En l’espace de trois heures, ce mercredi 29 décembre, le stade Intwari est devenu un véritable déversoir. Des journalistes, de nombreux citoyens ont défilé devant le chef de l’Exécutif burundais venu les écouter.
La file d’attente était longue comme les litanies adressées directement à ’’Sebarundi’’, le ’’Père de la Nation’’. Un homme a volé la vedette à tout le monde par ses pleurs.
Des larmes l’ont trahi avant de finir son exposé sur son histoire. Il se disait avoir été dépossédé de tous ses biens dans une affaire de divorce et clamait haut et fort d’être « victime du système judiciaire » burundais et a accusé nommément l’ex-ministre de la Justice, en même temps ex-procureur de la République près la Cour d’appel de Gitega.
Dans la foulée, son intervention a fait le buzz sur les réseaux sociaux. Certains se sont moqués de ses larmes, rappelant que les larmes d’un véritable homme « coulent à l’intérieur ». D’autres ont mis en doute la véracité de son récit…
Et il n’a pas été le seul à tirer à boulets rouges sur le système judiciaire burundais, à part les journalistes, tout le reste criait à l’injustice, aux abus subis.
Le chef de l’Etat a partagé sa vision de la justice, promettant plus de célérité dans le traitement des dossiers et l’exécution des jugements rendus : « Que chaque dossier judiciaire soit clôturé dans moins de trois mois et que les jugements soient rendus même dans deux semaines.»
Une autre promesse saluée : recouvrer une partie de l’argent perdu dans le scandale des deux projets de construction de barrages de Mpanda et Kajeke. Il avait juré de suivre de près ces dossiers. Attendons la suite.
Un autre engagement du chef de l’Etat a été bien accueilli : la traque des agents véreux qui torturent à mort et font disparaître certains détenus. Sur le travail de la CVR et son rapport d’étape, le président a demandé « d’éviter la globalisation et de dépassionner le débat sur la crise de 1972 ».
Les trois heures imparties à cette conférence publique n’ont pas suffi : il y a des questions qui n’ont pas eu de réponse comme l’ouverture de la frontière avec le Rwanda et la présence de troupes burundaises à l’est de la RDC pour traquer les groupes rebelles hostiles à Gitega.
Un constat unanime : les Burundais apprécient ces rencontres avec le chef de l’Etat, une personnalité très ouverte, accessible, à l’écoute. Néanmoins, tous souhaitent plus d’action de la part du président Ndayishimiye.
A la fin, l’assistance a applaudi des deux mains. Mais il y en a qui, visiblement dubitatifs, ont applaudi du bout des doigts comme pour dire, « maintenant que vous nous avez écoutés… »
Il reste joindre la parole à l’acte. Wait and see!