parfois le jour. Une source rencontrée sur place atteste sous anonymat que des ressortissants occidentaux ont été attaqués par des bandits à mains armées le 18 et le 19 mai 2012. « Ces bandits ont pris de l’argent avant de prendre le large », indique-t-elle.
A Ngagara, les habitants, surtout les femmes, n’osent plus circuler librement, à partir de 18 heures à cause des bandits à mains armées qui y sévissent. Des sources sur place indiquent que les femmes sont souvent victimes de ces malfaiteurs qui leur prennent tous leurs bijoux. D.H., une habitante du quartier 2, confie qu’elle est tombée sur eux, alors qu’elle venait du travail. Ils lui ont intimé l’ordre d’enlever tous ses bijoux. Ce qui lui a fait le plus peur, c’est l’absence de secours malgré ses cris.
A Bwiza, les avenues 9 et 10 sont citées comme les plus dangereuses pendant la nuit. G.K., un serveur dans un cabaret, confie : « Personne n’ose plus circuler, à partir de 23 heures, de peur de tomber sur des bandes de jeunes qui vandalisent les gens. » Pour lui, ce climat ne favorise pas les affaires car les clients craignent de rester longtemps dans un cabaret.
Les victimes doivent porter plainte et charger leurs bourreaux
Le même phénomène s’observe en commune urbaine de Kamenge où des passants se font attaquer par des groupes de « catcheurs » au-delà de 23 heures. P.M., un fonctionnaire, se rappelle : « Je venais de raccompagner des amis quand quatre personnes m’ont immobilisé. Ils m’ont tabassé avant de me prendre mon téléphone portable et un peu d’argent. J’ai repris connaissance, une demi-heure plus tard. »
Des administratifs à la base affirment être au courant de ce phénomène, mais ils estiment que ce travail incombe à tous. « Nous avons mis en place des comités de sécurité pour surveiller tout mouvement suspect aux heures du soir », déclare un chef de quartier qui a requis l’anonymat.
Même son de cloche chez Aubin, le chef de poste de la police à Kamenge. D’après lui, ces bandits sont souvent des gens désœuvrés qui guettent les mouvements des gens avant de les dépouiller. C’est pourquoi, estime-t-il, les gens doivent dénoncer tout mouvement suspect à la police.
Par ailleurs, il exhorte les gens à porter plainte, chaque fois qu’ils sont victimes de vol. « Nous appréhendons souvent ces malfaiteurs, mais par manque de témoins pour les charger, ils sont souvent libérés par un juge », déplore-t-il.