Importé du Kenya, le macadamia est de plus en plus cultivé à Kayanza et à Ngozi. Double vertu : une source de revenus et un médicament pour la population. Elle réclame la multiplication des semences.
Mis de côté les cultures vivrières telles la pomme de terre, la banane, les céréales, etc, Kayanza est également réputée être une terre propice aux cultures d’exportations, telles le café, le thé. Aujourd’hui, il faut compter avec le macadamia. Semblable physiquement aux goyaviers, aux manguiers, cette plante s’y développe, depuis quelques années.
Malgré leur réticence lors de sa première introduction par le gouvernement, dorénavant, les agriculteurs affichent un engouement pour cette culture. « En 2005, le gouvernement a distribué gratuitement ses semences. Au départ, beaucoup de gens n’ont pas été emballés.
Paradoxalement, ceux qui l’ont planté, engrangent d’énormes bénéfices aujourd’hui », témoigne Simon Nyabenda, un cultivateur de Kabuye. Une observation partagée par Damien, un cultivateur : « A cette époque, moi, j’ai pris seulement dix plants. Et je les ai plantés dans ma propriété.
Depuis, c’est une aubaine .Parce que le prix d’1 kg oscille entre 2500BIF et 3000BIF».Avec une production annuelle estimée à 35 kg, il confie que les noix de macadamia font désormais partie du repas de sa famille. Et ce, sous diverses formes: « « Après les avoir dépulpées et séchées, on les consomme comme des arachides grillées. Sous forme de farine, on l’utilise comme condiment. La gamme est variée.»
Selon lui, cette plante est moins exigeante et cohabite bien avec les autres cultures. Côté financier, les recettes dépassent largement celles du café. Alors que le prix d’1kg de café cerise dépasse rarement 600BIF, Joseph se targue qu’avec ses trois arbustes de macadamia, il peut gagner au moins 500 mille BIF. La récolte se faisant trois fois par an contrairement au café.
Une lente diffusion
Casimir Nyandwi est un arboriculteur de la colline et zone Kabuye, province Kayanza. Il a commencé à cultiver le macadamia depuis 1982. Dans cette localité, peu de gens ont suivi son exemple à cette époque : « En fait, les cultivateurs n’y voyaient aucun intérêt suite à l’absence d’acheteurs ou d’usines de transformation. » Il reconnaît néanmoins que les semences étaient chères. Car, motive-t-il, il les achetait à 8000BIF par unité.
Aujourd’hui, il compte une vingtaine de macadamia à Kabuye et 500 autres sur la colline Nyange, commune Busiga, province Ngozi. Pour un seul pied de macadamia bien entretenu, la production annuelle oscille autour de 100 kg.
Très attaché à cette culture, M. Nyandwi investit actuellement dans la production des semences. « J’ai au moins 1000 plants prêts à être repiqués. Le prix unitaire étant fixé à 5000BIF ».
A Ngozi, l’engouement pour cette culture va aussi croissant. En commune Mwumba, Kamwenubusa indique que cette plante lui permet de subvenir à ses besoins. Or, il ne compte que six pieds de macadamia dans sa propriété. « Beaucoup de gens viennent actuellement de Bujumbura pour chercher les noix de macadamia ».
Quant à Nduwimana, de Buye, il apprécie les qualités de macadamia. Ce jeune lauréat des Humanités générales affirme que les dérives de cette plante ont des vertus médicinales.
Que ça soit à Ngozi, ou Kayanza, tout le monde demande à l’Institut des sciences agronomiques du Burundi (Isabu) de multiplier les plants.
« En tout cas, une fois développée, cette culture permettra aux cultivateurs de diversifier les sources de revenus et à l’Etat d’avoir des entrées monétaires », analyse M. Nyandwi. Et de proposer, en outre, l’installation d’une usine de transformation dans l’avenir.
Une préoccupation du gouvernement
« L’Etat est conscient de l’intérêt de développer cette culture d’exportation », rassure Dieudonné Hakizimana, chercheur à l’Isabu. Il signale que la première distribution des plants chez les agriculteurs pilotes a eu lieu en 2007. Cet Institut avait élaboré des plans stratégiques de développement de cette culture. Etablis sur une période de dix ans, ils prévoyaient la mise à la disposition des agriculteurs de plus de deux millions de plants. D’après M. Hakizimana, ces plans proposent en outre l’installation de deux usines de transformation et la mise en place d’une structure de développement de cette plante. Et d’ajouter qu’un plan stratégique pour le développement d’une filière macadamia au Burundi (2008-2023) existe déjà.
Une stratégie qui, malheureusement, n’a pas été mise en œuvre comme proposée. « Bien que le gouvernement ait fait des efforts en 2014-2015 avec la distribution des plants à Kayanza et Ngozi, le nombre reste insuffisant. Avec une seule pépinière installée à Murongwe, commune Mutaho, province Gitega, on est autour de 50 mille plants seulement.»
M. Hakizimana assure cependant que malgré les gros moyens exigés, l’Isabu et le gouvernement tiennent à cette nouvelle culture d’exportation.